L'Atalanta Bergame a été fondé en 1907, mais il faut remonter très loin dans l'histoire pour trouver la trace de ses origines, puisque le club lombard doit son nom à Atalante, héroïne de la mythologie grecque abandonnée par son père. La déesse trône d'ailleurs fièrement au centre du logo.
Comme elle, le club italien nourrit sa légende à force de volonté et de détermination. L'Atalanta, c'est la fierté de la ville lombarde, comme nous l'explique Serse Pedretti, responsable «merchandising» au FC Sion, équipementier officiel de plusieurs clubs amateurs romands et originaire de Bergame:
Cette popularité, elle s'expliquerait notamment au travers du caractère social de ces habitants, fiers et travailleurs. C'est le constat fait par Serse Pedretti, qui est aussi un ancien membre de la «Brigata Nerazzurri», premier groupe Ultras bergamesque: «Bergame est une ville riche oui, mais c'est également une ville solidaire et travailleuse. Il y a beaucoup de petits entrepreneurs qui ont réussi dans la vie après des années de sacrifices. On connaît la valeur du travail ici et on est fiers de notre ville. D'ailleurs, le dialecte régional est plus utilisé que l'italien à Bergame».
Cette solidarité se traduit également dans les actions sociales des Ultras de la ville, les membres de la «Curva Nord». Ces derniers s'étaient illustrés lors de la première vague de Covid qui avait sévèrement touché Bergame.
Serse Pedretti connaît bien ces supporters, lui qui a traversé l'Italie en long et en large avec eux pour suivre son Atalanta, de la Série C à la Série A:
La Curva Nord de l'Atalanta reverse le remboursement des billets du 8e de finale retour de Champions League à l'hôpital de Bergame : https://t.co/v1fB4qxlZW pic.twitter.com/y7NINvGX7g
— Calciomio 🏆🇮🇹 (@calciomio) March 10, 2020
L'ambiance à Bergame est d'ailleurs particulièrement chaude. L'ex-international helvétique Michel Morganella, qui joue pour Chiasso actuellement, a affronté l'Atalanta lors de son passage à Palerme. Il raconte:
A l'heure où le football vit de plus en plus pour les résultats, les supporters de l'Atalanta s'en détacheraient. Même en Série C, les «Nerazzurri» jouaient devant plus de 20 000 personnes. Serse faisait parti de ces irréductibles: «Ici, on ne supporte pas l'Atalanta pour les résultats, on veut que les joueurs mouillent le maillot. Quand on est descendu en Série B, tout le stade avait applaudi les joueurs en sortant car on était conscients qu'ils avaient tout donné sur le terrain. C'est dingue, non?».
Pourtant, la progression du club ces dernières années pourrait nous faire penser à un changement de mentalité. Depuis plusieurs saisons, l'Atalanta est devenue une valeur sûre du championnat italien. Elle s'est même habituée à disputer la Ligue des champions. Très peu d'importance selon Serse:
Mais comment expliquer une telle progression sportive ces dernières années?
Troisièmes des trois derniers championnats, les Bergamesques étaient plutôt habitués au fond du classement auparavant. Selon Serse Pedretti, c'est le contexte de la ville qui a permis de mettre en place un projet ambitieux: «Ici, tu n'as pas la pression du résultat comme à Naples ou à Marseille par exemple. On veut juste que les joueurs donnent tout. Le coach a d'ailleurs commencé avec quatre défaites, sans être inquiété».
Le coach, c'est Gian Piero Gasperini. Arrivé en 2016, il a transformé l'Atalanta. Son bilan est impressionnant: 104 victoires, 49 nuls et 47 défaites. Ancien joueur professionnel, passé notamment par la Juventus, le coach de 63 ans a démarré sa carrière d'entraineur également à Turin, chez les jeunes, avant d'enchainer avec un tour d'Italie passant par Crotone, Palerme et Genoa.
Adepte des défenses à trois, il est décrit comme un entraineur au style offensif.
L'Atalanta pratique par ailleurs un football très agréable depuis son arrivée. Avant Bergame, Gasperini avait entrainé Palerme où évoluait un certain Michel Morganella:
Le succès de Gasperini et du club porte également la marque du directeur sportif, Gabriele Zamagna. L'Atalanta s'est distinguée ces dernières années par un excellent recrutement qui a débouché sur de très belles ventes. En voici quelques-unes:
Atalanta signed Dejan Kulusevski for €165,000; sold him for €35m.
— Zach Lowy (@ZachLowy) January 2, 2020
They signed Franck Kessié for €1.5m; sold him for €32m.
They signed Bryan Cristante for €5m; sold him for €30m.
Giovanni Sartori and Gabriele Zamagna are playing chess while other directors play checkers.
Les reventes ont permis également au club d'investir dans l'achat de joueurs expérimentés comme Duvan Zapata, Luis Muriel ou encore Mario Pasalic.
Toutes ces ventes, tous ces achats, sont réfléchis. Ils font partie d'une stratégie claire comme l'expliquait le directeur technique du club, Giovanni Sartori, à Eurosport en 2020:
Serse Pedretti a acheté 30 billets pour lui et ses amis. Ils étaient 1500 à Manchester et seront certainement tout autant mardi soir au Wankdorf. YB est prévenu, le peuple bergamesque sera présent et il attendra de ses joueurs qu'ils mouillent le maillot, pour leurs valeurs, pour leur ville mais également pour une qualification en huitièmes de finale.