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Teddy Riner et Mahyar Monshipour s'écharpent sur le voile

Teddy Riner à gauche et Mahyar Monshipour à droite. Une joueuse voilée au centre.
Teddy Riner à gauche et Mahyar Monshipour à droite. Une joueuse voilée au centre.image: watson

Deux stars du sport s'écharpent sur le voile islamique

Le judoka Teddy Riner et l'ex-champion du monde de boxe Mahyar Monshipour se disputent sur le voile islamique, au moment où un projet de loi en France veut l'interdire dans les compétitions sportives.
27.03.2025, 05:3227.03.2025, 10:15
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C’est un débat incandescent que la loi pourrait prochainement trancher en interdisant le port des signes religieux dans les compétitions sportives en France. Le voile musulman, appelé aussi hijab, est concerné au premier chef, sans jeu de mots. Deux sportifs de très haut niveau, la star du judo Teddy Riner et l’ancien champion du monde de boxe d’origine iranienne Mahyar Monshipour, ont fait connaître leur point de vue sur le sujet. Ils sont diamétralement opposés.

Comment la polémique a démarré

Reprenons. Alors qu’un projet de loi visant à interdire les signes religieux dans les compétitions sportives, y compris à l'échelon amateur, est en discussion au parlement français, la ministre des Sports, Marie Barsacq, interrogée par une commission de l’Assemblée nationale sur les phénomènes de radicalité, a répondu que «les sujets de radicalisation dans le sport sont un autre sujet que celui du port du voile et d’insignes religieux». Elle a mis en garde contre les «confusions» et les «amalgames».

En disant cela, la ministre s’est écartée de la doctrine laïque en vigueur en France, restrictive face aux signes religieux – ils sont interdits chez les agents de la fonction publique et à l’école chez les professeurs comme chez les élèves.

Le voile, autorisé ici, interdit ailleurs

Dans le sport, les fédérations sont pour l’heure encore maîtresses à bord. Pour ne parler que du voile, il est autorisé dans le handball, le rugby, le judo, l’athlétisme ou encore le tennis. Il est en revanche prohibé dans le foot, le volley et le basket. La pression pour pouvoir le porter est forte dans le milieu du football, comme en atteste le mouvement des «hijabeuses», lesquelles ont toutefois vu leurs revendications pro-voile rejetées en 2023 par le Conseil d’Etat français.

La réponse – la gaffe? – de la ministre des Sports a allumé la polémique, dont se sont saisies l’extrême droite et la droite, ainsi que des ministres de l’actuel gouvernement, même si, sur ce sujet, les partisans de la neutralité religieuse dans le sport sont de tous bords politiques.

«Tout se passe bien et ça n'emmerde personne»

Sur ce, Teddy Riner, quintuple médaillé d’or olympique, a donné son avis. Dimanche 23 mars sur RMC, l’illustre judoka a défendu le droit de porter le voile dans le sport:

«Quand on voit chez les voisins dans d'autres cultures, tout se passe bien et ça n'emmerde personne. Je crois qu'en France, on perd notre temps sur des choses et surtout on se sert de certaines choses pour mettre la lumière là où il ne faut pas. Pensons plus à l'égalité que s'acharner sur une seule et même religion.»
Teddy Riner

La réplique ne s’est pas fait attendre. Elle est venue le lendemain de l’ancien champion du monde de boxe français Mahyar Monshipour. Né en Iran en 1975, envoyé à 11 ans en France par son père en pleine guerre Iran-Irak, il en acquerra la nationalité et brillera sur les rings.

Sur Facebook, il interpelle le judoka:

«Cher Teddy, cher Champion, REVEILLEZ-VOUS»
Mahyar Monshipour

Mahyar Monshipour, dont le pays d'origine est une théocratie islamique depuis 1979, écrit entre autres dans son post, toujours à l'attention de Teddy Riner:

«Le port du voile – que je vous rappelle obligatoire pour toute jeune fille dès l'apparition de ses menstruations et jusqu'à la ménopause – est la partie immergée de l'iceberg d'une croyance religieuse dont certains courants – notamment celui constitué par les "Frères musulmans" – ont mission de conquérir le monde. Alors, si vous ne voulez pas que votre fille, sœur, cousine, voisine ou connaissance, ne soit un jour, en France, obligée de se "voiler" pour être tranquille, pour ne pas se faire insulter ou pour ne pas se sentir regardée, changez de fusil d'épaule et REVEILLEZ-VOUS. »
Mahyar Monshipour

Mardi, c'est au tour de la ministre de la Culture, Rachida Dati, de prendre part au débat. Dans l’émission C à vous sur France 5, elle expédie la question:

«Tu viens avec un foulard dans une compétition, c’est non»
Rachida Dati, ministre de la Culture

La maire du 7e arrondissement de Paris appartient à cette deuxième génération de l’immigration maghrébine ayant grandi en France relativement à l’abri des injonctions islamistes, aujourd’hui relayées par les réseaux sociaux.👇

Face à la réprobation, Teddy Riner a tenu à apaiser le débat dans un message publié sur X, mardi également.

«Je comprends que ce sujet (réd: le voile dans les compétitions sportives) suscite des sensibilités et des opinions divergentes. Mais avant tout, je souhaite rappeler que le sport doit rester un espace où chacun peut s’exprimer, s’épanouir et se rassembler dans le respect des règles et de l’éthique sportive.»
Teddy Riner, sur X

Appelant à ce que à ses propos ne soient pas «instrumentalisés à des fins partisanes», Teddy Riner ajoute:

«Quelle que soit l’issue de cette réflexion, j’appelle à l’apaisement, à la bienveillance et au dialogue. Ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise. Gardons en tête que le sport est un langage universel, un vecteur de cohésion et un pont entre les individus.»
Teddy Riner

Si le voile dans le sport, en particulier dans le football, fait polémique en France, il fait moins de vagues, voire pas la moindre vaguelette en Suisse. Il est autorisé sous certains conditions de sécurité par le règlement de l'Association suisse de football (ASF), qui le considère comme un «couvre-chef». Porte-parole de l'ASF, Adrian Arnold affirme:

«Je n'ai pas connaissance d'équipes féminines portant le hijab dans le football suisse, mais cela ne veut pas dire que des footballeuses musulmanes n'en portent pas. Cela signifie simplement que le voile féminin dans le football suisse ne fait pas débat.»
Adrian Arnold, porte-parole de l'ASF, joint par watson

Il y a quinze ans, en 2010, un tribunal de Lucerne avait validé l'interdiction faite à une joueuse de basketball irakienne de 19 ans de porter le voile dans des matchs de compétition, rapportait sur son site l'agence Swissinfo. Tout en admettant que cette interdiction, édictée par la Fédération internationale de basketball (FIBA), constituait une restriction, le tribunal avait estimé que la jeune femme, «ayant choisi de vivre en Occident et s'y étant apparemment parfaitement intégrée, pouvait ôter son voile pour pratiquer son sport lors de rencontres officielles». Depuis, c'était en 2017, la FIBA a levé l'interdiction du voile dans les matchs officiels.

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