Marco Odermatt: «Le record d'Hirscher ne représente rien»
La nouvelle saison de ski s'apprête à débuter. Avec un géant, comme toujours, du côté de Sölden. A une semaine du rendez-vous autrichien, le moment est venu de se pencher sur les petites et les grandes questions qui entourent Marco Odermatt.
La petite, d'abord: subsiste-t-il de la frustration, après son forfait à Sölden l'hiver dernier? Odermatt sourit: «Non, non, tout va bien. Ça ne m’affecte pas. Ce n’est pas comme si je n’avais jamais réussi à Sölden. J’y ai déjà gagné deux fois. J’y retourne avec de bonnes sensations».
Ce qui nous amène à la grande: depuis 2022, «Odi» a remporté quatre fois de suite le classement général de la Coupe du monde. Seuls Marc Girardelli (5) et Marcel Hirscher (8) le devancent encore. A quel point le record de l'Autrichien occupe-t-il son esprit? Hirscher avait dominé le Cirque blanc entre 2012 et 2019. Odermatt en est désormais à la moitié du chemin.
Quand CH Media, groupe auquel watson appartient, confronte le Nidwaldien à cette question, le skieur de 28 ans répond sans ambiguïté: «Ce record ne représente rien pour moi. Je peux vraiment le dire: ce n’est pas un objectif». Pourquoi?
La position d’Odermatt peut surprendre à première vue. Après tout, le sport tourne souvent autour des victoires et des records. Mais ses propos témoignent d’un état d’esprit sain, qui va au-delà de la performance. «Odi» pointe ici l'équilibre de vie.
Marcel Hirscher, lui, était obsédé par le succès. Mais dans sa quête de records, il s’est peu à peu perdu. L’Autrichien a mis un terme à sa carrière en 2019, à seulement 30 ans. Dans le documentaire Marcel, diffusé au printemps, il est revenu sur cette période difficile: «Beaucoup ont été surpris par ma retraite, rapide et soudaine. Mais j’étais mentalement et physiquement épuisé, à bout».
Cinq ans plus tard, à l’automne 2024, Hirscher a tenté un retour. Jusqu’ici, l’opération s’est révélée infructueuse. Représentant les Pays-Bas, le pays de sa mère, il a disputé trois courses, avant d’être stoppé net par une rupture du ligament croisé. Il travaille actuellement pour revenir, mais aucune date n’a encore été fixée.
Pour Odermatt, la gestion du succès est une question centrale dans sa carrière. Comment préserver intacte la joie de skier? Comment continuer à savourer les victoires sans les considérer comme normales? Et comment faire abstraction des attentes, quand les fans et les médias voient parfois une deuxième place comme une déception?
Pour l’instant, Marco Odermatt conserve son programme habituel. Il continue de s’aligner dans trois disciplines: le géant, le Super-G et la descente. Cette saison, avec les Jeux olympiques au programme, cela représentera pas moins de 30 courses en cinq mois.
Reste une question pour l’avenir: combien de temps va-t-il encore concourir en géant? Il est possible qu’avec l’âge, son attention se porte davantage sur les disciplines de vitesse. Odermatt lui-même le reconnaît: «En tant que skieur polyvalent, j’ai atteint mon sommet. Je l’ai senti déjà la saison passée. En descente, j’ai encore progressé sur de nombreuses sections. Mais j’ai un peu perdu en géant. C’est cette fine ligne qu’il faut gérer quand on veut tout faire».
Quoi qu’il en soit, le Nidwaldien reste le grand favori pour le classement général cet hiver. A condition, bien sûr, de rester en bonne santé. Il souligne néanmoins: «Je suis conscient que l’écart avec mes poursuivants s’est réduit ces dernières années. Je ne peux plus me permettre beaucoup d’erreurs». Il est d’ailleurs fort possible que son principal rival vienne de son propre camp: Loïc Meillard. Si le technicien de 28 ans parvient à conserver la forme affichée en fin de saison dernière et à éviter les blessures, il pourrait véritablement inquiéter Odermatt.