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Pouille: «Vous trouvez normal que je pleure à chaque défaite?»

Lucas Pouille a certes remporté cinq titres sur le circuit et intégré brièvement le top 10 en 2018, mais il n'a jamais confirmé toutes les attentes placées en lui.
Lucas Pouille a certes remporté cinq titres sur le circuit et intégré brièvement le top 10 en 2018, mais il n'a jamais confirmé toutes les attentes placées en lui.Image: Instagram

«Vous trouvez normal que je pleure à chaque défaite?»

Lucas Pouille (29 ans) incarnait les espoirs de la France cocardière. Mais c'est aujourd'hui un tennisman affaibli physiquement et affecté psychologiquement. Il a même failli tout arrêter.
26.03.2023, 16:3327.03.2023, 08:31
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C'était en 2016, à New York. Lucas Pouille, tout en opiniâtreté et en sang-froid, venait de battre l'immense Rafael Nadal en 8e de finale et en cinq sets alors forcément, la France pensait enfin tenir le successeur de Yannick Noah, dernier vainqueur tricolore en Grand Chelem. «Lucas possède une vraie ambition et fournit le travail qui va avec, s'émerveillait le coach Patrick Mouratoglu sur ESPN. Nous avons de nombreux joueurs en France, de très bons joueurs, mais nous avons maintenant besoin d’un gars comme Lucas, du champion qu’il deviendra bientôt.»

Lucas Pouille est-il devenu un champion? Il a certes remporté cinq titres sur le circuit et intégré brièvement le top 10 en 2018, mais il n'a jamais confirmé toutes les attentes placées en lui. Son incursion à la 10e place mondiale, au lieu de le conforter dans ces certitudes, a même eu l'effet inverse, puisqu'il a marqué le début d'une longue dégringolade. En atteignant un classement aussi élevé, c'est comme si tout ce pour quoi il s'était battu s'était enfin concrétisé. Il avait réussi quelque chose d'immense et n'avait plus le plaisir, ni l'envie ensuite de continuer à voyager pour défendre son statut et ses points, peut-être viser plus haut. Il est passé du top 10 (mars 2018) à une place au-delà du top 100 (juillet 2021). Entre les deux, il y a bien eu une demi-finale à l'Open d'Australie (défaite sèche contre Djokovic en 2019), mais très vite son corps a fini par grincer et le lâcher, tout comme la plupart de ses sponsors.

France's Lucas Pouille makes a backhand return to Serbia's Novak Djokovic during their semifinal at the Australian Open tennis championships in Melbourne, Australia, Friday, Jan. 25, 2019. ( ...
Le Français en 2019.Image: AP

C'est cette histoire que L'Equipe raconte ce dimanche, donnant la parole à ce joueur qui, l'été dernier, a failli tout arrêter à seulement 28 ans - à l'âge où Stan Wawrinka n'avait pas encore décroché son premier Majeur. Lucas Pouille y explique qu'après une semaine d'insomnies entre deux tournois Challenger en Angleterre, mi-2022, il a balancé ses raquettes à la poubelle et demandé à ses proches:

«Vous trouvez ça normal qu'à 28 ans, alors que je suis père de famille, je pleure tous les soirs dans ma chambre d'hôtel à chaque fois que je perds un match»

Les mots ont un sens et l'entraîneur Thierry Ascione les manipule avec prudence lorsqu'il évoque Lucas Pouille.

«L'année dernière, on avait récupéré un mec meurtri. C'était de la tristesse profonde. On a toujours hésité à employer le mot dépression...Il n'était plus prêt à combattre. Il disait: "Je n'ai plus rien dans le ventre." À chaque fois qu'on a cru que ça repartait, il se refaisait mal. Il y a du psychologique et de l'émotionnel là-dedans. C'était hyper dur. L'an passé, j'étais désarmé.»
Source: L'Equipe.

Certains observateurs attribuent la chute de «La Pouille» à son hygiène de vie et ces soirées au cours desquelles il se retrouvait «le nez dans le sceau de mojito». D'autres assurent que sa paternité début 2021 l'a changé et forcément, un peu, éloigné du tennis. La vérité est peut-être entre les deux.

Portrait de famille.
Portrait de famille.Image: Instagram

Il reste que si le Nordiste a un passé, il a aussi un avenir. Car 2023, c'est juste avant 2024 et les Jeux olympiques de Paris, où le tennisman espère faire son retour en grande pompe (pour autant qu'il soit bien dans ses baskets).

L'Equipe raconte que c'est un coup de fil qui a tout changé. Ce ne serait pas la première fois qu'un appel téléphonique ferait basculer un destin sportif: à l'été 1972, Henry Kissinger, alors conseiller du président américain Nixon, avait convaincu le joueur d'échecs Bobby Fischer de participer à la finale du Championnat du monde contre Boris Spassky. Un match que Fischer avait remporté de haute lutte.

Ce n'est pas dit que Lucas Pouille ait autant de succès aux JO, mais son retour sur les terrains d'entraînement en octobre dernier, à l'invitation du joueur français Pierre-Hugues Herbert, est le signe d'une envie retrouvée. «Le voir aujourd'hui s'entraîner, frapper comme une mule, ça fait quelque chose, admet Ascione dans le quotidien français. Il a envie de se laisser une chance.»

«Je le vois au taquet, c'est un taureau, ça reste le même. Il a encore plein de trucs à faire dans ce sport»
Thierry Ascione

Son retour le confronte à une réalité parfois difficile à intégrer pour un joueur de son tempérament. S'il entend avoir du succès, Lucas Pouille (459e mondial) doit d'abord accepter qu'il n'est plus un joueur du top 10 ou du top 20. «Ce qui est horrible, c'est que dans ma tête, je le suis», confesse-t-il.

Dans la réalité, Pouille doit repasser par les tournois Challengers pour améliorer son classement et «c'est dur», admet-il. «J'avais pris l'habitude de voyager avec beaucoup de monde dans de bonnes conditions et des hôtels sympas... Or, depuis trois ans, je ne fais que perdre de l'argent.»

À 29 ans, Lucas Pouille, ex-10e mondial, est attendu au tournoi de Houston. Il s'est renseigné sur le prix du siège en business pour le Texas, mais cela fait beaucoup d'argent (6000 euros). Ce vol en classe éco, entre les touristes revenus du ski, les bébés et les fans de musique country, aurait pu marquer le début d'une opération commando, mais le Français n'est pas encore prêt à abandonner ses privilèges. «Je vais essayer de me faire surclasser.»

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