Kilian Jornet ne s'est pas aligné sur l'Ultra-trail du Mont-Blanc le week-end dernier. Il sort peu en compétition cette année et n'a couru que les épreuves qui lui sont chères: Zegama Aizkorri en début de saison et Sierre-Zinal en août, où il s'est imposé pour la dixième fois.
Ce n'est pas parce qu'il n'épingle pas de dossards que l'Espagnol est inactif. Il mène des projets d'envergure «en off»: des aventures et des défis personnels parfois plus palpitants qu'une course. Après avoir traversé la chaîne des Pyrénées, en reliant l'an passé les principaux 3 000 mètres locaux, c'est dans les Alpes que Kilian Jornet vient de réaliser son «rêve».
L'athlète de 36 ans a gravi cet été les 82 sommets de plus de 4 000 mètres du massif – ceux figurant sur la liste de l'Union internationale des associations d'alpinisme (UIAA). Pour atteindre son objectif, Jornet s'est uniquement déplacé en combinant les disciplines suivantes: le cyclisme, le trail, l'escalade et l'alpinisme. Il a parcouru un total de 1 207 kilomètres pour un dénivelé positif de plus de 70'000 mètres. Le tout, en 19 jours.
Avec cette performance, Kilian Jornet a donc atomisé le précédent record détenu par les alpinistes italiens Diego Giovannini et Franco Nicolini. Les deux hommes avaient eu besoin de 60 jours pour gravir les plus hauts sommets de la chaîne des Alpes. C'était en 2008. Le regretté Ueli Steck – légende de l'alpinisme – avait pour sa part mis 62 jours en 2015. Les Suisses Peter von Känel et Christian Maurer ont abaissé la marque à 51 jours au début de l'été, mais ils ont effectué les liaisons à pied et en parapente.
L'aventure «Alpine Connections» de Kilian Jornet a débuté le 13 août dernier à Saint-Moritz dans les Grisons – peu après sa victoire sur Sierre-Zinal. La première étape a inclus l'ascension du Piz Bernina (4 049 mètres) et a mesuré 242 kilomètres. L'Espagnol a ensuite pris la direction des Alpes bernoises où il a atteint le Lauteraarhorn (4 042 mètres), le Schreckhorn (4 078 mètres) et le Finsteraarhorn (4274 mètres). Après s'être longtemps stoppé en Valais, son parcours s'est achevé en France dans le massif des Ecrins.
«Mon rêve d’escalader les 82 sommets de 4 000 mètres des Alpes est devenu réel. Ce projet était incroyable, l’une des choses les plus difficiles que j’ai jamais faites, aussi bien physiquement et techniquement que mentalement», a savouré l'extraterrestre, après avoir multiplié les ascensions dont certaines sont des courses d'alpinisme cotées difficiles.
Le Catalan a une nouvelle fois prouvé qu'il est bien plus qu'une star de l'ultra-trail. C'est un très grand alpiniste. Ne lui dites pas que l'enchaînement de tous les «4 000» des Alpes n'a jamais été réalisé en plein hiver. Il serait capable de se projeter sur une telle aventure.