Quatrième avant l'épreuve de saut d'obstacles, la Suisse espérait une médaille au concours complet par équipe. Le trio Melody Johner-Robin Godel-Felix Vogg a finalement terminé cinquième d'une compétition remportée par la Grande-Bretagne. Mais ce qui a marqué lundi à Versailles, ville accueillant les épreuves d'équitation de Paris 2024, c'est la deuxième place de l'équipe de France composée de Nicolas Touzaint, Karim Laghouag et Stéphane Landois.
Ce dernier monte Chaman Dumontceau, le cheval de Thaïs Meheust, une cavalière au destin tragique. Alors qu'elle était l'une des espoirs de la discipline, elle est décédée en 2019 à l'âge de 22 ans des suites d’une chute en compétition. Ecrasée par son cheval Chaman Dumontceau, qu'elle avait choisi pour former un jour un duo olympique, elle a succombé à une crise cardiaque.
C'est son ami Stéphane Landois qui, plus tard, a repris en accord avec la famille ce même cheval désormais appelé Chaman Dumontceau*Ride for Thaïs en hommage à la cavalière. L'émotion avait été vive pour les parents de la jeune fille lorsqu'ils avaient appris que Landois et son étalon étaient qualifiés pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Eux qui n'avaient plus assisté à la moindre compétition équestre depuis l'accident de leur fille ont alors senti qu'ils devaient venir les encourager. Après tout, ils étaient en passe de réaliser le rêve de leur fille. Corinne et Marc-Henri Meheust étaient donc présents ces derniers jours à Versailles pour soutenir Stéphane Landois, un cavalier «extrêmement ému» après le test de dressage samedi, où il n'a concédé que 24.40 points de pénalité.
Les émotions étaient encore plus fortes lundi lorsque la France n'a pas craqué sur le parcours d'obstacles, décrochant ainsi pour Thaïs une médaille d'argent. «J'ai senti sa présence», a déclaré Stéphane Landois la médaille autour du cou. Signe du destin, le Français a hérité d'une chambre particulière à Versailles. Le village olympique étant trop éloigné du site de compétition, lui et les siens logent chez des particuliers. Or il est écrit «Thaïs» sur la porte de sa chambre, l'occupante habituelle des lieux portant le même prénom que la championne.
Invité sur le plateau de France 2 en fin de journée, Stéphane Landois a eu les larmes aux yeux lorsque la mère de Thaïs Meheust, présente à ses côtés, a salué avec gratitude son exploit.
«Pour la première fois depuis 5 ans, on a vibré d'émotions positives. C'est terrible, parce que je pouvais presque me sentir coupable de penser ça, mais on a été heureux», a ajouté la mère de la cavalière, tragiquement décédée il y a cinq ans.