Elversberg n'en finit pas de déjouer les pronostics. Alors qu'il n'avait que la 16e masse salariale de D2 allemande avec 7 millions d'euros bruts annuels, le club de la Sarre (sud-ouest de l'Allemagne) a réussi à terminer 3e de son championnat (derrière Cologne et Hambourg) et donc à se qualifier pour le barrage de promotion/relégation en Bundesliga.
Jeudi, Elversberg a décroché un très bon 2-2 sur le terrain d'Heidenheim lors du barrage aller. Ses chances de promotion sont donc intactes avant le retour, ce lundi soir (20h30) à domicile. La donne est simple: le vainqueur du match jouera en Bundesliga la saison prochaine. En cas de nouveau match nul, peu importe le score (la règle des buts à l'extérieur ne s'applique plus en Allemagne), deux périodes de 15 minutes seront jouées. Et si cela ne suffit toujours pas, une séance de tirs au but départagera les deux formations.
L'ascension du «SVE» (de son nom complet Sportvereinigung 07 Elversberg) en «Buli» serait doublement historique: d'abord parce que l'équipe de cette ville de 13'000 habitants n'a jamais atteint le premier échelon du foot allemand, ensuite parce qu'Elversberg deviendrait la plus petite localité promue en 1re division allemande.
L'AFP rappelait récemment dans une dépêche que pour l'heure, le record de la plus petite ville dont le club a évolué en Bundesliga appartient à Unterhaching, une localité de 26'000 habitants en banlieue de Munich. Le SpVgg Unterhaching avait été promu en 1999 et avait réussi à se maintenir lors de sa première saison grâce à une belle 10e place, avant de tomber l'année suivante.
En 2022, le «SVE» avait encore un statut semi-professionnel en 4e division allemande. Si tout est allé très vite depuis, avec deux promotions en trois ans, c'est notamment grâce au président Frank Holzer, le patron d'une entreprise pharmaceutique (URSAPHARM) devenue l'un des principaux sponsors du club et qui a même donné son nom au stade.
Cet ancien joueur et homme d'affaires local, qui a pris la tête du club en 1990, a parfois fait comme Christian Constantin en assumant les fonctions d'entraîneur.
Mais on aurait tort de réduire les exploits du club à son seul président. Si «Die Elv» est aussi redoutable depuis plusieurs saisons, c'est aussi grâce aux hommes de la première équipe, comme son entraîneur emblématique Horst Steffen, dont L'Equipe rappelle qu'il n'avait jamais entraîné plus haut que la D3 avant d'arriver au club en 2018.
Steffen a bâti une équipe solide dont le jeu est axé sur la verticalité et le pressing. Le coach ne plaisante pas non plus avec les tâches défensives, demandant en permanence à ses attaquants d'effectuer un repli défensif. Et ça marche: le SV Elversberg a terminé la saison avec la deuxième meilleure défense de 2e division (37 buts encaissés en 34 journées).
Il a aussi pu compter sur un attaquant en feu: Fisnik Asllani, un international kosovar (5 sélections) né à Berlin en 2002 et prêté par le TSG 1899 Hoffenheim. Auteur de 18 buts et 8 passes décisives en championnat, ce buteur d'envergure (191 cm) explique aussi le succès du «SVE».
Son entraîneur lui a d'ailleurs souvent rendu hommage cette saison. «Il a une grande intelligence de jeu, une qualité de finition remarquable et une énergie incroyable», a notamment loué Horst Steffen.
Elversberg n'a pas eu le temps d'adapter ses équipements à sa folle ascension sportive. Le club joue toujours dans un petit stade de 10'000 places, l’Ursapharm-Arena, et ses joueurs se changent encore dans des vestiaires en préfabriqué.
Mais cela devrait bientôt changer, puisqu'une tribune supplémentaire viendra s'ajouter au stade et un nouveau centre d'entraînement est actuellement en travaux. De quoi rêver un peu plus grand, peut-être en Bundesliga dès la saison prochaine.