Inspiré par la Suisse, ce trail bouscule la Diagonale des Fous
Hassen Patel nous reçoit dans les locaux de l’Ultra Trail de l’océan Indien. L’association qu’il préside est à l’origine d’un nouvel événement, né en 2024, mais qui s’est déjà fait un nom dans l’univers de la course: l’Ultra Trail des Géants, sur l’île de la Réunion.
Il faut dire que dès sa deuxième édition, l’épreuve a étoffé son programme en lançant une nouvelle course, encore plus redoutable que la célèbre Diagonale des Fous, organisée sur le même territoire: l’Ultra Terrestre.
Son parcours compte 46 kilomètres de plus. Le dénivelé positif y est également plus important: 14 330 mètres contre 10 500. Les coureurs y franchissent un sommet emblématique, à savoir le piton des Neiges, point culminant de l'île à plus de 3000 mètres d'altitude. Ils longent aussi le piton de la Fournaise.
Le Swiss Peaks Trail en modèle
En outre, le tracé reprend une partie des sentiers de la «Diag», en particulier les redoutables chemins du cirque de Mafate. Et comme le départ est donné à Saint-Philippe, plus à l’Est, l’Ultra Terrestre est bel et bien la course qui dessine une diagonale parfaite de l’île.
Comment cette nouvelle épreuve grandiose est-elle née? «Il manquait ce genre de course sur notre île, et nous voulions y remédier», répond Hassen Patel. Il poursuit:
Le parcours de l’Ultra Terrestre ⬇️
Il est vrai qu'en matière de gigantisme, le trail valaisan fait plutôt fort. Récemment, les organisateurs ont mis sur pied une épreuve de 700 kilomètres, dont la première partie se court en «off», sans classement. «Ils ne reculent devant rien», sourit Patel.
Dès lors, un format encore plus long que l’Ultra Terrestre pourrait-il voir le jour à l’avenir sur l’île de la Réunion? «Qui sait, tout est possible. Peut-être que nous proposerons un jour un aller-retour. Mais vous savez, c'est une logistique énorme. Et nous sommes une petite organisation», explique le président de l'association.
la force de frappe
du Grand Raid
(réd: l'épreuve dont fait partie la Diagonale
des fous)»
L’association est peut-être modeste, mais elle n’en demeure pas moins ambitieuse et pleinement investie. Hassen Patel insiste d’ailleurs sur la passion des nombreux bénévoles qui donnent de leur temps pour produire l’événement. Des paroles qui trouvent un écho immédiat: en ce début de semaine, les locaux de l’association sont loin d’être déserts. Et plus largement, le trail semble profondément enraciné dans la culture de l’île de la Réunion. Un constat partagé par le dernier finisher de la Diagonale des Fous, Alexandre Berroua, dimanche à son arrivée sur le stade de la Redoute.
Légères tensions émergentes
En empiétant sur le terrain du Grand Raid et en attirant des traileurs venus des quatre coins du monde, l’Ultra Trail des Géants et son Ultra Terrestre n’ont-ils pas attisé quelques frictions entre organisateurs? «Le dialogue reste cordial», assure Hassen Patel.
c'est vrai, que de
petites tensions sont apparues, surtout depuis que certains membres de leur organisation ont souhaité rejoindre la nôtre»
Hassen Patel tient toutefois à préciser que son événement ne se positionne pas en concurrence directe avec le Grand Raid. D’une part, parce qu’avec 129 participants lors de sa première édition, l’Ultra Terrestre est loin de rivaliser en taille avec les 3000 raideurs de la «Diag». D’autre part, l’Ultra Trail des Géants se déroule à une toute autre période, au début de l’hiver austral, un choix assumé, alors qu'il implique des défis importants.
Il faut également comprendre que l’Ultra Trail des Géants et l’Ultra Terrestre ne sont qu’une partie des activités de l'association, qui porte d’autres projets et actions, notamment sur piste et route. L’organisation s’est aussi donnée pour mission de faire rayonner le trail au-delà de l’île de la Réunion et compte créer des challenges régionaux, impliquant notamment Maurice, Madagascar et Mayotte. Une manière de tisser des liens entre ces territoires isolés.
Les idées foisonnent donc, ce qui, finalement, n’a rien d’étonnant quand on découvre le personnage d’Hassen Patel. Il y a encore quelques années, cet homme passionné de sports automobiles ne connaissait absolument rien au trail. C'est par hasard, lors d'un salon, qu'il a découvert cette discipline et s'est retrouvé conquis par ces pratiquants qui repoussent leurs limites. Devenu passionné, même s’il ne court pas lui-même, il se dévoue désormais corps et âme à l'organisation d'événements. «Quand je me lance dans un projet, c’est à 100% ou pas du tout.»