Fils d'un docteur et l'un des huit enfants de la famille, Matthew Webb est né le 19 janvier 1848 dans un village minier du nom de Dawley, situé près de Birmingham. Le garçon a très vite montré de fabuleuses aptitudes à la natation. Il s'est entraîné très dur dans les courants puissants de la Severn, la plus longue rivière de Grande-Bretagne, près de laquelle vivait sa famille. L'histoire raconte même que Matthew a sauvé la vie de son jeune frère Henry lors d'une sortie en mer.
Webb a dès son plus jeune âge nourri le désir - comme beaucoup d'autres jeunes à cette époque - de prendre la mer. C'est ainsi qu'à l'âge de 12 ans, il a quitté sa maison pour faire un apprentissage de deux ans comme marin dans la marine marchande.
C'était une époque où la plupart des marins ne savaient pas encore nager, contrairement à Webb, qui fut d'un précieux secours: lorsqu'un collègue est tombé à l'eau durant la traversée entre New York et Liverpool, Webb s'est jeté dans les flots, et même s'il n'a pas pu retrouver le corps du malheureux, englouti par les vagues déchaînées de l'Atlantique, le nageur a reçu 100 livres en récompense de son courage.
Mais le destin de Webb va prendre une tout autre tournure en 1873. Il a 25 ans lorsqu'il lit un livre de J.B. Johnson, un nageur sauveteur qui raconte sa tentative ratée de traverser la Manche à la nage.
Webb quitte son emploi de capitaine sur un bateau à vapeur et s'installe à Londres, où il commence à s'entraîner dans les eaux froides de la Tamise.
Il se lance dans sa première tentative le 12 août 1875. Mais après sept heures passées dans l'eau, une violente tempête se lève et le jeune homme doit abandonner son projet. Douze jours plus tard, il fait une deuxième tentative. Webb, enduit d'huile de baleine et accompagné de trois bateaux, se laisse porter par les marées en pleine mer.
Mais après huit heures de nage, une méduse le pique. Une gorgée de brandy l'aide à oublier la douleur et à continuer à nager, malgré de forts courants qui lui donnent du fil à retordre.
Webb ne se laisse pas abattre par l'adversité et le 25 août 1875, à 10h41, il touche pour la première fois le sol français. Il vient de passer 21 heures et 45 minutes dans l'eau et a parcouru une distance totale de 64 kilomètres. Il semble avoir nagé en zigzag puisque le chemin le plus direct entre l'Angleterre et la France n'est en effet «que» de 34 kilomètres.
Cet exploit exceptionnel fait du capitaine Matthew Webb l'une des personnalités les plus célèbres de l'ère victorienne. On peut bientôt acheter des services de table, des livres ou des poteries à son effigie.
Webb participe à différents spectacles de natation. Lors du plus spectaculaire d'entre eux, il reste dans un réservoir d'eau pendant 128 heures.
C'est d'ailleurs lors d'une de ses aventures qu'il trouve la mort. En 1883, le spécialiste de longue distance décède en tentant de traverser à la nage les dangereux Whirlpool Rapids de la rivière Niagara, qui sont encore aujourd'hui l'une des eaux vives les plus agitées au monde.
Son corps sera retrouvé quatre jours plus tard en aval du fleuve. Le capitaine est enterré dans le cimetière d'Oakward, près des chutes du Niagara.