A cette époque de l'année, les rumeurs poussent comme l'herbe dans les prés, mais quand «The Times» et «The Athletic» en font tout un foin, c'est que la situation est mûre: Mauricio Pochettino ne restera pas au PSG si un grand club parvient à l'en dissuader.
En tout juste six mois, l'entraîneur argentin a découvert un PSG désorganisé, des gens pas très sérieux et une culture relativement archaïque du vedettariat à la française, où les papillons de nuit se brûlent les ailes à la lumière des projecteurs.
Pochettino ne dit pas qu'il veut partir, stipule «The Athletic», mais il ne précise pas non plus qu'il veut rester, et ce silence résonne à Doha comme une humiliation, un désaveu de l'omnipotence qatarie, dont le PSG est (avec la Coupe du monde 2022) le vecteur et le garant.
Le Qatar a besoin de légitimité, et c'est bien pour s'épargner un affront qu'il continue de verser 36 millions d'euros par an à Neymar, dont il vient de prolonger fièrement le contrat jusqu'en 2025, sans jeter un oeil aux statistiques (9 buts, dont 5 sur pénalty), ni chipoter sur la forme (très moyenne depuis deux ans).
Le Brésilien compte 144 millions d'abonnés sur Instagram, quatre fois plus que son club. En terme de rayonnement, il est plus grand que le PSG et le fait volontiers sentir sur le terrain, où ce même rayonnement ne cesse de faiblir. Neymar est un hédoniste impénitent, prince de l'esbroufe et du cabotinage, il jouit d'un totem d'immunité que même Pochettino n'a pas le culot (ou le courage) de lui contester.
Plus vexant peut-être, Kylian Mbappé rechigne à prolonger son contrat et enfreint tous les ultimatums de son directeur sportif. L'enfant de Bondy est une figure identitaire du Paris gavroche, né dans le béton et la misère. Il a 22 ans et veut «gagner des titres», ce qui signifie que ses réflexions intenses, depuis six mois, consistent à évaluer si Paris est le bon endroit pour ça. Chaque jour que dure cette réflexion est autant de blessure d'amour-propre infligée au PSG, indirectement à l'émir du Qatar.
Mbappé impose ses conditions, notamment l'engagement d'un latéral droit de classe mondiale. Or, Achraf Hakimi (Inter Milan), que la presse française annonçait au PSG, semble discuter avec plusieurs concurrents. Les Parisiens ne sont pas au courant; mais les cocus sont toujours les derniers informés.
Au final, il est tout à fait vraisemblable que Pochettino reste, que Mbappé combine avec Neymar sur des centres d'Hakimi, «mais le mal est fait», constate un édito du Parisien. Qu'elles que soient leur issue, ces discussions sont révélatrices d'un rapport de force entre un club demandeur et des joueurs très demandés, dont certains justifient leur fidélité en expliquant qu'ils se sentent bien à Paris; non au PSG (Angel Di Maria et Julian Draxler).
🎥 | Le club qui va le signer en aura de la chance...
— Joueurs Marocains 🇲🇦 (@JoueursMA) June 1, 2021
Achraf Hakimi, quel joueur. 🤩🇲🇦 pic.twitter.com/pc0C7kSGWq
Ces «on-dit» rappellent le club à sa condition de nouveau riche, un club que l'on choisit aussi pour son argent, où les joueurs peuvent fumer, descendre des shots de tequila et partir en week-end à Las Vegas sans encourir de réprimande. Le directeur sportif Leonardo a beau répéter que «le club est au-dessus de tout», quelle importance si certains s'y croient en vacances?