Le très beau geste de Xhaka envers son nouveau coéquipier
Adrian Bajrami affiche un large sourire lorsqu’il évoque sa première sélection avec l’équipe de Suisse. Lundi, à la 77e minute du match contre la Slovénie, le défenseur du FC Lucerne est appelé à entrer en jeu pour remplacer Ricardo Rodriguez, touché physiquement. «J’ai été très surpris», confie Bajrami. «"Ricci" s’est blessé, et d’un coup, j’ai dû y aller. C’était peut-être mieux ainsi. Je n’ai pas eu le temps d’être nerveux.» Sur le terrain, il reste simple, joue des ballons sûrs, applique les fondamentaux. «J’étais un peu tendu au début, mais après deux ou trois passes, j’étais dans le match.»
Il a également pu compter sur les conseils du capitaine de la Nati, Granit Xhaka, comme il le raconte à son retour en Suisse centrale.
Pour sa première sélection, Bajrami a donc été guidé par celui qu’il admire. «Le premier jour, quand je l’ai salué, j’avais du mal à croire que c’était vraiment Granit Xhaka», dit-il. «Mais on se rend vite compte que c’est une personne normale, et c’est un vrai plaisir d’évoluer avec lui.»
Un précieux souvenir
L’estime que voue Bajrami au capitaine de la Nati se reflète aussi dans ce qu’il a rapporté du rassemblement: non seulement son propre maillot, mais aussi celui de Xhaka. Un souvenir qu’il a pu obtenir après la victoire 2-0 en Suède, où Xhaka avait inscrit le premier but sur penalty. «Je lui ai demandé s’il pouvait me le donner. Il m’a pris dans ses bras et me l’a offert.» Les deux maillots trôneront prochainement encadrés, côte à côte, chez le joueur de 23 ans.
Mais ce qui compte encore plus à ses yeux, c’est le compliment reçu après son match: «Bajrami est un garçon très agréable, toujours positif et un vrai défenseur», a déclaré Xhaka.
Commentaires élogieux, souvenirs, accompagnement sur le terrain: décidément, Granit Xhaka exerce à merveille son rôle de capitaine, qui consiste aussi à intégrer les jeunes en sélection.
Bajrami affirme s’être vite senti à l’aise au sein du groupe: «Mes attentes ont été largement dépassées, que ce soit avec les joueurs ou le staff. Tout le monde m’a très bien accueilli».
Des insultes sur les réseaux sociaux
Le match en Slovénie représentait en réalité le deuxième baptême international de Bajrami. Le 13 juin 2022, il avait disputé une première rencontre avec la sélection albanaise. Suivirent deux autres matchs amicaux sous les couleurs du pays de ses parents, avant qu’il ne décline une convocation en septembre dernier pour rejoindre définitivement l’équipe de Suisse.
Ce choix n’a pas été sans conséquences: sur les réseaux sociaux, certains supporters albanais l’ont violemment insulté. «Je savais que des commentaires négatifs allaient arriver. Je peux vivre avec le fait que certains ne comprennent pas ma décision. Beaucoup d’autres la comprennent», dit-il. Il insiste: «Ce n’était pas un choix contre l’Albanie. Mes racines sont là-bas, j’en suis fier, et ce sera toujours le cas».
Transféré de Benfica au FC Lucerne, d’abord en prêt puis définitivement, Bajrami s’est imposé comme un cadre en défense, ce qui lui a ouvert les portes de la Nati. Son entraîneur en club, Mario Frick, salue cette évolution: «Il a fait un bon match, quasiment sans erreur. Mais ce n’est que le début pour lui avec l’équipe de Suisse».
Bajrami ne compte pas s’arrêter là. «Bien sûr, on rêve de Coupe du monde, de l’Euro, de tout ça», sourit-il. «Mais ça ne sert à rien de se projeter trop loin. Je suis assez lucide pour le savoir.» Il en est convaincu: tout passe par les performances en club. «Je me reconcentre maintenant entièrement sur le FC Lucerne.» Prochain rendez-vous en championnat, dimanche à domicile contre le Lausanne-Sport, timide 10e de Super League. «Je ne pense déjà plus qu’à ce match», lance le néo-international.