Le nouveau coach de la Nati est l’anti-Patrick Fischer
Toute tentative de trouver une personnalité similaire à celle de Patrick Fischer était vouée à l’échec. Premièrement, parce qu’il n’existe pas de second Patrick Fischer. Deuxièmement, parce que personne, absolument personne, n’aurait pris au sérieux une pâle copie du sélectionneur le plus performant de notre hockey.
Fischer est charismatique, un terme souvent galvaudé, qui désigne «l’influence sur les foules d’une personnalité dotée d’un prestige et d’un pouvoir de séduction exceptionnels».
Le charisme n’a rien à voir avec la domination ou le fait de hausser la voix. De nombreuses personnalités charismatiques sont calmes et réservées, à l’image de Patrick Fischer. Et pourtant, elles remplissent les pièces avec leur présence naturelle.
Détenteur du record de longévité à la tête de l’équipe de Suisse avec un mandat de douze ans, Ralph Krueger était lui aussi charismatique, mais de manière plus sobre et prévisible. Il a, d’une certaine manière, préparé le terrain pour nos trois finales mondiales. Patrick Fischer, intuitif, instinctif et visionnaire, s’est révélé être son successeur idéal.
Cadieux, un type complètement différent
Arrive désormais Jan Cadieux, que l’on pourrait surnommer l’anti-Fischer. Il fuit les grandes apparitions publiques, et les conférences de presse lui apparaissent aussi désagréables qu’un rendez-vous chez le dentiste. Fischer, lui, était un maître dans l’art de vendre ses idées, sa vision et sa personne. Il a inspiré toute une génération de joueurs et leur a insufflé la confiance nécessaire pour briller au Mondial.
Cadieux incarne une autre forme de leadership. Il sait certes fédérer autour de lui, mais le fait de manière plus discrète et méthodique. Il raisonne en termes de processus, travaille avec une incroyable précision tactique et possède une fine intuition pour les joueurs et les situations. Grâce à cette palette, il apporte de la stabilité. C’est un entraîneur qui observe, analyse et comprend avant de prendre des décisions.
Dans un hockey rythmé par l’adrénaline, ce style calme, posé et analytique est inestimable. Jan Cadieux instaure la confiance, tempère les surplus d'émotion et permet aux joueurs de se concentrer pleinement sur leur performance. Son tempérament l’aidera aussi à ignorer les critiques extérieures, auxquelles aucun successeur d’un entraîneur aussi couronné de succès ne peut échapper, sauf s’il devient champion du monde.
Irréprochable sur le plan technique
Avec Genève-Servette, Jan Cadieux, irréprochable sur le plan technique, a accompli des exploits, offrant au club son tout premier titre de champion ainsi que la victoire en Ligue des champions. Il jouit ainsi du respect de tous, y compris des stars de la NHL.
Sa nomination à la tête de l’équipe nationale est également judicieuse sur le plan politique. Le projet «Swissness», initié par Raëto Raffainer, est un immense succès et a mieux contribué au développement de notre hockey que tous les entraîneurs étrangers réunis.
Et ce qu’il ne faut pas sous-estimer dans un pays qui doit trouver un équilibre entre la Romandie et la Suisse alémanique: Jan Cadieux parle les trois langues nationales, comme Fischer. De plus, il représente le hockey francophone, qui fournit un sélectionneur pour la première fois depuis Gaston Pelletier (1969-1972).
Quid de Paterlini?
Y avait-il une meilleure solution pour remplacer Patrick Fischer? Non. Thierry Paterlini a sans aucun doute le profil pour devenir sélectionneur. Mais il aurait été politiquement irresponsable de retirer à un club, en pleine saison, un entraîneur qui joue un rôle central dans le développement de l’équipe et de toute l’organisation. Si les dieux du hockey sont cléments, Paterlini sera un jour le successeur idéal de Cadieux. Mais pour l’instant, sa mission se trouve à Langnau.
PS: Le chroniqueur est rassuré. Ses sources avaient raison: Patrick Fischer s'est retiré et Jan Cadieux sera bien son successeur.
