Née en 2002, Audrey Gogniat, qui pratique le tir depuis ses sept ans, initiée par son père, a remporté à 21 ans une médaille olympique, alors qu'elle participe en France à ses premiers JO. Elle ne déloge bien sûr pas Sophie Lamon qui, à Sydney en 2000, n'avait que 15 ans lorsqu'elle décrocha l'argent en escrime par équipe. Gogniat n'en reste pas moins étonnante de précocité et figure d'ailleurs parmi les plus jeunes sportifs de la délégation helvétique.
Parmi les 129 engagés à Paris, seuls les athlètes Audrey Werro, Timothé Mumenthaler, Valentina Rosamilia et Emma Van Camp, la judoka Binta Ndiaye, les gymnastes Florian Langenegger, Lena Bickel, Matteo Giubellini et Luca Giubellini, et la rameuse Aurelia-Maxima Katharina Janzen sont plus jeunes qu'elle. Lauréate du Prix «Espoir de l'année 2021» du canton du Jura, Gogniat a, malgré son jeune âge, une belle expérience du haut niveau, puisqu'elle a participé dès 2022, à 19 ans, aux Championnats du monde disputés au Caire. Plus récemment, la Jurassienne a pris la 3e place de la finale à la carabine à 10 mètres aux Championnats d'Europe en Hongrie.
Interrogée par Le Quotidien Jurassien avant son entrée en lice à Châteauroux, lieu réunissant les épreuves de tir de Paris 2024, Audrey Gogniat faisait preuve d'une remarquable tranquillité, sur un site qu'elle connaissait déjà pour y avoir été en stage. «On peut toujours être un peu impressionné par le décor. Ce sont les Jeux olympiques, qui n’arrivent que tous les quatre ans. Mais il faut aussi relativiser et se dire qu’au final, ce dont on a besoin, c’est la même chose que lors des autres événements. C‘est une compétition pas comme les autres, mais qui y ressemble quand même».
Les JO n'ont donc pas fait peur à la sociétaire du Petit calibre Franches-Montagnes, qui ne s'est d'ailleurs jamais interdite la médaille. Lorsque Canal Alpha lui demandait il y a mois si un podium olympique était envisageable, Gogniat, surprise par cette question, rétorquait «oui, si je fais mon travail comme il faut». Le job a été fait, sans craindre les nations asiatiques, pourtant si dominatrices. Parmi les neuf premières médailles attribuées aux féminines (dont trois en mixte), Audrey Gogniat fait figure d'exception en étant la seule non-Asiatique récompensée.
En terminant troisième au tir à la carabine à air comprimé à 10 mètres ce lundi, Audrey Gogniat a offert au tir suisse sa 23e breloque olympique. Alors que la majorité de ces médailles ont été glanées il y a plus de 100 ans, la Suisse ne repart jamais bredouille des stands de tir depuis 2016.
Après Heidi Diethelm au pistolet à 25 mètres à Rio et Nina Christen, double médaillée à la carabine à Tokyo il y a trois ans, Gogniat perpétue la tradition. Les précieux conseils de Nina Christen, sa partenaire de chambre à Châteauroux, ne sont pas tombés dans l'oreille d'une sourde.
Le tir sportif est parfois raillé et subit divers commentaires négatifs. Ce ne serait pas une discipline suffisamment athlétique pour certains. D'autres aimeraient que ce sport ne figure plus au programme des Jeux olympiques. Si elle regrette le manque de considération, Audrey Gogniat coupe court à ces discussions et intervient fermement pour expliquer la difficulté du tir sportif, comme ici en 2022 auprès de Canal Alpha.
La native du Noirmont expliquait ainsi l'importance du gainage. Elle précisait que «le tir sportif sollicite tous les muscles du corps», alors que paradoxalement, il s'agit de trouver un certain relâchement dans le geste. Peu avant les JO, Gogniat a ajouté que le tir se jouait à 80% dans la tête: «Il faut rester stable, accepter les émotions et le stress et essayer de comprendre ses sentiments». Alors qu'elle était émotive étant enfant, comme elle le confiait à ArcInfo, elle a montré ce lundi à quel point le tir lui a appris à tenir ses nerfs.
La Suissesse est l'une des rares romandes à figurer sur les listes élite de la fédération sportive de tir. C'est d'ailleurs la seule parmi les cinq tireurs conviés aux JO en France. «J'ai l'habitude, parce que dans les cadres nationaux, ils sont pour la plupart alémaniques, je dois donc parler allemand, mais c'est vrai qu'entendre parler français, ça fait toujours plaisir», livrait-elle à Canal Alpha il y a un mois à Bienne, lors de la présentation des tireurs qualifiés pour Paris 2024.
Heureusement pour elle, les infrastructures d'élite de la fédération de tir se trouvent au Centre national d’entraînement de Macolin, au-dessus du Lac de Bienne, là même où elle étudie. Son terrain d'entraînement est ainsi à deux pas de son Jura natal.