Ce vendredi matin, en faisait ma revue de presse, j'ai dû me frotter les yeux dès le premier titre que j'ai lu: «Alcaraz battu en trois sets par van de Zandschulp». Etrangement, ce n'est pas le fait qu'Alcaraz – l'un des grands favoris de cet US Open – soit éliminé en trois manches (6-1, 7-5, 6-4) dès le 2e tour qui m'a fait écarquiller les mirettes. Mais c'est le nom de son bourreau.
Qu'on soit clair: je n'ai aucun mépris envers Botic van de Zandschulp. Le Néerlandais (28 ans) est un tennisman pro accompli: il est actuellement 74e mondial, a déjà atteint le 22e rang (en août 2022) et même un quart de finale de l'US Open en 2021. Ma surprise est due à mon histoire récente avec ce grand gaillard de 191 cm. Elle prouve que tout peu très vite changer en tennis.
Il y a un mois à peine, le 23 juillet, j'assistais à une défaite mortifiante de Botic van de Zandschulp au 1er tour du Challenger de Zoug, un tournoi de deuxième catégorie. Ce jour-là, le Néerlandais s'inclinait contre le jeune Suisse Mika Brunold (19 ans), alors... 577e joueur mondial et 12e dans la hiérarchie helvétique. Autrement dit: une sacrée contre-performance! Le tout devant 150 pelés, assis sur des tribunes provisoires.
Une semaine avant Zoug, j'avais vu pour la première Botic van de Zandschulp en live, à Gstaad. Et, honnêtement, je ne me réjouissais pas du tout de le retrouver en Suisse centrale.
Malgré une technique très propre (gros service et coup droit) et sans point faible, j'avais trouvé son jeu soporifique: un cogneur du fond de court, qui ne monte quasiment jamais au filet et dont le match (perdu) contre Etcheverry avait duré des plombes. Sans parler de son manque de charisme, qui empêche toute interaction et transmission d'émotions avec le public.
C'est simple: quelques jours plus tôt, j'écrivais un hommage à Carlos Alcaraz, qui venait de remporter Wimbledon, m'extasiant de la variété de son jeu par rapport à celui, ennuyant, des cogneurs de fond de terrain. J'avais directement étiqueté Botic van de Zandschulp comme l'archétype de ceux-ci.
Bref, j'appréhendais ces retrouvailles en terre (battue) zougoise. D'autant plus que je souhaitais y interviewer les joueurs sur un sujet extra-sportif (la quasi absence de tatouages chez les tennismen) et que mon interaction avec van de Zandschulp à Gstaad – une question sur un autre thème profond, le cancer de la peau dans le tennis – avait vite été expédiée par le Néerlandais, il est vrai déçu par sa défaite.
Son revers à Zoug face à Brunold m'avait soulagé: je n'avais pas eu affaire à lui, étant donné qu'on m'avait promis en interview uniquement le vainqueur de ce match. A tort, peut-être: de bonne humeur s'il avait gagné, le Néerlandais aurait pu me bluffer en s'épanchant longuement dans ses réponses, qui sait?
En tout cas, ce vendredi, son exploit à l'US Open m'a estomaqué. Il m'a rappelé à quel point tout peut si rapidement tourner en tennis. Et que le constat qu'on entend souvent, à savoir que «la différence entre un numéro 1 mondial et un 200e est surtout une question de mental», est vrai.