Peter Scarfe est président du groupe de survivants de la tragédie d’Hillsborough. Il a révélé dans un congrès organisé lundi par le Parti Travailliste que deux supporters se sont donné la mort récemment, incapables de retrouver une vie normale après les incidents du Stade de France. «Le souvenir de 1989 est revenu hanter ces deux personnes de 52 et 63 ans.»
La catastrophe d’Hillsborough est restée dans toutes les mémoires mais elle n'a jamais cessé de tourmenter ceux qui l'ont vécue sur place. Le 15 avril 1989, lors d’un match entre Liverpool et Notthingham Forest, 97 fans des Reds ont péri dans un mouvement de foule incontrôlable, étouffés et écrasés contre les grillages. 93 personnes sont mortes sur le coup, dont des enfants, et 4 des suites de leurs séquelles.
Les rescapés d’Hillsborough ont eu l'impression de revivre la scène au Stade de France. Ils étaient 150, selon Peter Scarfe. 150 supporters à avoir vécu les deux catastrophes.
Ce dernier point est crucial: comme à Hillsborough, de nombreuses victimes ont souffert d'une enquête bâclée et vite classée qui, dans un premier temps, les a désignés comme les uniques causes du drame. Ce fut également la première version du premier Ministre Gérald Darmanin, mais aussi de nombreux intellectuels et politiciens français sans aucune connaissance du terrain.
«Le gouvernement français, comme autrefois la police anglaise, a spontanément accusé les fans des Liverpool d'être responsables de ces débordements», rappelle Peter Scarfe dans L'Equipe.
Le collectif HSSA (Hillsborough Survivors Support Alliance) finance les thérapies de onze supporters présents à la fois à Hillsborough et au Stade de France. Tous semblent souffrir de profonds traumatismes. «Chacune de ces thérapies coûte plusieurs milliers de livres et nous peinons à les financer, malgré les dons que nous recevons et la contribution de la fondation du club de Liverpool.»
Peter Scarfe a encore révélé qu'une troisième victime d'Hillsborough s'était donnée la mort en avril de cette année, peu avant la date anniversaire.