Sport
Football

Ricardo Dionisio, ex FC Sion, raconte son sacre en Equateur

Image

Nul au FC Sion, champion en Equateur: interview d'un coach heureux

Ricardo Dionisio, ancien coach du FC Sion, vient de remporter le championnat d'Equateur avec son club d'Independiente del Valle où il officie comme entraineur assistant et préparateur physique. Rencontre (téléphonique) avec un homme heureux.
20.12.2021, 05:0920.12.2021, 12:06
jonathan amorim

Félicitations pour votre titre de champion. On imagine que ça va plutôt pas mal...
Ricardo Dionisio: Très honnêtement, ce que l'on est entrain de vivre dépasse toutes les attentes que nous avions en arrivant ici en Equateur. On vient de vivre quelque chose d'humainement incroyable, je suis très heureux. Cela nous conforte dans l'idée que nous avons fait le bon choix en venant ici.

Aucun regret, vraiment?
J'ai toujours dit à mon ami Renato (ndlr: Renato Paiva, l'entraîneur principal) que je le suivrai dans ses aventures. On s'est connu au centre de formation de Benfica, on a une amitié très forte. Lorsqu'il m'a proposé ce projet en Equateur, c'était un saut dans l'inconnu pour nous deux. En arrivant, on a tout de suite commencé à travailler pour comprendre le contexte sportif mais également humain dans lequel on était propulsé. On a voulu imposer nos idées dès le début. Une année après, on vient de remporter le premier titre de champion de l'histoire du club. C'est un exploit que l'on n'aurait jamais imaginé réaliser dès notre première année. Donc non, aucun regret, au contraire!

Le nouvel entraineur du FC Sion, Ricardo Dionisio Pereira, donne des consignes a ses joueurs lors de la reprise de l'entrainement le vendredi 3 janvier 2020 a Fully. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bot ...
Ricardo Dionisio lors de son bref passage au FC Sion keystone

En Equateur, vous avez un rôle un peu différent de celui que vous aviez en Suisse. Cette polyvalence est-elle l'une de vos forces?
Effectivement, en suivant Renato, j'ai pris le rôle d'entraineur assistant et de préparateur physique, ce qui ne me dérange absolument pas. J'avais déjà connu cette situation dans ma carrière au Portugal et à Servette. À Nyon et à Sion, j'ai eu la chance d'être entraîneur principal, ce qui m'a beaucoup apporté également. Au final, ce sont toutes des expériences qui me permettent de progresser dans ma carrière.

Independiente del Valle, c'est un club un peu spécial...
Ici, c'est l'Europe mais en Amérique du Sud. Même sur le Vieux-Continent, je n'ai jamais vu pareille organisation. On a des infrastructures ultramodernes, un stade flambant neuf. Le centre de formation est également très professionnel. Les jeunes sont encadrés et vivent ici neuf mois par an. Le club joue également un rôle social important, que ce soit dans la ville de Quito ou dans le reste du pays. Il est impliqué dans beaucoup de projets humanitaires.

Pour découvrir, le magnifique «estadio Banco Guayaquil»

Les jeunes joueurs ont d'ailleurs été l'un des éléments clé de votre réussite.
Oui, nous avons intégré cette saison huit joueurs du centre de formation dans la première équipe. Un jeune est déjà parti en MLS (aux Etats-Unis) et un autre devrait rejoindre l'Allemagne prochainement. C'est un autre motif de fierté pour nous.

Comment avez-vous fêté le titre?
On a joué le dernier match à Guayaquil à 400 km de Quito, contre le Sport Club Emelec, notre principal rival. On a accroché le nul et décroché le titre. C'était très intense. On est ensuite revenu à Quito en avion où nos supporters nous attendaient à l'aéroport à quatre heures du matin. Ce qui est fort, c'est que nous avons réalisé cet exploit dans un club secondaire. Nous avons moins de supporters que les grands clubs du pays mais leur passion pour le football est tout aussi exceptionnelle.

Passer de la Suisse à l'Equateur, en termes de passion pour le football, on imagine que c'est un choc culturel?
En effet, en Suisse, le football ne possède pas une place aussi importante dans la société qu'en Amérique du Sud. Les jeunes joueurs sacrifient tout ici pour réaliser leur rêve de devenir football professionnel. Forcément, pour nous, entraineur, c'est extraordinaire, de pouvoir travailler au quotidien avec ces jeunes passionnés. On a également la chance d'exercer dans un contexte plus libéré qu'en Europe où le football devient de plus en plus fermé. Ici, on laisse les joueurs exprimer leur créativité.

«Beijinhos» de Quito
«Beijinhos» de Quito

Un choc culturel qui ne s'arrête pas qu'au football par ailleurs.
Non, c'est vrai. Ce qui m'a le plus marqué ici, c'est la façon avec laquelle on a été accueilli. Les Equatoriens sont un peuple très ouvert, très chaleureux. C'est également un pays très pauvre mais où les gens sont très heureux. Et vous savez, cette générosité, cette gentillesse, on la ressent. Elle nous touche et nous contamine (il marque une pause, ému). Au final, ces expériences nous permettent de nous rendre compte de passablement d'éléments sur notre société occidentale très individualiste.

En plus, cette expérience humaine, vous l'avez vécue dans un contexte sanitaire très difficile.
Les Equatoriens nous ont beaucoup aidé. Je vis seul ici à Quito mais la qualité de vie y est très agréable. C'est très sécurisé contrairement à ce que l'on peut parfois entendre à la télévision. La pandémie a surtout été un facteur compliqué à gérer lors de notre campagne en «Copa Libertadores».

Où vous avez éliminé un grand club brésilien!
On a tout d'abord battu les Chiliens d'Unión Española avant d'éliminer le grand Gremio du Brésil. Une magnifique expérience qui nous a permis de nous qualifier pour les phases de poule. C'était toutefois très fatiguant, car en Amérique du Sud, les voyages sont longs, surtout en période de Covid. On a voyagé encore au Pérou, en Argentine et au Brésil, sans parvenir à passer les poules malheureusement.

Gardez-vous encore un oeil sur le football suisse?
Je regarde les résultats et le classement chaque semaine. Mais avec le décalage horaire, c'est compliqué de suivre les matchs en direct. De plus, notre projet ici en Equateur est très intense, on travaille énormément et on y consacre toute notre énergie.

Serez-vous toujours à la tête de l'Independiente del Valle l'année prochaine?
On est encore sous contrat jusqu'à fin 2022. Suite à nos récents succès, nous avons reçu passablement de sollicitations, d'un peu partout d'ailleurs: du Mexique, des Etats-Unis et d'Europe. Mais pour le moment, on est concentré sur la préparation de la saison prochaine où l'on veut faire une belle campagne en «Copa Libertadores».

En plus de «belles fêtes», qu'est-ce que l'on peut souhaiter à Ricardo Nuno Pereira Dionisio?
Je vais déjà essayer de bien digérer tout ce qu'il m'arrive. Ensuite, on va surtout tenter de passer de belles fêtes de fin d'année, en famille, au Portugal.

Plus d'articles sur le sport
Le nouveau coach de la Nati a un palmarès à faire tourner la tête
Le nouveau coach de la Nati a un palmarès à faire tourner la tête
de Raphael Gutzwiller
Pia Sundhage ne méritait pas cette fin
2
Pia Sundhage ne méritait pas cette fin
de Raphael Gutzwiller
«Un risque réel» plane sur les marathoniens
«Un risque réel» plane sur les marathoniens
Une nouvelle règle veut changer le rythme des matchs de foot
Une nouvelle règle veut changer le rythme des matchs de foot
de Yoann Graber
Shaqiri peut construire sa maison de luxe, mais à une condition
Shaqiri peut construire sa maison de luxe, mais à une condition
de Dennis Kalt
Ce geste de Shaqiri fait polémique
Ce geste de Shaqiri fait polémique
Il s'est passé un truc dingue au marathon de New York
Il s'est passé un truc dingue au marathon de New York
de Julien Caloz
Ce Suisse boudé par Murat Yakin cartonne en Bundesliga
Ce Suisse boudé par Murat Yakin cartonne en Bundesliga
de Stefan Wyss
Très bonne nouvelle pour le cyclisme suisse
Très bonne nouvelle pour le cyclisme suisse
de Romuald Cachod
«On tient tête aux meilleurs»: immense exploit des Suisses
«On tient tête aux meilleurs»: immense exploit des Suisses
de Stephan Santschi
Ce dirigeant visionnaire a changé le hockey suisse
Ce dirigeant visionnaire a changé le hockey suisse
de Klaus Zaugg
Cette offre improbable que Marco Odermatt a rejetée
Cette offre improbable que Marco Odermatt a rejetée
de François Schmid-Bechtel
Le monde du ski est secoué par des perquisitions
Le monde du ski est secoué par des perquisitions
de Romuald Cachod
Xhaka et Sunderland ont un soutien massif dans un pays improbable
Xhaka et Sunderland ont un soutien massif dans un pays improbable
de Yoann Graber
Il écrit une nouvelle page de l'histoire du sport suisse
Il écrit une nouvelle page de l'histoire du sport suisse
de René Barmettler
Une ex-star du foot crée un scandale à la boutique du Real Madrid
1
Une ex-star du foot crée un scandale à la boutique du Real Madrid
de Yoann Graber
Et si Thoune allait au bout?
Et si Thoune allait au bout?
de Niklas Helbling
Le foot suisse lui donne ce que la France lui interdisait
4
Le foot suisse lui donne ce que la France lui interdisait
de Robin Walz
L'accident de Dettwiler pose une question dérangeante
L'accident de Dettwiler pose une question dérangeante
de Klaus Zaugg
Sinner a réussi un exploit insolite dans l'histoire du tennis
Sinner a réussi un exploit insolite dans l'histoire du tennis
de Yoann Graber
Personne ne fait mieux que Granit Xhaka sur ce point
Personne ne fait mieux que Granit Xhaka sur ce point
de Romuald Cachod
Fribourg-Gottéron a trois ans pour devenir champion
Fribourg-Gottéron a trois ans pour devenir champion
de Klaus Zaugg
La relève suisse en géant inquiète
1
La relève suisse en géant inquiète
de Sven Papaux
Ce stade en Arabie saoudite est dingue, mais il y a un problème
1
Ce stade en Arabie saoudite est dingue, mais il y a un problème
de Yoann Graber
Le ski-alpinisme suisse devra faire un choix «difficile»
Le ski-alpinisme suisse devra faire un choix «difficile»
de Julien Caloz
Vinicius n’aurait jamais dû faire ça à un coéquipier
Vinicius n’aurait jamais dû faire ça à un coéquipier
de Julien Caloz
Noah Dettwiler – une victime du système?
1
Noah Dettwiler – une victime du système?
de Klaus Zaugg
Lionel Messi a un nouveau business en Valais
Lionel Messi a un nouveau business en Valais
de Yoann Graber
Jake Paul bat Tyron Woodley par KO au 6e round
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
Avez-vous quelque chose à nous dire ?
Avez-vous une remarque ou avez-vous découvert une erreur ? Vous pouvez nous transmettre votre message via le formulaire.
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Ce geste de Shaqiri fait polémique
Un coup de coude du Bâlois sur un adversaire de Young Boys, dimanche, fait débat. «XS» n'a reçu qu'un carton jaune. Mais aurait-il mérité le rouge?
Le choc de Super League entre Young Boys et le FC Bâle, dimanche après-midi, s’est terminé sur un score nul et vierge. Pour YB, qui évoluait pour la première fois sous les ordres de son nouveau coach Gerardo Seoane, il s'agit plutôt d'un point heureux: les Bernois ont dû disputer presque toute la seconde mi-temps en infériorité numérique, après l’expulsion d’Armin Gigovic à la 48e minute.
L’article