Après Xherdan Shaqiri à la mi-novembre 2021 et Granit Xhaka il y a six mois, c'est au tour de Ricardo Rodriguez de devenir le troisième membre du cercle actuel de l'équipe nationale à disputer son 100e match. Le latéral gauche vivra cet honneur ce mardi en Ligue des nations contre la République tchèque.
Le club actuel des centenaires:
«Ce jubilé signifie beaucoup pour moi. Je suis là depuis longtemps. Je suis très heureux et fier d'atteindre les 100 matches», a déclaré Rodriguez lundi après-midi, lors de la conférence de presse précédant la rencontre capitale face aux Tchèques.
Rodriguez est toujours mal à l'aise de parler en public. Même à 30 ans, il préfère rester en arrière-plan et s'exprimer sur la pelouse. Cela a toujours été ainsi, depuis ses débuts le 7 octobre 2011 sous la direction d'Ottmar Hitzfeld, en phase finale du match de qualification pour l'Euro contre le Pays de Galles.
Le jeune homme, alors âgé de 19 ans, était considéré comme un immense talent. Il charmait les dirigeants du FC Zurich comme il l'avait fait avec ses coéquipiers des M17 suisses, une équipe avec laquelle il était devenu champion du monde deux ans plus tôt. Ce titre lui avait immédiatement permis de sauter la sélection des moins de 21 ans pour s'imposer en équipe A, où il est aujourd'hui encore un titulaire indiscutable.
Par la suite, Reto Ziegler n'est entré en jeu en tant qu'arrière gauche que lors de matchs amicaux, et plus tard, François Moubandje, Loris Benito, Jordan Lotomba ou Ulisses Garcia n'ont jamais réussi à déboulonner le titulaire du poste. Rodriguez a disputé toutes les grandes compétitions, se montrant à la fois fiable et fidèle.
Comme il n'a presque jamais été blessé durant cette période, il n'a été absent des phases finales qu'il y a un peu plus d'un an, en fin de match contre la France. La Suisse poussait pour égaliser en 8e de finale et Rodriguez avait laissé sa place à Mehmedi pour les dernières minutes de jeu, puis les prolongations.
Lors de ce tournoi, Vladimir Petkovic avait modifié son dispositif. L'ancien entraîneur de l'équipe nationale avait placé Rodriguez dans l'axe, parmi les trois défenseurs centraux. Le défenseur gauche en était finalement ressorti grandi.
Auparavant, le latéral n'avait pas réussi à masquer des lacunes évidentes dans la ligne de quatre. Il semblait lent, n'était plus à la hauteur, avait dépassé son zénith, ne suffisait plus en quelque sorte. Mais il s'est repris. «J'ai commencé derrière à gauche, puis j'ai évolué pendant un certain temps au milieu, et maintenant, je suis de nouveau à gauche. Je peux jouer aux deux places. Mon but, c'est toujours d'être au top.» Bien sûr, Rodriguez a aussi connu des années difficiles au cours de sa carrière, mais il faut les chercher en club et non en équipe nationale.
Malgré son départ précoce de Zurich pour le VfL Wolfsburg, tout s'est majoritairement bien passé pour lui avec le club de Bundesliga. Plus tard, l'AC Milan a connu des problèmes soudains qui ont précipité son prêt au PSV Eindhoven et, finalement, son transfert au Torino au début de l'automne 2020. Là-bas, Rodriguez s'est accroché après une première saison difficile, et lors de la troisième, il n'est plus seulement titulaire: depuis le départ d'Andrea Belotti cet été, il est aussi le capitaine de l'entraîneur Ivan Juric.
En fait, la recette du succès est très simple. Rodriguez doit se sentir à l'aise dans une équipe et être utilisé par l'entraîneur. C'est ce que dit Murat Yakin: «C'est bien que Ricci ait fait son chemin et qu'il soit ici maintenant. C'est aussi grâce à lui que la Nati a connu tant de succès durant toutes ces années.»
Rodriguez n'a jamais été un fanfaron, il se fait plutôt remarquer par son professionnalisme, sa solidité, son travail et sa nature impassible. Comme quelqu'un qui joue sa partition avec talent et en toute tranquillité. C'est à prendre au sens positif du terme. «Pour moi, il est irremplaçable», affirme d'ailleurs Murat Yakin, au sujet de ce footballeur précieux et solide; le genre de joueur que tous les entraîneurs rêvent d'avoir dans leur équipe.