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La Coupe de Suisse est un casse-tête logistique pour les petits clubs

Coupe de Suisse Saint-Prex Servette stade
Cette plate-forme, construite à Saint-Prex pour l'occasion, doit servir aux équipes de télévision qui retransmettront la 32e finale de Coupe de Suisse entre le club vaudois et Servette.Image: DR

La Coupe de Suisse, un casse-tête logistique pour les petits clubs

Les amateurs qui ont la «chance» de recevoir des cadors de Super League en Coupe de Suisse doivent se plier à des contraintes inimaginables et hors de prix (un match coûte environ 60 000 francs). Exemple avec Saint-Prex, qui accueille Servette dimanche.
13.08.2021, 18:4415.08.2021, 09:23
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Quand ils ont appris qu'ils allaient recevoir Servette en 32e de finale de la Coupe de Suisse, les dirigeants de Saint-Prex (5900 habitants) ont sauté de joie. Cinq semaines ont passé, et ce n'est plus vraiment la même ambiance sur la Côte.

«Ça fait 2-3 semaines que je me dis: Purée, jamais je n'aurais pensé que l'organisation d'un tel évènement serait aussi lourde»
Bernard Brodard, président de l'Amical Saint-Prex

Le Vaudois est assis sur l'un des deux bancs de touche. En face, trois ouvriers finissent d'assembler une plate-forme de 25m, destinée aux médias et VIP. Derrière lui, des bénévoles réceptionnent des frigos et des fûts de bière. Partout, ça visse, ça grince et ça bourdonne. C'est le chantier.

Le petit stade de Marcy ressemblera dimanche (coup d'envoi à 15h) à ces villages du sud de la France qui, aux beaux jours, voient leur affluence exploser. L'Amical Saint-Prex (2e ligue inter) rassemble en moyenne 200 personnes en championnat contre Collex-Bossy ou Genolier-Begnins; ils seront huit fois plus pour la venue de Servette, un club au palmarès prestigieux, qui fédère à travers toute la Suisse.

Le décor est champêtre

Le téléphone de M. Brodard ne cesse de sonner. Lorsqu'un problème est résolu, deux autres surgissent. Les bénévoles ont dégoté une machine à glaçons; il faut désormais trouver une prise de terre, afin de la brancher sans faire sauter les plombs. Casse-tête permanent, que le président nous explique en nous invitant à faire le tour du stade avec lui.

La galère des parkings

Ce qui frappe d'entrée, c'est le peu de dégagement autour du stade. Concrètement: le site est conçu pour recevoir quelques centaines de personnes, mais pas davantage.

Le petit parking du stade de Marcy
Le petit parking du stade de MarcyImage: DR

Or, pour une 32e finale de Coupe de Suisse, au moins 600 places de parc doivent être disponibles. Où les trouver? «Nous avons réquisitionné plusieurs parkings du village. L'entreprise Fischer Connectors nous met gracieusement le sien à disposition. Et puis, on utilisera aussi un champ derrière un but.»

Débrouille et contacts

Le bricolage est permanent. C'est de la débrouille et des contacts. Par chance, Bernard Brodard est architecte. Il connaît du monde dans le bâtiment. Les copains sont venus donner un coup de main. «Tous les échafaudages m'ont été prêtés et ont été installés par des amis», glisse-t-il, reconnaissant.

Les deux vies du «prési»

M. Brodard a été joueur de football professionnel, avant de devenir architecte et président de l'Amical Saint-Prex.
M. Brodard a été joueur de football professionnel, avant de devenir architecte et président de l'Amical Saint-Prex.Image: DR

Une terrasse pour la télévision

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Image: DR

L'installation provisoire la plus imposante est cette plate-forme, située en surplomb du terrain.

«La télévision nous a dit: il nous faut ceci, il nous faut cela. J'espère qu'on a pu répondre à leurs demandes. C'est assez extraordinaire comme truc.»
Bernard Brodard

En grimpant sur la structure, le président a un doute: la barrière de sécurité, telle qu'elle est fixée, empêche la caméra de balayer l'ensemble du terrain. Faut-il retirer la sécurité, au risque de mettre en danger les équipes de télévision? Nouvelle prise de tête et coup de fil à Genève pour se renseigner sur les exigences des médias.

Ce n'est pas mieux au pied de la tour. Il n'y a guère de place entre la ligne de touche et la rambarde («ce n'est pas le Camp Nou», se marre le dirigeant) pour y installer une caméra, comme demandé par les diffuseurs. Il faut donc modifier l'installation et dévisser le portail.

Du grillage à gogo

Derrière les deux buts, on distingue une pile de grillages destinés à fermer le site.

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Car le stade de Marcy est, comme tous les stades de village, un endroit semi-ouvert, au sein duquel les habitants peuvent circuler librement. Or, impossible d'approcher du terrain dimanche sans avoir un billet (et un pass sanitaire). Les dirigeants doivent donc grillager le site et imaginer trois points d'entrée, respectivement de contrôle. «Nous allons mettre en place des couloirs de 3m sur 10, afin de procéder aux formalités d'entrée.»

Sécuriser la «zone 1»

Le tour du stade se termine par le chemin qui mène au vestiaire. D'ordinaire, à Saint-Prex, c'est l'endroit où les fans donnent une petite tape amicale sur le dos de leurs potes en leur souhaitant bonne chance. Mais en Coupe de Suisse, cette zone est sacrée. On l'appelle la «zone 1».

En temps normal, un petit chemin de goudron; en Coupe de Suisse, une zone militarisée.
En temps normal, un petit chemin de goudron; en Coupe de Suisse, une zone militarisée.Image: DR

Au même titre que le vestiaire et le terrain, le chemin entre les deux n'est accessible qu'à un contingent limité de personnes, dûment enregistrées auprès de l'ASF. Saint-Prex doit donc l'interdire aux spectateurs. Comment? Avec de nouvelles barrières, réquisitionnées pour l'occasion, et qui seront déployées avant le coup d'envoi, à la mi-temps et à la fin du match.

«Un extincteur par grill»

Il y a enfin les aménagements visibles et tous ceux qu'on ne voit pas:

  • La billetterie électronique: chaque club doit offrir la possibilité aux spectateurs d'acheter leur billet sur internet. Saint-Prex a trouvé un arrangement: il a accepté que Servette choisisse la couleur de son maillot (ce sera du orange) en échange des frais de billetterie, qui seront donc assumés par le pensionnaire de Super League.
  • La paperasse: un tel évènement est soumis à de multiples recommandations émanant de l'Association suisse de football, des autorités cantonales, des pompiers (un extincteur par grill, c'est la règle), de la police, des entreprises de sécurité, etc. «Je ne pensais pas que c'était aussi contraignant», résume M. Brodard.
  • Les arbitres: ils sont à la charge du club recevant. Saint-Prex devra donc s'acquitter des 4250 francs règlementaires pour solliciter les services du quatuor arbitral.

On vous passe les exigences de l'ASF sur les panneaux publicitaires autour du stade, sur la dénomination «Coupe Suisse» qui doit être absolument respectée sur toutes les affiches (on ne dit pas «Coupe de Suisse») ou encore sur l'emplacement exact des sponsors sur les maillots.

Avec tout ça, il faut espérer que Saint-Prex n'encaisse pas trop de buts sur le terrain et un maximum d'argent en coulisses. «Le budget d'une telle rencontre se situe entre 50 et 60 000 francs, estime le président vaudois. On ne vise aucun bénéfice. On espère simplement amortir les dépenses grâce notamment aux buvettes, au sponsoring et à la billetterie.» Servette a promis de participer, en prenant en charge une partie des frais liés à la sécurité et peut-être à l'arbitrage.

Un geste que le club grenat n'était pas tenu de faire et qui témoigne des menaces qui planent sur les petites équipes dans ce genre d'évènements, pourtant souvent présentés comme de formidables opportunités pour les amateurs.

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