Je me suis battue avec une créatrice de mode
«T'as pas envie de faire l'entraînement avec moi?», me lance au bout du fil Joana Bender, 26 ans, créatrice de la marque genevoise La Fripe à Jo. A peine rentrée de la Fashion Week de Paris, où elle a tenté de s'incruster au défilé Balenciaga, elle s'entraîne désormais pour son premier combat de boxe amateur qui aura lieu le 1er novembre à Fribourg.
J'ai raconté ses péripéties parisiennes et c'est tout naturellement que son parcours sportif a attisé ma curiosité. Pourquoi? Parce que nous avons comme points communs l'amour de la mode et des sports de combat. Dès lors, lorsqu'elle apprend que je fais du kick-boxing depuis deux ans, elle me demande d'enfiler mes gants et de m'entraîner avec elle mercredi 15 octobre à Genève. D'accord!
«Plus fort! Vas-y, tu peux frapper»
Il s'agit de la première fois que je fais un cours réservé principalement aux combattants. La particularité? Après quelques minutes d'échauffement, on enchaîne avec des techniques d'évitement en vue des sparrings – un entraînement qui simule un combat réel mais sans chercher à blesser l'adversaire. Joana Bender me donne rapidement les directives:
On poursuit avec les directs, une autre sorte de coup qui demande d'être esquivé différemment: on se penche à gauche, à droite, gauche, droite, gauche, droite. «T'évites bien», me lance ma partenaire. Lorsque c'est à mon tour de cogner, je lui mets quelques feintes qu'elle ne voit pas venir. Elle monte bientôt sur le ring, il faut la préparer à ce qui l'attend, n'est-ce pas?
Exercice suivant: tout le monde enfile ses protections et se met en place pour les sparrings. Joana Bender, en position de garde, m'explique:
Moi qui protège bien mon nez:
Le coach donne le top et instantanément, ça se bastonne sévère dans la salle. J'esquive les coups, j'en remets.
La preuve en images:

Message reçu: j'envoie des directs dans le ventre de mon adversaire, des crochets dans les tempes. Elle protège avant de remiser instantanément. La fin de son entraînement se fera toutefois sur le ring, combat oblige:
La suite se passe sur le ring:
Un défilé au milieu des boxeurs
Le premier novembre prochain, la Romande réalisera ainsi l'objectif qu'elle a en tête depuis qu'elle a commencé la boxe il y a trois ans. Et ce, même si une autre discipline avait au départ attiré son attention:
Lorsque je lui demande si elle est stressée à mesure que le Jour J approche, elle me répond que non. Le monde dans la mode lui a permis de se forger un état d'esprit qui lui sert dans le sport – pour rappel, elle réalise notamment des coups de buzz à Paris en essayant d'entrer aux défilés sans invitation:
Et de citer également la préparation d'un défilé, qui s'accompagne «d'une énorme charge mentale et qui nécessite de savoir gérer son stress».
Cette convergence entre les deux univers ferait toutefois de la styliste «un ovni au sein du club». Un sentiment que réfute son coach, Ricardo Pereira:
Il évoque d'ailleurs l'idée d'organiser un événement durant lequel les combats de boxe seraient entrecoupés d'un défilé. «Mais grave», se réjouit Joana Bender, dont les créations et le stylisme s'inspirent depuis toujours du sport: