On peut comprendre un peu son irritation lorsqu'il n'a pas été invité au rassemblement de l'équipe nationale début octobre. Après tout, Dereck Kutesa avait déjà marqué cinq fois en championnat à ce moment-là. Il avait révélé ensuite à quel point cette non-sélection l'avait affecté:
Le joueur de 26 ans est peut-être en train de flirter avec l'équipe nationale angolaise, il en a le droit puisqu'il n'a pas encore disputé le moindre match officiel avec la Nati.
Mais si Kutesa continue à se comporter de la sorte, il serait très étonnant que Murat Yakin ne le convoque pas et ne l'utilise pas pour les matches internationaux de novembre contre la Serbie et en Espagne.
Rapide et rusé, Kutesa a toujours été un joyau très courtisé. A 18 ans, il a quitté Genève pour Bâle. Il n'a pas réussi à s'établir comme titulaire au FCB, ni plus tard à Lucerne et à Saint-Gall. Pourtant, personne ne doutait sérieusement de ses qualités. Mais le reproche était toujours le même: le manque d'efficacité.
Depuis cette saison au moins, Dereck Kutesa n'entend plus cette critique. Contre le FC Zurich, il a inscrit ses 7e et 8e buts de la saison, décidant quasiment à lui seul de l'issue de ce match au sommet et propulsant son club en tête du championnat.
La saison n'avait pourtant pas commencé idéalement pour le joueur de 26 ans. Après la victoire initiale contre Lucerne, il avait été la cible d'un message raciste sur les réseaux sociaux. Mais Kutesa avait décidé de ne pas y accorder d'importance:
Selon lui, l'auteur du message avait plus à perdre que celui auquel la critique était destinée. Des mots forts. Mais les choses ne se sont pas calmées pour autant pour Kutesa. Et un peu plus tard, tout laissait à penser qu'il allait quitter son club de toujours, où il était revenu en 2022 après des expériences au Stade de Reims et à Zulte Waregem. On parlait d'une offre d'Arabie saoudite, et le conseiller de Kutesa lui-même ne semblait pas opposé à l'idée d'un transfert. Mais le fait est que le joueur est resté à Genève.
Avec le recul, son choix semble judicieux. Il aurait bien sûr pu gagner plus d'argent dans les pays arabes, mais son heure viendra, car son contrat à Genève expire l'été prochain et que s'il continue à briller, il pourra poursuivre sa progression à l'étranger avec un contrat à la hausse et une grosse prime.
Kutesa, en fait, est au Servette ce que Xherdan Shaqiri est au FC Bâle: le joueur qui fait la différence et le spectacle, une attraction, le footballeur pour lequel le public se rend au stade. Il est d'ailleurs bien possible que ce soit Kutesa ou Shaqiri qui décide de la lutte pour le titre au cours de la saison.