Il est un peu plus de 17 heures, heure locale, lorsqu'on descend de l'avion et pose le pied sur le sol qatari pour la première fois. Le soleil se couche déjà à l'horizon, la nuit tombe étonnamment vite. Mais c'est aussi l'hiver à Doha, où il ne fait «que» 30 degrés.
La première impression au Qatar, pays hôte de la Coupe du monde? Un calme étrange. Il émane de l'aéroport international, entièrement rénové pour l'événement. C'est agréable et ça n'a rien à voir avec l'agitation qu'on connaît à l'aéroport de Zurich. Il y a partout des gens adorables qui demandent aux nouveaux arrivés leur carte Hayya (une sorte de visa pour la Coupe du monde et le Qatar). Ou nous indiquent le chemin.
L'aéroport ne semble pas seulement très propre, il l'est réellement. En un temps qui semble être un record mondial, on récupère nos bagages et décide de rejoindre le quartier de notre hôtel non pas en taxi, mais en métro. Histoire de prendre le pouls de Doha pour la première fois.
Juste avant la sortie, une femme en uniforme nous fait signe. Elle sourit malicieusement et crie:
On décline l'offre. Il s'avère après coup qu'elle n'est valable que pour les trois premiers jours. Direction le métro qui, lui, peut être utilisé gratuitement.
On ne voit pas encore de grandes foules, mais ça pourrait bientôt changer, si on en croit le chiffre de trois millions de billets vendus colporté par la Fifa. Le Qatar est-il vraiment prêt à ingurgiter tous les fans venus de près ou de loin? On ne peut s'empêcher de penser que ça puisse être le chaos.
La zone critique: le centre-ville. Là-bas, au «Souq Waqif», l'affluence est beaucoup plus forte. Des Qataris et des étrangers s'y rassemblent le soir. Ils mangent, boivent, s'assoient et discutent, certains fument une chicha. Ce qui est frappant, c'est que les hommes restent entre eux, dans un groupe. Les femmes aussi, même si elles sont moins nombreuses. Tous les visages sont joyeux, sans exception. Le chef de notre restaurant nous affirme:
Un léger sentiment de malaise subsiste néanmoins. On n'ose pas imaginer ce qui peut se passer quand trop de groupes de supporters se mélangeront et que la joie laissera place à la frustration. La frustration? La colère? Elles ne sont évidemment pas prévues dans les plans de la Fifa. Cette dernière en est certaine: la Coupe du monde sera une fête somptueuse, «le meilleur Mondial de tous les temps», comme l'a annoncé dès le tirage au sort le président de l'instance, Gianni Infantino.
A peine arrivé, on retrouve le Valaisan. En pensées. Un communiqué de la Fifa est arrivé dans notre boîte mail. Son titre? «Le président Infantino demande un cessez-le-feu pendant la Coupe du monde». Il est fait référence à la guerre d'agression russe contre l'Ukraine.
Par ailleurs, Infantino demande des pourparlers de paix au nom du football. C'est le rôle dans lequel le président de la Fifa aime particulièrement se voir: celui de sauveur du monde. Oublie-t-il que la Fifa elle-même s'est jetée dans les bras de la Russie il n'y a pas si longtemps? Il l'occulte volontiers.
Adaptation en français: Yoann Graber