La Nati s'est inclinée seulement 3-2 lundi en Ligue des nations. Pas n'importe où, en Espagne chez le champion d'Europe en titre. Un résultat qui reflète parfaitement l'année civile 2024 de l'équipe de Suisse: brillante dans les grands matchs (Euro), décevante au quotidien (Ligue des nations).
Que faut-il conserver ou abandonner à l'approche des éliminatoires du Mondial 2026? Quels joueurs ont explosé en 2024? Qui se trouve désormais sur la sellette? Place au bilan de l'année 2024 de la Nati et aux potentielles améliorations pour 2025.
L'équipe de Suisse a frustré plus d'un de ses fans cet automne en Ligue des nations. Mais il ne faut pas oublier que les matchs les plus importants ont eu lieu avant, à l'Euro cet été. Murat Yakin et ses joueurs ont été en grande forme en Allemagne, malgré le peu de crédit dont ils disposaient. Le groupe a transformé les interrogations en certitudes au meilleur des moments et c'est une qualité. Il devra à nouveau répondre présent en 2025 lors d'une campagne de qualification redoutable, s'il veut jouer la Coupe du monde en Amérique. Le format n'autorisera qu'un seul faux pas, voire aucun, contrairement à 2023, quand la Suisse avait assuré sa qualification à l'Euro malgré un football médiocre. Si elle réitère ces performances, la Nati n'ira pas à la Coupe du monde.
Alors que l'équipe de Suisse était condamnée à gagner en Ligue des nations, Murat Yakin a fait évoluer son système en optant pour une défense à quatre, associée à un jeu offensif vertical, simple et rapide. Malgré une efficacité déplorable dans le dernier geste, la Suisse a fait plaisir à voir. Cinq réalisations ont d'ailleurs été inscrites lors des trois derniers matchs. Les joueurs devront continuer à scorer en 2025. C'est une obligation étant donné les problèmes rencontrés par l'équipe en défense.
Si le courage de Murat Yakin, loué pour sa créativité, a été la clé du succès lors du Championnat d'Europe, il semble avoir disparu en Ligue des nations. Le technicien avait annoncé vouloir profiter de l'automne pour remanier son équipe. Or il a longtemps misé sur le personnel connu, avant de lancer en novembre, par la force des choses, de nouveaux venus. Jashari, Sohm, Monteiro, Amenda, Cömert, Fernandes: ils doivent acquérir du temps de jeu en 2025 afin d'être prêt, si besoin, pour la Coupe du monde 2026.
Le terrain, les arbitres, les adversaires déloyaux: tout a été dit pour expliquer les mauvais résultats de la Nati. Ce n'était toutefois que des excuses. Il est vrai que les décisions arbitrales ont souvent été en notre défaveur cet automne. Mais marteler sans cesse ce même message nous détourne des réelles difficultés de la Nati, et laisse planer un certain doute quant à la volonté de nous améliorer.
Dan Ndoye, Fabian Rieder et Zeki Amdouni étaient des seconds couteaux en début d'année. Désormais, leur absence sur le terrain (Ndoye a manqué quatre des six matchs de Ligue des nations) se fait cruellement ressentir. Granit Xhaka, lui, était déjà un cadre il y a plusieurs mois. Or il s'est transformé en leader et la Nati n'a jamais été aussi dépendante de lui, ce qui soulève une question: que se passera-t-il après?
Gregor Kobel a naturellement plus d'importance depuis qu'il a été nommé gardien numéro un. Or il n'a pas encore l'aura de Yann Sommer et doit encore progresser dans ce domaine.
Breel Embolo a ajouté deux buts à son compteur international cette année, tous deux inscrits à l'Euro. Il profitait alors de sa fraîcheur physique et du flow de toute l'équipe. Or il a affiché en 2024 des lacunes techniques, a vendangé des occasions et a multiplié les mauvais déplacements. Sa situation en club à l'AS Monaco n'est guère meilleure. Il aura fort à faire en 2025 pour préserver sa place de titulaire en équipe nationale.
Nico Elvedi, relégué dans la hiérarchie des défenseurs centraux, est également dans le creux de la vague. Le joueur de Gladbach est une énigme depuis des mois, tant sur le plan physique que celui de la performance. Ce n'est pas le cas de Ricardo Rodriguez. Mais le temps commence à faire son œuvre sur le joueur.
De son côté, Silvan Widmer est passé de titulaire à joueur dont la participation à la Coupe du monde est menacée. Quant à Denis Zakaria, doué mais fantomatique en équipe de Suisse, on commence à se demander s'il n'est pas maudit en sélection.
Et puis, il y a Noah Okafor: très bon, mais également difficile à diriger. Il n'a pas su saisir cette chance qui lui était offerte après sa brouille avec Murat Yakin, mais il s'est amélioré sur le plan collectif. S'il n'obtient pas plus de minutes au Milan AC, son talent restera inexploité.
Grâce à son bon positionnement et à sa force physique, Aurèle Amenda a reçu les félicitations de Yakin après le match nul 1-1 contre les Serbes. Un fait suffisamment rare pour être souligné. Amenda incarne l'avenir aux côtés du patron de la défense, un certain Manuel Akanji. Plus vite il progressera à Francfort, plus vite il deviendra un pilier de la Nati. Eray Cömert est pour sa part redevenu une option en défense centrale, après avoir été écarté des plans du sélectionneur en mars suite à des prestations médiocres.
Simon Sohm, qui a disputé son deuxième match international contre l'Espagne après une pause de quatre années, a également laissé une impression positive lundi. Il pourrait animer le secteur offensif avec sa créativité. C'est aussi ce que l'on espère de Joël Monteiro. Son but face à la Roja est exceptionnel sur le plan technique ainsi qu'en terme de volonté. Des attributs indispensables dans toute sélection, encore plus actuellement en équipe de Suisse.