L'équipe cycliste Astana a frappé fort lors du dernier Tour de France. En plus d'avoir permis à Mark Cavendish de remporter une 35e victoire d'étape sur les routes françaises, record absolu devant Eddy Merckx, elle a annoncé un partenariat avec le fabricant de cycles XDS, jusqu'alors relativement méconnu.
La collaboration a enfin débuté au 1er janvier et durera «au moins cinq ans». Elle permet à l'entreprise d'équiper les coureurs de la formation kazakhe via sa marque premium: X-Lab. C'est la première fois qu'une manufacture chinoise fournit des vélos à une équipe du World Tour.
Astana roule donc désormais sur le X-LAB AD9 (hors étapes de montagne), dont le cadre aérodynamique n'a rien à envier aux meilleures machines du marché, pour beaucoup fabriquées en Asie, mais développées et/ou assemblées en Europe et aux Etats-Unis. Le modèle se distingue par son prix défiant toute concurrence: moins de 3 000 francs, ce qui signifie potentiellement un cycle performant et tout équipé à moins de 10 000 francs. On tient sans doute le vélo le moins cher du peloton.
🚲 NEW BIKE
— XDS Astana Team (@XDSAstanaTeam) December 13, 2024
Meet X-Lab AD9, XDS Astana Team new bike for 2025 season! #XDSAstanaTeam #XLabBike pic.twitter.com/da3WFhNkG2
La formation managée par Alexandre Vinokourov tente ici un coup semblable à celui réalisé par Decathlon AG2R La Mondiale. Cette dernière a fait sensation l'an passé avec ses vélos Van Rysel, conçus par son sponsor multisports Decathlon, jugé «moins technique» que les marques traditionnelles. En fait, elle n'a jamais autant performé qu'au cours de la saison 2024, malgré un certain scepticisme dans le peloton au moment de l'annonce du partenariat.
Mais revenons à cette collaboration entre Astana et XDS, qui est loin de se limiter à de simples vélos. Le fabricant chinois est devenu le partenaire principal d'une formation dorénavant appelée XDS-Astana, et est décidé à investir massivement dans la structure, à hauteur des meilleures équipes. Son objectif? Faire du collectif kazakh une «superteam» du même calibre qu'UAE Team Emirates.
Le fait qu'Astana et XDS se soient associés n'a rien de surprenant. Le Kazakhstan et la Chine ne partagent pas seulement des frontières, des cours d'eau et des montagnes. Les deux autocraties entretiennent une longue relation d'amitié et voient tous les deux le sport comme un instrument de soft power.
Astana est née en 2007 à l'initiative du gouvernement de Noursoultan Nazarbaïev et porte depuis haut les couleurs du Kazakhstan. Il s'agit en fait de la première «équipe-état» du cyclisme, créée bien avant UAE Team Emirates ou la Bahrain Victorious. De son côté, la Chine a organisé de grands événements sportifs comme les Jeux olympiques de Pékin, en été comme en hiver. Elle accueille aussi une tournée en tennis et met déjà la main au portefeuille pour organiser des critériums estampillés «Tour de France». Ses entreprises se rapprochent également des grandes instances sportives de ce monde. Alibaba a ainsi signé en 2017 un partenariat historique avec le Comité international olympique (CIO).
Mais quel est donc le lien entre le fabricant XDS, qui assure produire 10 millions de vélo par an, et l'état chinois? Celui-ci reste à établir. Cependant, «il faudra analyser d'où proviennent ces fonds», a déclaré dans les colonnes du Figaro Kévin Veyssière, fondateur du site FC Geopolitics, à propos des investissements réalisés par la société chinoise.
Prête à devenir une «superteam», XDS-Astana s'est montrée particulièrement active cet hiver sur le marché des transferts. On compte parmi les nouvelles recrues Wout Poels, Mike Teunissen, Sergio Higuita, Diego Ulissi, Fausto Masnada ou encore Clément Champoussin. Mais aussi Haoyu Su, qui intègre le World Tour neuf ans après que Cheng Ji, seul coureur chinois à avoir participé au Tour de France, l'ait quitté.
Ce recrutement porte déjà ses fruits. 21e du classement mondial en 2024, et donc en passe de perdre sa licence, XDS-Astana pointe aujourd'hui à la deuxième place du World Tour, juste derrière UAE Team Emirates. Il ne lui manque qu'un grand coureur de classement général, comme le concédait à Cyclism'Actu Alexandre Vinokourov, pour propulser le Kazakhstan, mais aussi la Chine désormais, au sommet du cyclisme mondial.