En bronze lors des Mondiaux 2021, Jan Scherrer a signé vendredi le plus bel exploit de sa carrière. Seulement huitième des qualifications, il a réalisé un deuxième run remarquable pour s'emparer de la médaille.
Jan Scherrer a récolté 87,25 points dans cette deuxième manche. Soit 2,25 de plus que Shaun White, qui a chuté sur son troisième passage et quitte ainsi la compétition sur une décevante quatrième place.
Sa médaille de bronze, le snowboarder de 27 ans l'a obtenue grâce à une figure inédite en compétition qu'il a lui-même inventée (Double Rodeo Switch Backside Alley Oop 1080) et qui porte désormais son nom (le «Jan Tonic»).
Cet enchaînement trottait dans sa tête depuis plusieurs saisons. Il l'avait réalisé pour la première fois en 2020 à Saas-Fee (VS). Interrogé par la Fédération à l'époque, il avait expliqué le processus mental qui lui avait permis d'ajouter une nouvelle prouesse à son répertoire:
Il avait avancé par étapes et en tâtonnant, examinant différentes combinaisons de grabs, jusqu’à découvrir une variante avec une formule de rotation intéressante qui puisse également fonctionner sur le half-pipe.
Le Saint-Gallois, originaire du Toggenburg comme Simon Ammann, est en couple avec Sasha, son amie de longue date, sa femme et la future mère de son enfant, attendu au printemps.
Jan Scherrer a la réputation d'être un collègue agréable, qui sait aussi se réjouir des succès des autres. «Il n'a pas la personnalité de compétiteur acharné que certains snowboarders à succès cachent derrière une tenue décontractée, et libèrent dès qu'il y a quelque chose à gagner», relevait la NZZ dans un portrait paru en 2020.
Cette décontraction lui a parfois porté préjudice. Scherrer aurait aimé être plus méchant. Il a longtemps été dans l'ombre de riders comme Podladtchikov et Burgener. «Je regardais les autres coureurs et je me disais: tu dois devenir plus comme eux. Plus ambitieux, plus compétitif. Mais ces sentiments ne se commandent pas comme ça.» Il y est arrivé après un long cheminement personnel, évoqué dans le Toggenburger Tagblatt en 2019. «J'ai dû apprendre à penser de manière égoïste le jour de la compétition, à ne regarder que moi.»
Scherrer a toujours aimé pratiquer de nombreux sports (football, volley-ball, tennis, skateboard ou encore course en montagne). Mais il a su qu'il voulait faire du snowboard lors d'une sortie à skis avec sa famille. Il avait sept ans et trouvait que les planches laissaient de plus jolies traces dans la neige que les skis. Il a alors demandé à ses parents de changer de discipline.
Sa voie était toute tracée.