Drôle d'histoire avant le match de Ligue des nations de la Nati ce lundi soir à Tenerife, en Espagne (20h45). La délégation suisse accuse un inconnu, perché sur le toit d'un immeuble voisin du stade, d'avoir espionné son entraînement dimanche soir, raconte Blick.
Pendant cette séance à huis clos, l'homme a épié Granit Xhaka et ses coéquipiers avec des jumelles, pris des notes et filmé avec son smartphone. Ce mystérieux inconnu à veste noire avait disparu une fois la session terminée, mais les Helvètes ont donné l'alerte. C'est ce qu'explique le chef de presse de la Nati, Adrian Arnold, dans Blick:
La Nati n'est pas la première équipe sportive à être espionnée (illégalement) durant un entraînement. Plusieurs affaires similaires ont créé des scandales.👇
Les Jeux olympiques de Paris n'avaient pas encore débuté cet été qu'un premier scandale éclatait. Les footballeuses néo-zélandaises ont aperçu un drone au-dessus de leur tête pendant un entraînement. Son pilote? Un membre du staff de l'équipe canadienne, premier adversaire de la Nouvelle-Zélande.
Le coupable a payé cher son méfait: il a été renvoyé sur-le-champ à la maison et a été condamné, par la justice française, à huit mois de prison avec sursis. Le Canada et son staff ont également été sévèrement punis par la Fifa et le CIO: l'équipe s'est vu retirer six points dans ce tournoi olympique (elle a quand même réussi à atteindre les 1/4 de finale après cette sanction), en plus d'une amende de 200'000 francs. La sélectionneuse a aussi écopé d'une interdiction pendant un an d'exercer une activité liée au football.
En football américain, rien n'interdit de filmer ses adversaires en plein match dans le stade. Mais il faut le faire depuis des endroits précis, prédéfinis par la ligue (NFL).
Les New England Patriots n'ont pas respecté cette règle lors d'un match contre les New York Jets en 2007: ils ont filmé les gestes des mains de leurs adversaires (consignes tactiques) directement sur le terrain. Leur coach, Bill Belichick, a reçu une amende record de 500'000 euros et le club a également dû en débourser 250'000.
En 2007, Ferrari licencie son manager technique Nigel Stepney. Le tort de celui-ci? Avoir transmis des informations à McLaren, écurie rivale en F1. Après plusieurs semaines d'enquête, McLaren est exclue du classement des constructeurs durant la saison en cours et doit payer une amende de 100 millions de dollars.
En 2013, le préparateur des jeunes gardiens du Genoa a été surpris en train d’espionner des entraînements de la Sampdoria, l’équipe rivale de la ville, et ceci quelques jours avant un match très important entre les deux équipes de football italien.
Luca De Prà a enfilé une tenue de camouflage, puis s’est planqué derrière un arbre pour faire des repérages sur la tactique adverse. Il a été pris en flagrant délit par la Sampdoria et renvoyé à la maison.
Le Times a révélé en 2019 que Liverpool avait piraté le système informatique de Manchester City entre 2012 et 2013. Le but: accéder aux données de scouting de son rival. Ce sont des experts en sécurité informatique, embauchés par City, qui auraient permis de confondre les coupables. Liverpool aurait par la suite versé 1,2 million d’euros à Manchester City pour mettre fin à ces accusations.
Une rugbywoman du XV de France féminin a été suspendue un match en 2015. La joueuse a reconnu avoir photographié les combinaisons de touche de l’US Montauban, qui étaient affichées dans un vestiaire utilisé par l’équipe de France féminine pour son match international. Elle les a ensuite transmises à Perpignan, qui accueillait justement Montauban le dimanche suivant. Perpignan s’était d’ailleurs imposé avec le bonus offensif (48-17) ce soir-là.
L'espionnage entre équipages à la Coupe de l'America est un classique. L'édition de 2017 disputée aux Bermudes ne déroge pas à la règle. Avant même le début des régates, l'équipe américaine Oracle accuse ses concurrents de prendre des photos de leur bateau sous l'eau. La thèse est plausible: ces voiliers sont des bijoux technologiques, sur lesquels le moindre détail a son importance.
En 2009, Oracle avait déjà accusé Alinghi d'espionnage. «On n'a pas le droit d'aller très proche des autres bateaux, mais on prend des photos avec des téléobjectifs, comme tous les autres», avouait en 2017 Martin Fischer, cadre dans l'équipe Groupama Team France.
Les Boston Red Sox se sont montrés particulièrement rusés (ou tricheurs, c'est selon) lors d'un match de baseball en 2017 contre les New York Yankees. Ceux-ci ont déposé plainte auprès de la ligue contre leur adversaire. Leur reproche? Les Red Sox ont utilisé les caméras de leur stade pour filmer les gestes (instructions/codes tactiques) entre le receveur et le lanceur adverse.
Ceux-ci étaient ensuite analysés par une équipe vidéo, qui transmettait les rapports via des montres connectées au staff sur le terrain. Ce dernier informait ses joueurs, notamment le batteur.
Le but: anticiper. Que le batteur connaisse les habitudes des lanceurs et la stratégie adverses. Et, ainsi, frapper de manière à déstabiliser le plus possible l'autre équipe.
On reste en baseball avec, cette fois, une affaire de piratage informatique. En 2017, l'ex-directeur du recrutement des St. Louis Cardinals, Chris Correa, a été condamné à 46 mois de prison. Son méfait? Avoir piraté entre 2013 et 2014 la base de données d'un club concurrent, les Houston Astros, pour espionner les rapports des recruteurs texans sur les jeunes pépites à suivre. Correa a également été banni à vie du baseball aux Etats-Unis et St.Louis a dû verser deux millions de dollars de dédommagement à Houston.
Quand un club engage un analyste, il bénéficie de son savoir-faire mais aussi des données qu'il a pu collecter quand il travaillait chez un concurrent.
C'est exactement ce qu'il s'est passé entre les New York Knicks et les Toronto Raptors l'année dernière. Les New Yorkais accusent leur ancien employé désormais au service des Raptors, Ikechukwu Azotam, d'avoir transmis illégalement des milliers de données confidentielles. «Il s'agit d'un différend concernant le vol de secrets commerciaux par un employé déloyal», dénoncent les Knicks, qui ont porté plainte.
En 2020, la star du ski alpin Mikaela Shiffrin n'avait pas apprécié que l'entraîneur de sa rivale, Petra Vlhova, vienne épier – pourtant légalement – ses entraînements sur la piste. «Je considère ce que je fais sur mes skis comme ma propriété. Ce sont des choses auxquelles j'ai longuement réfléchi et que nous avons ensuite reproduites avec mes entraîneurs», avait pesté l'Américaine.
La réponse du coach de Vlhova, Livio Magoni, a de quoi transformer la colère de Shiffrin en fierté: «Observer Mikaela est très important, tout simplement parce qu'elle est la meilleure skieuse du monde».