Le copain de Marco Odermatt pousse un coup de gueule
Fabian Bösch et Marco Odermatt partagent une longue histoire. Après le déménagement de Bösch à Engelberg, les deux jeunes garçons participaient souvent à des courses de ski ensemble. «Parfois, c’est lui qui gagnait, parfois c'était moi», raconte-t-il à la SRF. «Mais la plupart du temps, c’était quand même Fabian», ajoute Odermatt en riant. Une amitié s’est alors nouée entre les deux familles. Plus tard, les deux skieurs fréquentent ensemble le collège sportif d’Engelberg. «L’entraîneur n’était pas toujours ravi de nous voir construire des tremplins dans la forêt ou skier dans la poudreuse», se souvient Bösch.
Tous deux ont débuté en ski alpin. Mais Bösch s’est très vite pris de passion pour une autre discipline, et à 13 ans, il bascule dans le camp du freestyle. Le début d’une carrière remarquable: champion du monde de slopestyle en 2015 à Kreischberg, médaille d’or en big air en 2019 à Park City. A cela s’ajoutent des titres aux X-Games, des podiums en Coupe du monde et une reconnaissance internationale.
Malgré tous ces succès, l’enthousiasme n'est pas flagrant à l'heure actuelle. «Le niveau est devenu incroyablement dense», observe Bösch. «Avant, on voyait clairement qui était le meilleur. Aujourd’hui, beaucoup de choses relèvent de l’interprétation. Tu réalises la même figure qu’un athlète sur le podium, et tu finis quand même septième. Personne ne peut t’expliquer pourquoi. C’est frustrant.» Il parle calmement, mais on sent que le sujet le touche profondément. Il insiste:
Aucune remise en question
Bösch déplore aussi le fait que le système de notation ne bouge pas. «Cela fait des années qu’on juge selon les mêmes critères. Mais notre sport, lui, évolue en permanence. J’aurais aimé qu’on tente des choses. Si on ne fait rien, il ne se passe rien.»
Fabian Bösch a vécu cette évolution sportive de l’intérieur. «Depuis l’arrivée des airbags, beaucoup d’athlètes peuvent s’entraîner en toute sécurité. C’est une excellente chose, mais cela a aussi élargi le haut du classement. De nombreux riders évoluent désormais à un niveau similaire, ce qui rend un bon résultat encore plus difficile à atteindre.» Les airbags sont de grands coussins gonflés d’air sur lesquels les skieurs réalisent leurs figures. Ils permettent des atterrissages plus doux et réduisent le frein psychologique lié à la prise de risque.
Les préparatifs pour la nouvelle saison se déroulent malgré tout bien. «J’ai eu d’excellentes conditions d’entraînement avec les airbags, dans le hall de ski aux Pays-Bas, et maintenant à Saas-Fee», explique Bösch. Ce dernier site est un point de rendez-vous incontournable. «C’est le seul entraînement de ce niveau à cette période de l’année. Et cette fois, nous avons de la chance avec la météo. Ces quatre dernières années, il y avait souvent du vent, de la neige et du verglas.»
Après deux semaines passées dans les montagnes valaisannes, Bösch enchaînera avec des sessions au Schilthorn, au Corvatsch et en Autriche. La saison de freestyle débutera le 21 novembre sur le glacier du Stubai, toujours en Autriche.
Il lui manque une médaille olympique
La santé est d’autant plus importante cette saison que le programme s’annonce chargé. Outre les traditionnelles Coupes du monde, la qualification aux Jeux olympiques constitue l’objectif majeur. Bösch ambitionne de prendre part à ses quatrièmes Jeux olympiques, à Milan-Cortina en 2026. «Ce serait vraiment formidable. Il me manque encore une médaille olympique.»
Pour Bösch, il s'agit déjà de sa 13e saison en Coupe du monde. «A 28 ans, je suis le troisième plus âgé parmi les riders du circuit », dit-il avec le sourire. «Aujourd’hui, à 18 ans, on est déjà au sommet du monde, et la plupart arrêtent à 30 ans.» Lui aussi ressent le poids des années passées au plus haut niveau. A Saas-Fee, il se plaint de douleurs au dos. «Je n’ai pas eu de chute, c’est arrivé simplement.»
Il ne repartira pas pour un nouveau cycle
Pendant combien de temps poursuivra-t-il encore au plus haut niveau? «Je ne prévois pas un autre cycle olympique. Quatre ans de plus, je ne pense pas pouvoir le faire. Je veux aussi vivre d’autres choses. J’aime le sport, mais à un moment donné, il faut passer à autre chose.»
Bien que Bösch soit actuellement critique envers le système, il souhaite rester fidèle au freestyle après sa carrière. On sent que sa passion est intacte. Il confie: «Je veux rendre quelque chose au freestyle, peut-être en tant qu’entraîneur. J’ai tellement appris au fil des années, ce serait dommage que tout cela se perde. Il reste encore des lacunes dans la formation des jeunes en Suisse».