Sport
Ski Alpin

Ski: Lucas Braathen a un plan pour détrôner Marco Odermatt

Lucas Braathen a un plan pour détrôner Marco Odermatt

Bien dans ses baskets et «libre», le Brésilien se présentera dans quelques jours à Sölden, une station qui a profondément marqué sa carrière, avec le général en ligne de mire. Pour le remporter face à l'ogre Marco Odermatt, il compte ajuster son programme.
20.10.2025, 05:3020.10.2025, 05:30
Rainer Sommerhalder

Faire une interview avec Lucas Pinheiro Braathen demande des nerfs solides. Les réponses du skieur de 25 ans peuvent se transformer en longues réflexions philosophiques, ou prendre une direction qui n’a plus grand-chose à voir avec la question initiale. Ce sentiment se confirme dès qu’il évoque sa situation actuelle, qu’il qualifie de «complexe et compliquée».

Ce qui est néanmoins clair, c’est que Lucas Pinheiro Braathen veut être bien plus qu’un simple sportif à succès. Il se voit comme un symbole, capable d’inspirer les gens aux quatre coins du monde. C’est là son désir, sa mission. Lorsqu’il en parle, comme il l’a fait en exclusivité avant le début de la Coupe du monde, cela donne ceci:

«Le ski demande énormément de ressources. C’est un sport coûteux, qui nécessite une grande équipe autour de soi. Et puis je suis arrivé, complètement seul, avec un projet privé. Sans financement d’une fédération ou d’un pays. Ma valeur sur le marché reposait uniquement sur mon potentiel sportif et mon image. Je devais non seulement réussir sur le plan sportif, mais aussi me construire en tant que marque. C’était là une opportunité d’écrire l’histoire et d’inspirer les gens, avec un message: chacun peut réaliser son rêve. Dans mon cas, représenter ce nouveau drapeau en ski»
Lucas Pinheiro Braathen
Braathen a hâte d'écrire l'histoire en tant que skieur brésilien.
Braathen a hâte d'écrire l'histoire en tant que skieur brésilien.image: Luca Bruno

«J’étais un gringo»

La vie de Lucas Pinheiro Braathen a été façonnée par sa double culture. Son père est Norvégien et sa mère Brésilienne. Il est né à Oslo. Lorsque ses parents se séparent, il n’a que deux ans. Il part alors vivre au Brésil avec sa mère. Mais plus tard, la garde est confiée à son père, qui le ramène en Scandinavie. Durant sa jeunesse, Braathen déménage pas moins de 21 fois, au gré des saisons, son père travaillant dans différentes stations. Une instabilité qui l’a profondément marqué et forgé.

«Je me sens à la fois Brésilien et Norvégien. Je suis le fruit de deux cultures. J’ai grandi en vivant chaque jour avec deux points de vue différents. Ce contraste est ma réalité depuis la naissance. Adolescent, j’étais un Brésilien en Norvège, et un gringo au Brésil. Je pense que c’est précisément pour ça que je suis devenu skieur, que j’ai choisi un sport aussi complexe. C’est le reflet de ma dualité»
Lucas Pinheiro Braathen
Cette dualité se manifeste également sur ses mains: d'un côté, des bijoux artistiques, de l'autre, un outil qui mesure ses données de performance.
Cette dualité se manifeste également sur ses mains: d'un côté, des bijoux artistiques, de l'autre, un outil qui mesure ses données de performance.image: luca bruno

Un besoin de liberté

Braathen a fait ses débuts en Coupe du monde en 2018, à l’âge de 18 ans. Il a remporté cinq courses: trois slaloms et deux géants. Son premier succès en slalom, en janvier 2022 à Wengen, est entré dans la légende. 29e après la première manche, il avait réalisé une remontée spectaculaire lors du second passage. Lors de la saison 2022/2023, il avait ensuite remporté le petit globe de la spécialité.

Ces succès, Lucas Braathen les a obtenus sous les couleurs de la Norvège. Mais à l’été 2023, un conflit avec sa fédération au sujet des droits marketing a tout bouleversé. Sportif extraverti, il voulait choisir librement les marques qu’il porterait. Il disait ne plus se sentir libre, assurant qu’il ne pouvait être performant qu’en retrouvant ce sentiment. «Tout le monde sait que la liberté est l’une de mes plus grandes sources de réussite et de bonheur», déclarait-il à l’automne 2023, lorsqu’il surprenait tout le monde en annonçant sa retraite. Un an plus tard, il créait à nouveau la surprise: après avoir mis sa carrière entre parenthèses, il décidait de revenir à la compétition, cette fois sous les couleurs du pays de sa mère. Il devenait ainsi le tout premier Brésilien à évoluer en Coupe du monde.

Nous avons demandé à Lucas Pinheiro Braathen ce que signifie pour lui le mot libre. «La liberté, c’est la possibilité d’être soi-même à 100%, d’exprimer pleinement sa personnalité et d’être accepté tel quel. La liberté est la pierre angulaire de mon projet: représenter le Brésil en ski. Ce projet symbolise la lutte pour affirmer sa propre identité, et non pas vivre pour les autres. C’est essentiel pour devenir une source d’inspiration: il faut avant tout rester authentique. Le Brésil m’a donné à cela, alors que c’était justement le grand problème dans mon ancienne structure. Là-bas, je skiais pour les autres, pas pour moi. Dans ces conditions, je ne pouvais pas exprimer tout mon potentiel.»

Le skieur brésilien aspire à bien plus que le statut de simple athlète.
Le skieur brésilien aspire à bien plus que le statut de simple athlète.image: luca bruno

Lucas Pinheiro Braathen est donc un oiseau rare. Mais le ski, qui exige une discipline de fer, des entraînements intenses et de nombreux sacrifices, ne semble pas vraiment rimer avec liberté. Ou peut-être nous trompons-nous?

«Maîtriser cette dualité est un véritable art. Il faut faire preuve d’un grand perfectionnisme. L’obsession pour son rêve doit être suffisamment intense pour qu’on accepte de sacrifier sa vie personnelle. Mais il faut aussi savoir équilibrer ce rêve avec sa véritable destinée. Il faut faire confiance à l’univers, croire que tout ce qui arrive est voulu. Accepter les contraintes avec dévouement, tout en restant à l’écoute de ses propres besoins. C’est un équilibre extrêmement difficile à trouver.»
Lucas Pinheiro Braathen

Il lorgne sur le général

Braathen entretient une relation toute particulière avec Sölden, qui accueillera dans quelques jours le week-end d’ouverture de la saison. En 2020, lors du coup d’envoi dans cette station autrichienne, il y avait remporté son premier succès en Coupe du monde, en géant. Le 27 octobre 2023, à la veille du début du nouvel exercice, il avait annoncé sa retraite temporaire. Un an plus tard, c’est toujours sur le glacier des Alpes autrichiennes qu’il disputait sa première course sous les couleurs du Brésil, terminant directement à la quatrième place.

Désormais bien dans ses baskets, libéré de toutes contraintes et habitué à sa nouvelle structure privée, il aborde la saison à venir avec plusieurs objectifs. Braathen ambitionne d’entrer dans l’histoire du sport en décrochant la première victoire en Coupe du monde d'un Brésilien, ainsi qu’en remportant la toute première médaille brésilienne aux Jeux olympiques d’hiver. Lors de sa saison de retour, il est monté cinq fois sur le podium, sans jamais parvenir à s’imposer.

Ce passionné de samba, qui n’hésite pas à esquisser quelques pas de danse dans l’aire d’arrivée, envisage également de s’aligner en Super-G. Jusqu’à présent, Braathen n’a disputé qu’une seule course dans cette discipline: en novembre 2022 à Beaver Creek, où il avait pris une remarquable 7e place. Il considère le Super-G, sa troisième spécialité, comme une base solide pour rivaliser avec Marco Odermatt, et vise ainsi le classement général de la Coupe du monde.

20 plats américains qui méritent d'être connus
1 / 22
20 plats américains qui méritent d'être connus

La clam chowder est un plat populaire dans tout le pays, mais la meilleure se trouve en Nouvelle-Angleterre.

source: boston globe / boston globe
partager sur Facebookpartager sur X
Ce sont les gâteaux du moment
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
As-tu quelque chose à nous dire ?
As-tu une remarque pertinente ou as-tu découvert une erreur ? Tu peux volontiers nous transmettre ton message via le formulaire.
0 Commentaires
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
Cette joueuse «spéciale» a marqué les esprits
Lily Yohannes se souviendra longtemps de son premier but pour Lyon, inscrit mercredi en Ligue des champions.
Lily Yohannes a inscrit son premier but pour Lyon, mercredi contre l'équipe autrichienne de Sankt-Pölten. Et quel but: une frappe de près de quarante mètres en seconde période (52e)! Son envoi a lobé la gardienne Carina Schlüter et contribué au large succès 3-0 des Françaises lors de la 2e journée de Ligue des champions.
L’article