Dimanche dernier, l'expérience la plus fascinante de l'histoire de la moto suisse au plus haut niveau a débuté au Qatar, lors du GP de Doha: la tentative de «se fabriquer» une grande carrière. Jamais un Suisse n'avait bénéficié de meilleures conditions que Noah Dettwiler (18 ans), originaire du village soleurois de Hofstetten-Flüh, pour débuter en championnat du monde. Tout lui est offert depuis le début de sa carrière. Une expression qui peut sembler polémique, mais qui est assez proche de la vérité.
Dimanche, et après deux courses d'essai la saison dernière (avec une 20e et une 26e place), il a participé à la première épreuve de la saison 2024 en Moto3. Il disputera ensuite pour la première fois l'intégralité du championnat.
Tout est calculé. De toute façon, il y a suffisamment d'argent. Dettwiler a déménagé près de Valence, où ses parents fortunés y possèdent une maison, afin d'avoir de meilleures conditions d'entraînement.
Sa machine infernale est de première classe. Et avec Tom Lüthi (qui est en couple avec la sœur aînée de Noah Dettwiler), un mentor à l'immense expérience est à ses côtés. Sans compter qu'un coach peaufine son style. C'est bien simple: même en tant que champion du monde, Tom Lüthi n'a jamais bénéficié d'un encadrement aussi complet.
La question est maintenant de savoir ce que Dettwiler fait de ces conditions optimales. Jusqu'à présent, le succès est mitigé. Dimanche, il a participé à sa 68e course au niveau international. Il n'a réussi à se classer que sept fois dans le "top ten" et n'a jamais fait mieux que 5e. Pour rappel, Tom Lüthi et Dominique Aegerter ont gagné des courses dans les championnats internationaux de la relève avant de se lancer dans le circuit des GP. Dettwiler manque-t-il donc d'un peu de talent, d'instinct de course et d'audace? Est-il un coureur de fond intelligent, un "gentleman driver" et un sorcier de l'auto-marketing qui évite intelligemment tout risque excessif?
Dimanche, le jeune rhénan a franchi la ligne d'arrivée en 17e position. A première vue, c'est un excellent résultat. Le premier point du championnat du monde (il faut terminer au pire 15e pour scorer) n'est plus très loin. D'ailleurs, Dettwiler évoque son début de saison comme un professionnel expérimenté: «C'est bien de terminer la première course avec un bon sentiment. Nous pouvons construire sur cette base. Nous nous concentrons maintenant pour réduire l'écart avec le vainqueur à chaque course.»
En réalité, Dettwiler n'avait aucune chance lors de ce premier Grand Prix de la saison. Il avait terminé l'entraînement à la 24e et dernière place, avec un retard de plus de trois secondes sur le meilleur temps. Déjà lors des tests de pré-saison, il n'avait pas pu rivaliser avec les meilleurs.
Toujours est-il que malgré le manque de chance, le sentiment est bon: une base est posée. Que ce soit la base d'une grande carrière est «presque» entièrement entre ses mains. On est obligé d'insister sur ce «presque» car dans ce métier rude et dangereux, il faut encore quelque chose que personne ne peut organiser, planifier ou acheter: la chance.
Le prochain Grand Prix de la saison se disputera le 24 mars au Portugal.