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L'Atalanta, une équipe fière et travailleuse comme son peuple

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L'Atalanta, une équipe fière et travailleuse comme son peuple

Ce mardi soir, YB accueille l'Atalanta Bergame. Un match qui ressemble à celui de la dernière chance pour les Bernois en Ligue des champions. La tâche ne sera pas facile face à un club qui ne cesse de grandir et qui jouit d'un soutien populaire rare.
23.11.2021, 18:1823.11.2021, 18:30
Jonathan Amorim
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L'Atalanta Bergame a été fondé en 1907, mais il faut remonter très loin dans l'histoire pour trouver la trace de ses origines, puisque le club lombard doit son nom à Atalante, héroïne de la mythologie grecque abandonnée par son père. La déesse trône d'ailleurs fièrement au centre du logo.

La déesse Atalante représentée à gauche en statue au musée du Vatican et sur le logo du club à droite.
La déesse Atalante représentée à gauche en statue au musée du Vatican et sur le logo du club à droite.

Comme elle, le club italien nourrit sa légende à force de volonté et de détermination. L'Atalanta, c'est la fierté de la ville lombarde, comme nous l'explique Serse Pedretti, responsable «merchandising» au FC Sion, équipementier officiel de plusieurs clubs amateurs romands et originaire de Bergame:

«L'Atalanta, c'est ma vie. Elle passe avant mon travail, avant tout. C'est un style de vie en fait et c'est très particulier à Bergame. Ici on ne dit pas "je vais au stade", on dit "je vais à l'Atalanta". La ville vit au travers de son club de football. Que ce soit lors des repas de famille le dimanche ou dans les cafés de la ville, tout le monde parle de l'Atalanta»

Cette popularité, elle s'expliquerait notamment au travers du caractère social de ces habitants, fiers et travailleurs. C'est le constat fait par Serse Pedretti, qui est aussi un ancien membre de la «Brigata Nerazzurri», premier groupe Ultras bergamesque: «Bergame est une ville riche oui, mais c'est également une ville solidaire et travailleuse. Il y a beaucoup de petits entrepreneurs qui ont réussi dans la vie après des années de sacrifices. On connaît la valeur du travail ici et on est fiers de notre ville. D'ailleurs, le dialecte régional est plus utilisé que l'italien à Bergame».

Serse, ici devant ses écharpes, est également un entrepreneur travailleur et passionné.
Serse, ici devant ses écharpes, est également un entrepreneur travailleur et passionné.

Cette solidarité se traduit également dans les actions sociales des Ultras de la ville, les membres de la «Curva Nord». Ces derniers s'étaient illustrés lors de la première vague de Covid qui avait sévèrement touché Bergame.

Serse Pedretti connaît bien ces supporters, lui qui a traversé l'Italie en long et en large avec eux pour suivre son Atalanta, de la Série C à la Série A:

«La Curva a un rôle social très important à Bergame. Elle sort des jeunes de la rue et participe à beaucoup d'actions. Elle avait d'ailleurs aidé les habitants de l'Aquila après le tremblement de terre en récoltant plus de 15 000 euros»

L'ambiance à Bergame est d'ailleurs particulièrement chaude. L'ex-international helvétique Michel Morganella, qui joue pour Chiasso actuellement, a affronté l'Atalanta lors de son passage à Palerme. Il raconte:

«C'était particulier de jouer à Bergame. C'était toujours très chaud. C'est une place bouillante du foot italien»
Michel Morganella, ancien joueur de Palerme

«On veut qu'ils mouillent le maillot»

A l'heure où le football vit de plus en plus pour les résultats, les supporters de l'Atalanta s'en détacheraient. Même en Série C, les «Nerazzurri» jouaient devant plus de 20 000 personnes. Serse faisait parti de ces irréductibles: «Ici, on ne supporte pas l'Atalanta pour les résultats, on veut que les joueurs mouillent le maillot. Quand on est descendu en Série B, tout le stade avait applaudi les joueurs en sortant car on était conscients qu'ils avaient tout donné sur le terrain. C'est dingue, non?».

La magnifique «Curva» bergamesque.
La magnifique «Curva» bergamesque.keystone

Pourtant, la progression du club ces dernières années pourrait nous faire penser à un changement de mentalité. Depuis plusieurs saisons, l'Atalanta est devenue une valeur sûre du championnat italien. Elle s'est même habituée à disputer la Ligue des champions. Très peu d'importance selon Serse:

«Pour moi, Atalanta-Lecce ou Atalanta-Manchester United, c'est la même chose. Si l'on redevient un club du ventre mou de Série A, ce ne sera pas grave. Les valeurs sont plus importantes que les résultats. La ville continuera toujours de respirer Atalanta, dans toutes les situations.»

Mais comment expliquer une telle progression sportive ces dernières années?

Troisièmes des trois derniers championnats, les Bergamesques étaient plutôt habitués au fond du classement auparavant. Selon Serse Pedretti, c'est le contexte de la ville qui a permis de mettre en place un projet ambitieux: «Ici, tu n'as pas la pression du résultat comme à Naples ou à Marseille par exemple. On veut juste que les joueurs donnent tout. Le coach a d'ailleurs commencé avec quatre défaites, sans être inquiété».

La progression de l'Atalanta est incroyable.
La progression de l'Atalanta est incroyable.transfermarkt

Gasperini-Zamagna, les noms du succès sportif

Le coach, c'est Gian Piero Gasperini. Arrivé en 2016, il a transformé l'Atalanta. Son bilan est impressionnant: 104 victoires, 49 nuls et 47 défaites. Ancien joueur professionnel, passé notamment par la Juventus, le coach de 63 ans a démarré sa carrière d'entraineur également à Turin, chez les jeunes, avant d'enchainer avec un tour d'Italie passant par Crotone, Palerme et Genoa.

Atalanta's coach Gian Piero Gasperini, center, shouts instructions to his team during the Serie A soccer match between Cagliari Calcio and Atalanta BC at Unipol Domus Stadium in Cagliari, Italy,  ...
Gian Piero, c'est fort.Image: AP LaPresse

Adepte des défenses à trois, il est décrit comme un entraineur au style offensif.

L'Atalanta pratique par ailleurs un football très agréable depuis son arrivée. Avant Bergame, Gasperini avait entrainé Palerme où évoluait un certain Michel Morganella:

«Ce qu'il fait avec l'Atalanta, c'est magnifique. Le club est devenu l'un des meilleurs du pays. Et la différence, c'est qu'il l'a fait sans investir des millions comme Milan ou la Juventus par exemple. C'est vraiment un exemple à suivre»

Le succès de Gasperini et du club porte également la marque du directeur sportif, Gabriele Zamagna. L'Atalanta s'est distinguée ces dernières années par un excellent recrutement qui a débouché sur de très belles ventes. En voici quelques-unes:

  • Amad Diallo à Manchester United (21 millions d'euros);
  • Gianluca Mancini à l'AS Roma (21);
  • Timothy Castagne à Leicester City (20);
  • Dejan Kulusevski à la Juventus (35);
  • Franck Kessié au Milan AC (32);
  • Bryan Cristante à l'AS Roma (30);
  • Alessandro Bastoni à l'Inter (31);
  • Andrea Conti au Milan AC (24).

Les reventes ont permis également au club d'investir dans l'achat de joueurs expérimentés comme Duvan Zapata, Luis Muriel ou encore Mario Pasalic.

Toutes ces ventes, tous ces achats, sont réfléchis. Ils font partie d'une stratégie claire comme l'expliquait le directeur technique du club, Giovanni Sartori, à Eurosport en 2020:

«Notre idée, c'est d'avoir 15 à 16 joueurs de haut niveau dans l'effectif. Ensuite, c'est d'avoir un deuxième groupe de joueurs, composé d'éléments moins compétitifs. Mais la volonté générale, c'est d'avoir des jeunes prometteurs, qu'ils viennent d'ailleurs ou de notre centre de formation»
Atalanta's Ruslan Malinovskyi celebrates after scoring his side's fifth goal during the Italian Serie A soccer match between Atalanta and Spezia, in Bergamo, Italy, Saturday, Nov. 20, 2021.( ...
L'Atalanta, c'est le football romantique, une belle histoire.Image: AP LaPresse

YB est prévenu

Serse Pedretti a acheté 30 billets pour lui et ses amis. Ils étaient 1500 à Manchester et seront certainement tout autant mardi soir au Wankdorf. YB est prévenu, le peuple bergamesque sera présent et il attendra de ses joueurs qu'ils mouillent le maillot, pour leurs valeurs, pour leur ville mais également pour une qualification en huitièmes de finale.

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