Le scandale au sein de la Fédération italienne de gymnastique ne cesse de prendre de l'ampleur. Après le licenciement il y a quelques jours de la directrice technique Emanuela Maccarani, par ailleurs entraîneuse en chef de la gymnastique rythmique, La Gazzetta dello Sport révèle d'autres abus, impliquant cette fois-ci l'ancienne entraîneuse nationale Julieta Cantaluppi.
Olga Tishina, ancienne adjointe de Maccarani, lui aurait déclaré lors d'une conversation téléphonique en novembre 2022: «Tout est bien pire chez Cantaluppi. Il y a de mauvais traitements. Elle a fait faire des lancers de cerceau à Sofia Raffaeli et Serena Ottaviani, et à chaque erreur, elles devaient retirer un vêtement». A la fin de l'exercice, les deux athlètes ne portaient plus que des sous-vêtements.
Ce n'est pas le seul incident choquant rapporté alors que Cantaluppi était entraîneuse nationale. «Elle enfermait des athlètes dans une petite pièce froide, sans téléphone, sans rien, parce qu'elles s'entraînaient mal. Elle les punissait pour cela et les laissait s'asseoir par terre», a expliqué Tishina dans cette même conversation téléphonique, rendue publique en marge du procès contre Maccarani. Des jeunes filles âgées de 14 à 16 ans auraient été concernées par ces pratiques.
Sofia Raffaeli, qui a remporté la médaille de bronze aux Jeux olympiques de Paris l'été dernier, aurait en outre été contrainte de s'agenouiller devant elle pour la supplier d'accepter ses excuses, suite à une erreur commise lors d'un exercice. Aucune plainte officielle n'a encore été déposée contre Cantaluppi.
Les premières accusations d'abus au sein de la Fédération italienne de gymnastique ont été lancées pour la première fois en novembre 2022. Maccarani, récemment licenciée, aurait poussé certaines gymnastes à suivre des jeûnes drastiques et se serait moquée de certaines d'entre elles, comme l'a décrit l'ancienne athlète Nina Corradini dans un livre.
Un tribunal sportif italien avait déjà averti Emanuela Maccarani suite à des déclarations offensantes. Jusqu'à présent, elle était toutefois autorisée à poursuivre ses activités. La femme de 58 ans rejette les accusations et a déclaré avoir été licenciée «sans avertissement». Elle a ajouté que les sportives avaient été attristées d'apprendre son départ.
Le licenciement de Maccarani, deux ans et demi après les premières accusations, est dû aux récentes modifications intervenues à la tête de la fédération. Le nouveau président Andrea Facci a notamment annoncé un changement de culture fondamental. Problème: il aurait tenu des propos sexistes lors d'une conversation avec son prédécesseur Gherardo Tecchi.
La Fédération italienne de gymnastique n'est pas la seule à être placée sous le feu des projecteurs pour de mauvaises raisons. Fin 2024, des athlètes allemandes ont dénoncé des abus vécus au cours de leur carrière.
(nih/roc)