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Faire payer le public, le dilemme du foot féminin

Die Genfer jubeln mit dem Pokal nach ihrem Sieg im AXA Women's Cup Final 2023 Servette Chenois Feminin gegen den FC St.Gallen 1879 im Letzigrund, am Samstag, 29. April 2023 in Zuerich. (KEYSTONE/ ...
Les fans du Servette FC Chênois féminin ont fêté la victoire en Coupe avec les joueuses, en avril dernier au stade du Letzigrund (Zurich). A Genève, c'est 10 francs le billet de match.Image: KEYSTONE

Faire payer le public, le dilemme du foot féminin

Pour la première fois de son histoire, le FC Bâle féminin fait payer ses spectateurs cette saison, en espérant que les fans suivront.
21.09.2023, 19:0821.09.2023, 21:31
julien caloz et cedric oppliger
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Lors de sa victoire 5-1 contre Lucerne, samedi dernier en Women's Super League (1re division suisse), le FC Bâle féminin a fait payer l'entrée à ses supporters pour la première fois de son histoire. Les billets étaient disponibles une heure avant le coup d'envoi au prix de 10 francs par personne (5 francs pour les abonnés du FCB masculin et les bénéficiaires de l'AVS/AI; gratuit pour les moins de 16 ans). Comme il s'agissait d'une première, tout n'était pas encore au point: le paiement ne pouvait se faire qu'avec Twint, une carte bancaire ou un montant exact en espèces.

«Il ne sera pas possible de rendre la monnaie»
Le club rhénan dans un communiqué

Pour justifier l'introduction de billets, le FCB a expliqué qu'il s'agissait d'une nouvelle étape dans la professionnalisation de sa section féminine. «Cela donne aussi une plus grande valeur aux matchs», assume le club du nord-ouest du pays, qui ne deviendra pas plus riche pour autant: les recettes provenant des entrées ne représenteront guère plus de 5% du budget annuel d'environ 800 000 francs.

Le Leichtathletikstadion St. Jakob, où jouent les Bâloises.
Le Leichtathletikstadion St. Jakob, où jouent les Bâloises.Image: Uwe Zinke/SPO

En fait, le FCB se calque sur ce qui se fait ailleurs: dans le foot masculin, d'abord, où tous les matchs sont payants sans que personne n'y trouve rien à redire; dans le foot féminin, ensuite, où de nombreux autres clubs de première division font déjà casquer les spectateurs. C'est le cas du Servette FC Chênois féminin. L'équipe grenat ne fait pas de vente en ligne, mais propose des places à «10 francs environ» (selon le club) directement au stade.

GC a gagné des spectateurs

On pourrait craindre que cela décourage les spectateurs de se déplacer, mais le FCB ne tremble pas pour ses audiences.

«Les expériences d'autres clubs ont montré que les supporters sont tout à fait disposés à payer un certain montant pour les matches»
Porte-parole de la section féminine du FC Bâle

C'est également ce que confirme Christoph Schliewe, le responsable marketing de l'équipe féminine de GC. «Nous avons même pu augmenter massivement le nombre de spectateurs. Alors que 50 fans en moyenne suivaient nos matchs avant la vente de billets à l'été 2022, nous avions une moyenne de 300 personnes la saison dernière.» Schliewe attribue notamment cette hausse à la valeur prise par le «produit» et au fait que GC investisse ses recettes en faveur du public, améliorant par exemple l'offre de restauration au stade.

A Yverdon, c'est à votre bon coeur

Contrairement au foot masculin, faire payer le public en 1re division féminine reste un sujet sensible. Les dirigeants doivent se justifier, expliquer pourquoi ils mettent en place une billetterie et ce qu'ils entendent faire avec les recettes. En 2e division, la question ne se pose (presque) pas. Même si le FC Sion féminin nous dit que le public n'a pas trouvé scandaleux de devoir débourser 10 francs (plein tarif) pour assister à un match du tour final l'an dernier à Tourbillon, les clubs ne veulent surtout pas décourager le public en lui faisant payer l'entrée. C'est ce que nous explique le FC Yverdon féminin par la voix de son chef de presse:

«Le développement du foot féminin est un défi. Une des premières étapes permettant d'accroître sa popularité est de rendre l'accès aux matchs gratuit»
L'entraineur d'Yverdon Frederic Davoli, centre, parle avec les joueuses lors de la rencontre de football de Women's Super League entre FC Yverdon Feminin et Grasshopper Club Zuerich le  ...
Les Yverdonnoises à domicile il y a deux ans.Image: KEYSTONE

L'équipe nord-vaudoise pratique la méthode dite «du chapeau». «Quelqu'un passe dans la tribune en fin de match et chacun donne ce qu'il veut, nous dit le club. Au final, ce sont peut-être 200 francs par rencontre qui vont dans la caisse d'équipe et qui permettront aux joueuses de faire une sortie ou un repas au terme de la saison.»

Un tel montant semble dérisoire. Après tout, les footballeuses s'entraînent dur chaque semaine afin de proposer un jeu de qualité le week-end. Pourquoi leur prestation devrait-elle être accessible sans payer de droit d'entrée? Vice-président du FC Sion féminin, Vincent Fragnière se pose aussi la question.

«Il me semble évident que les matchs de LNB féminine doivent être payants. On parle quand même de la Ligue nationale, du haut niveau. Et puis, la billetterie permet aussi de valoriser le foot féminin.»

«D'ailleurs, dès qu'on le peut, on demande au public d'acheter une entrée», ajoute Vincent Fragnière. Le problème, c'est que le club valaisan ne peut pas toujours mettre de billetterie en place. D'abord parce que ses matchs à domicile se disputent le plus souvent sur le terrain de l'Ancien stand à Sion, un espace considéré comme public, donc ouvert à toutes et tous. Ensuite parce que Sion organise parfois ses matchs «à domicile» dans des villages du canton.

«On se rend chez des partenaires qui nous ont aidés durant l'été ou l'hiver en nous prêtant leur terrain d'entraînement, dit le dirigeant. C'est important de nous déplacer afin de faire connaître notre équipe au plus grand nombre.»
Les Valaisannes ont joué à Loèche cet été.
Les Valaisannes ont joué à Loèche cet été.

Une des raisons qui a poussé Bâle à instaurer des billets cette saison, c'est la volonté réaffirmée de la Fédération et des clubs d'avoir des chiffres de fréquentation fiables. Or «une vente de billets aide à indiquer plus précisément à la Ligue le nombre de spectateurs présents au stade», a justifié le FCB. Un tel argument aurait-il un sens en LNB? Pas vraiment, selon Vincent Fragnière. «L'affluence n'est pas très difficile à connaître. On était 178 contre Yverdon le week-end dernier. Je le sais, parce que j'ai compté!»

En appliquant la grille tarifaire du FC Bâle, c'est-à-dire 10 francs le billet, 5 pour les abonnés à l'équipe masculine et les bénéficiaires de l'AVS/AI, et gratuit pour les moins de 16 ans, on peut facilement penser que le club valaisan aurait au final perçu moins de 1000 francs. Un maigre butin. Mais Vincent Fragnière préfère voir le bon côté des choses: «Ça permet au moins de financer les coûts du match, notamment la venue des arbitres!»

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