Roman Josi réalise une saison exceptionnelle en NHL. Lundi à Anaheim, le capitaine de Nashville a marqué des points – un but et un assist pour une victoire 6-3 – lors d'un dixième match de suite. Il est devenu le Suisse le plus prolifique dans l'histoire de la prestigieuse ligue nord-américaine et est actuellement, avec 77 points (18 buts), le 7e compteur du championnat. Une sacrée perf' pour un défenseur!
Mais Roman Josi n'est pas un défenseur comme un autre. Attaquant jusqu'à l'âge de 14 ans, le Bernois a gardé une forte attraction pour le but adverse. C'est simple: il est le défenseur de NHL qui a pénétré le plus souvent dans la zone offensive en 2019-2020 et l'un de ceux qui tirent le plus au but. Et le Suisse possède indéniablement la technique pour se montrer très dangereux en phase offensive. «C'est un incroyable chef d'orchestre», l'encensait en 2020 Mike Kelly, expert de la NHL.
Cette polyvalence a permis à l'ancien joueur du CP Berne de décrocher il y a deux ans le prestigieux prix Norris, qui récompense le meilleur défenseur de NHL. La première distinction pour un hockeyeur suisse outre-Atlantique. Cette saison, grâce à ses stats impressionnantes et son impact dans le jeu de son équipe, Roman Josi pourrait bien réaliser le doublé.
Si Roman Josi (31 ans) est certainement, aujourd'hui, le meilleur défenseur du monde, c'est aussi, et surtout, parce qu'il se sent très bien à Nashville. Il y joue depuis 2011 et s'est imposé, petit à petit, comme la figure iconique de la franchise du Tennessee (Est des Etats-Unis). Au point de devenir son capitaine en 2017.
Pour voir un «C» brodé sur son maillot, il faut bien évidemment cartonner sur la glace, mais aussi avoir une personnalité à la hauteur de ce rôle honorifique. L'Helvète coche toutes les cases. «En Amérique, il est resté un Bernois de la meilleure espèce: décent, amical, modeste et pourtant d'une manière impressionnante sûr de lui. Un joueur, un homme avec du charisme», observe, dans son style, le journaliste de watson spécialisé, Klaus Zaugg.
«Roman est le meneur de notre équipe, sur et hors glace», appuie John Hynes, l'entraîneur de Nashville. «C'est un joueur exceptionnel qui joue fort à chaque match et donne le bon exemple dans chaque situation.»
Ses qualités humaines ont aussi permis à Josi de décrocher un contrat des plus juteux en 2019 chez les Predators, déterminés à en faire leur ambassadeur. Il a prolongé son bail jusqu'en 2028 et percevra au total 72 millions de dollars, devenant le troisième défenseur le mieux payé de la NHL.
Aux States, Josi a souvent fait craquer les défenses adverses, mais aussi le cœur d'Ellie Ottaway, une mannequin originaire de Nashville avec qu'il est marié depuis juillet 2019. Le couple, qui attend son deuxième enfant pour cet été, s'est rencontré en 2015. La jeune Américaine, séduite par l'humour et la modestie de son homme, a raconté leur premier date sur le site web de la NHL:
C'est cette même modestie qui a permis à Josi de devenir aussi fort sur la glace. «Il a atteint l’excellence parce qu’il est humble et affamé», s'avance, dans 24 Heures, Sébastien Bordeleau, membre du staff de Nashville et ancien attaquant de Berne et Bienne. Il enchaîne:
Roman Josi est un perfectionniste. Pour être encore plus performant, il a engagé un préparateur physique, un coach mental, un prof de méditation et un nutritionniste. Le Bernois collabore aussi en privé avec le Valaisan Benoît Pont, l'un des coachs assistants de la Nati. Ce professionnalisme, couplé à une rage de vaincre hors du commun, font de Josi un hockeyeur d'exception. «Je l'ai battu trois fois sur cinq sur le court de tennis, et il est devenu tellement fou», témoignait son ami Kevin Ryser.
Malgré tous ces honneurs et le prestigieux prix Norris, Roman Josi n'est pas rassasié. Son objectif ultime? Remporter une fois la Coupe Stanley. «Vous essayez toujours d'être le meilleur joueur possible. Si tout le monde essaie, l'équipe réussira», clamait-il en septembre 2020. Avec ses coéquipiers des Nashville Predators, ils avaient été tout près de réussir l'exploit en 2017. Ils s'étaient inclinés en finale des play-offs 4-2 contre les Penguins de Pittsburgh, pour lesquels jouait un autre Suisse, Mark Streit.
Le retraité (44 ans), légende du hockey helvétique, a plusieurs points communs avec Josi: ils sont tous deux Bernois, défenseurs et membres du conseil d'administration du CP Berne (Josi est représenté par son père, Peter), club dans lequel ils ont fait leurs débuts. Pas étonnant donc que Streit ait été un modèle pour son cadet, comme il expliquait:
Désormais, c'est Roman Josi qui est une source d'inspiration pour les jeunes hockeyeurs suisses. Il leur a aussi ouvert des portes, concrètement. «Après la découverte de Josi, j’ai demandé à nos scouts d’aller plus régulièrement en Suisse, et pas seulement pour observer les paysages magnifiques», avouait à 24 Heures le président des Nashville Predators, David Poile.