Ceux qui suivent le catch à la télévision ont l'habitude de lire un message de prévention qui précède les retransmissions: «Surtout, ne faites pas ça chez vous.» Les sportifs d'autres disciplines devront-ils eux aussi avertir leur public des risques potentiels de leur pratique? C'est la question que pose la mésaventure vécue par Tom Pidcock cette semaine.
Le Britannique de 23 ans est un as du vélo. Il est aussi à l'aise sur deux roues que le commun des mortels sur deux jambes. Champion olympique de VTT, champion du monde de cyclo-cross et vainqueur d'étape sur le Tour de France, Tom Pidcock sait tout faire; même rouler à tombeau ouvert dans une descente. Il l'a prouvé cette semaine en diffusant une vidéo dans laquelle on voit le frêle coureur tailler des courbes de dingue sur les rampes du «Tuna Canyon» à Los Angeles.
La plupart des 700 000 internautes qui ont regardé la séquence ont été impressionnés par les compétences du Britannique. Certains ont qualifié la vidéo d'art, de parfaite ou encore de captivante. Les spécialistes savaient déjà ce dont le coureur de la formation Ineos Grenadiers est capable lorsque la pente décline: c'est en basculant de la Croix de Fer à plus de 100 km/h l'été dernier que Pidcock avait remporté son premier (et jusque-là seul) succès sur le Tour de France.
Cette semaine pourtant, le coureur a été pris à partie par des spectateurs qui, au lieu de se concentrer sur le talent affiché par le jeune champion dans sa courte vidéo, ont préféré souligner les risques encourus par sa démonstration. Tom Pidcock a donc dû intervenir sur les réseaux sociaux (cette fois Instagram) pour se défendre.
Le site spécialisé Cyclingnews a décrit la fameuse descente comme un long lacet de 4,4 km, avec 390 mètres de dénivelé à une pente moyenne de -9,75 %. Au total, ce sont pas moins de 65 virages de gravité variable que le Britannique a enchaînés avec une maîtrise rare. Personne ne songerait à se lancer aussi vite sur une route aussi dangereuse, mais au cas où des juniors en manifesteraient l'envie, Pidcock, pressé par des parents inquiets, a tenu à les décourager.
Tout l'enjeu tient dans ce message à double sens: prévenir (un peu), mais surtout motiver (beaucoup) afin de ne pas décourager les vocations. Le reste est du ressort de la responsabilité individuelle. Les sportifs, rappelons-le, ne sont pas responsables des comportements de la planète entière, et c'est parce que la plupart d'entre nous sommes encore capables de faire la différence entre la démonstration d'un champion, et ce dont nous serions capables à sa place, que les alpinistes font toujours des documentaires sur les ascensions de l'Everest.