Michael Frey, 27 ans, évolue depuis 2020 en Belgique. Après une saison du côté de Waasland-Beveren, le Suisse cartonne actuellement avec le Royal Antwerp FC, troisième en ce moment de Jupiler Pro League. Ce week-end, en égalisant contre l'Union St-Gilloise (victoire 2-1 de son équipe), il a inscrit son 11e but en neuf matchs depuis le début du championnat.
De quoi forcément (re)taper à la porte de la Nati pour un joueur qui ne compte aucune sélection en équipe, jusqu'à présent. Il pourrait même devenir l'attaquant numéro UN de la Nati au Qatar. On vous dresse son portrait en cinq points.
Michael Frey voit le jour le 19 juillet 1994 dans la sympathique petite bourgade bernoise de Münsingen. Il fait ses débuts dans le club local avant de terminer sa formation au FC Thoune puis à Young Boys.
Il reste trois ans à Berne et inscrit 24 buts en 92 matchs. Des stats intéressantes qui lui permettent de rejoindre la Ligue 1 et Lille en 2014. Son expérience dans le Nord de la France sera mitigée et il finira même par revenir en Suisse, sous la forme d'un prêt, début 2016 au FC Lucerne. Six mois plus tard, il rejoint de manière définitive son club formateur, YB.
Un retour qui le relance puisqu'il inscrit 13 goals – toutes compétitions confondues – en une saison avec le club de la capitale. En été 2017, il s'en va pourtant au FC Zurich. Le Bernois réalise une excellente saison sur les bords de la Limmat: 16 buts en 36 matchs (championnat et coupe), amenant l'équipe à un bon 4e rang final et au sacre en Coupe de Suisse.
Ces prestations convaincantes lui ouvrent les portes du grand Fenerbahce en Turquie, où il signe pour quatre ans. Mais son aventure à Istanbul ne se passe pas comme espéré, puisqu'il n'arrive pas à s'imposer comme titulaire. Il est prêté successivement à Nuremberg en Allemagne en été 2019 puis à Waasland-Beveren en Belgique l'année suivante. Avant donc de quitter définitivement les rives du Bosphore pour poser ses valises à Anvers cet été.
L'attaquant suisse a récemment fait le buzz en inscrivant un improbable quintuplé lors de la victoire 2-5 de son équipe sur la pelouse du Standard de Liège, l'un des mastodontes du football belge.
Deux buts du pied gauche, trois buts du pied droite. Le show était total le 8 septembre dernier au Stade Maurice Dufrasne de Liège. Le buteur bernois a également démontré, lors de ce match, toute l'étendue de sa palette avec des buts de renard des surfaces mais également d'autres où il est à la récupération puis à la finition. Un profil très complet et athlétique qui peut parfois manquer à la pointe de l'attaque de l'équipe nationale.
Michael Frey a également inscrit six goals supplémentaires cette saison, portant son total à 11 buts en 9 matchs. Tout simplement impressionnant.
Avec une taille d'1m90, Michael Frey est un joueur que l'on peut qualifier d'attaquant puissant. Ces joueurs sont assez rares, les plus connus étant certainement le Suédois Zlatan Ibrahimovic et le Norvégien Erling Haaland. Comme ces deux stars, l'Helvète portait d'ailleurs le catogan à l'époque. Mais il l'a troqué contre une boule à zéro.
Récupérer des ballons, prendre de la place dans la surface, gêner en permanence les défenses... ce type de profil est peu répandu mais précieux. En 2013, Gérard Castella, actuellement responsable de la formation à YB, avait décrit de la manière suivante Michael Frey et son style de jeu:
À l'instar de la vedette suédoise du Milan AC, le Bernois peut également se montrer provocateur sur un terrain comme ce fut le cas lors de la finale de la Coupe suisse en 2018 entre YB et Zurich. Défendant les couleurs zurichoises, l'attaquant bernois pèse sur la défense durant tout le match, marque puis provoque son ancien entraîneur Adi Hütter.
Une attitude critiquable mais qui montre la puissance de caractère du jeune homme. Une force qui pourrait faire du bien à notre équipe nationale parfois décriée pour son manque de tempérament.
Malgré un parcours que l'on peut qualifier de respectable, et même d'honorable, Michael Frey ne compte actuellement aucune sélection en équipe nationale. Une anomalie que l'on peine à comprendre.
Pourtant, le Bernois a toujours été dans les plans de l'ASF lors de sa formation en juniors, accumulant 49 sélections pour 14 buts entre les M16 et les M21. Il ne sera appelé qu'une seule fois par la suite, en 2016 par Vladimir Petkovic, lors des éliminatoires de l'Euro pour deux matchs face à la Slovénie et à Saint-Marin, lors desquels il restera sur le banc.
L'actuel joueur d'Antwerp possède toutefois un profil unique qui contraste avec ceux des autres attaquants de la Nati que sont Seferovic, Gavranovic ou encore Embolo. Des joueurs peut-être plus techniques et rapides mais qui travaillent moins, avec moins de caractère. Son absence totale durant le long règne de Vladimir Petkovic est donc difficilement explicable. Au vu de la forme que tient actuellement Michael Frey, il serait encore plus incompréhensible de le voir hors des plans de Murat Yakin ces prochaines semaines.
«Sa force, c'est la façon dont il travaille pour l'équipe.» Son ancien coéquipier suisse à Waasland-Beveren, Leonardo Bertone, résumait ainsi il y a quelques mois Michael Frey: un travailleur au service du collectif. Un travailleur sur le terrain, certes, mais également un grand professionnel qui ne laisse rien au hasard.
Sa forme physique le démontre. Michael Frey cultive son corps, son outil de travail et atout numéro un dans son style de jeu si particulier. Un rapide coup d'oeil sur son compte Instagram permet de nous en rendre compte.
Un compte d'ailleurs soigné au niveau de la communication, avec des posts dans la langue de son club ou en anglais avec du contenu – professionnel et privé – sobrement et efficacement posé.
Si certains ont pu voir de l'arrogance par le passé dans les attitudes du Bernois, on peut aussi plutôt interpréter ça comme de l'ambition. Une qualité qui tombe plutôt bien, un an avant la Coupe du monde, non?