Servette a battu Lausanne 3-1, dimanche lors du derby du lac, au terme d'une très belle partie de football, et après avoir inscrit un dernier but qui souligne à quel point cette équipe genevoise aime jouer au ballon et produire du jeu.
On disputait la 93e minute de jeu, donc, et le SFC avait deux bonnes raisons de «geler» le cuir: il menait 2-1 et était réduit à dix depuis l'expulsion de Dylan Bronn quelques instants plus tôt. Il lui fallait donc à tout prix tenir le score et ne prendre aucun risque. Alors, quand Bendeguz Bolla a obtenu un coup-franc à 25m des buts vaudois, on s'attendait logiquement à ce que les Servettiens ne tentent pas leur chance et fassent tourner le ballon en défense, ou sur un côté, afin de garder le contrôle du cuir et de ne pas s'exposer au contre lausannois.
D'ailleurs, sitôt la faute sifflée contre lui, Bolla a immédiatement réclamé le ballon avec une seule idée en tête: frapper au but. Tenter, oser. Bref, jouer au football.
Le Hongrois a donc tiré, mais son envoi a été dévié par le mur adverse et le 2e de Super League a ainsi obtenu un corner. «Est-ce qu'ils vont le jouer à deux?», s'est alors interrogé Kevin Fickentscher, ex-gardien et capitaine du FC Sion devenu consultant pour la chaîne blue Sport. «Est-ce qu'ils vont geler la balle près du poteau de corner pour gagner des secondes supplémentaires, ou est-ce qu'ils vont le tirer?» Eh bien, Servette a encore une fois préféré jouer au football plutôt que de perdre du temps.
La suite, on la connaît: Bolla a expédié le cuir sur la tête d'Enzo Crivelli au premier poteau pour le 3-1, permettant ainsi au SFC de signer une victoire pleine de qualités, mais surtout d'audace. Une vertu de plus en plus menacée par les datas (qui incitent les joueurs à prendre le moins de risques possible) mais qui, fort heureusement, n'a pas encore totalement disparu des terrains de football.