Ils vont pénétrer sur la pelouse les veines gonflées d'orgueil et glorifiant leurs ancêtres, ces «braves guerriers, si nobles et si vaillants, qui versèrent leur sang pour la liberté» (hymne gallois). Puis le match va débuter et on saura très vite si ces footballeurs qui ont un dragon sur leur maillot sont aussi redoutables qu'ils en ont l'air.
Ce Suisse-Pays de Galles est, paraît-il, le match le plus facile qui attend les Helvètes dans le tournoi, et c'est vrai; mais uniquement parce que viennent l'Italie puis la Turquie ensuite. Car les Gallois ont au moins autant d'atouts que les Suisses (on a fait de savants calculs entre ce que les deux équipes avaient dans les jambes et dans les poumons). «Le PdG est doué techniquement, rapide et vif», dresse The Guardian, qui sait que pour atteindre les demi-finales comme en 2016, les Dragons rouges devront se montrer tout à la fois «courageux, débrouillards et soudés». Des qualités dont la Suisse ne s'est pas toujours prévalue.
Ce fighting spirit à la sauce galloise a mûri en cuisson lente sous le soleil du Portugal, où le sélectionneur a emmené son groupe en camp de préparation. L'idée était de monter en température, éviter les blessures et resserrer les liens: opération réussie, estime Wales online. Le portail d'informations souligne que «comme en 2016, les joueurs forment un groupe soudé également en dehors du terrain».
Le journaliste gallois Mathew Davies rappelle que son équipe ne vit pas de certitudes. Contrairement à Vladimir Petkovic, qui a son équipe type en tête, Robert Page brasse souvent son onze. «La composition du Pays de Galles pour le match contre la Suisse est une énigme», relève Davies, avant de dessiner les contours du groupe:
Le Pays de Galles s'articule régulièrement autour de deux systèmes distincts. Le premier le voici: un 3-4-3 avec de la vitesse sur les côtés et Moore (attaquant de métier) ou Wilson (faux numéro 9) en pointe.
Le deuxième est un 4-2-3-1 avec Ramsey (ou Wilson) en faux 9. Une tactique souvent employée par les Gallois durant leur campagne de qualifications.
Le troisième système est moins utilisé et il est peu probable que le sélectionneur y ait recours, mais ce 3-5-2 des familles présente l'avantage d'avoir un milieu dense et deux flèches (Bale et James) sur le front de l'attaque.
Son nom ne dit rien à personne, même aux amateurs de littérature. Robert Page a remplacé Ryan Giggs, empêtré dans un scandale de violences qu'il nie farouchement et qui le mènera face à la justice en janvier.
Le journaliste Mathew Davies décrit ce nouveau sélectionneur comme «un homme ferme, mais juste, qui force le respect de ses joueurs. Il se comporte très bien avec les médias et considère son mandat comme un honneur. Personne ne sera plus fier que lui lorsque le Pays de Galles entrera sur la pelouse de Bakou samedi».
Son nom est Kieffer Moore et «il pourrait être l'homme le plus important du Pays de Galles cet été», selon la presse nationale. The Guardian le présente comme une sorte de faux lent, grand (196 cm) et agile des deux pieds, de surcroît rusé. Le genre de joueur que les défenseurs comme Raphaël Varane détestent se coltiner.
Mathew Davies voit en lui «le bélier qui mènera sa sélection en 8e de finale». Surtout s'il est aussi efficace que lors de la saison écoulée: l'attaquant a planté 20 pions en championnat avec Cardiff.
Gareth Bale est-il encore un joueur de football? La rumeur lui prête des envies de reconversion sur les greens. Le joueur lui-même l'alimente: il avait posé avec une banderole provocatrice «Pays de Galles - Golf - Real Madrid, dans cet ordre», juste après la qualification des Gallois pour l'Euro. Un message auquel son employeur espagnol avait peu goûté.
"Wales > Golf > Madrid. In that order."
— Eleven Sports (FR) (@ElevenSportsBEf) November 20, 2019
Oh non, @GarethBale11, tu n'as pas osé ! 😂🏴 pic.twitter.com/XteLmYQAG8
Le gaucher de 31 ans a laissé entendre qu'il pourrait mettre un terme à sa carrière à l'issue du tournoi. «Je sais ce que je ferai, mais cela ne causerait que davantage de désordre si je disais quoi que ce soit», avait-il lâché après son doublé pour Tottenham (où il était prêté) contre Leicester le 23 mai. Il assure aujourd'hui: «Je ne pense à rien d'autre qu'au Pays de Galles». Si c'est vrai, ce n'est pas une bonne nouvelle pour la Suisse. Gareth Bale a marqué lors de ses deux matchs contre la Nati, en 2010 et 2011.
La Loterie romande (LoRo) donnait la Suisse favorite à la veille de la rencontre: une victoire de Shaqiri et ses coéquipiers était cotée à 2,05 contre 3,80 pour les Gallois.
Petite curiosité: la LoRo estime qu'un but de Seferovic (3,30) est plus prévisible qu'une réussite de Bale (3,55).