«Les détails font la perfection et la perfection n'est pas un détail». Cette phrase attribuée à Léonard de Vinci revient fréquemment dans la vie et surtout dans le sport. Spécialement dans le haut niveau.
Dans le milieu du ski alpin, faut-il le rappeler, ces petits «plus» permettent d'arracher des centièmes pour grappiller des places et même monter sur le podium, comme en témoigne ce minuscule centième qui séparait Marco Odermatt et Loïc Meillard pour une place sur le podium, lors du géant de Schladming.
Il est d'autant plus important lors de ce mois de février crucial pour les meilleurs skieurs de la planète, dans la station de Saalbach. Aux Mondiaux, il n'y a que les médailles qui comptent. Et ce travail semble payer, en témoigne le titre du Valaisan lors du combiné par équipe, avec Franjo von Allmen, et sa médaille de bronze en géant. Il ne manque plus que le slalom et la moisson sera parfaite.
Pour ce faire, il faut sans cesse progresser, dégoter le moindre petit détail pour «allumer du vert» une fois la ligne d'arrivée franchie. Et dans la panoplie du skieur, il y a un élément très important: le regard.
Il est un facteur pivot dans la mécanique du ski.
Dans l'apprentissage du parfait skieur de compétition, on vous apprend à regarder le plus loin possible (deux portes en avant) pour anticiper. Le regard est un élément fondamental dans la symphonie de rouages du slalomeur ou du géantiste.
Sur ce point, Julien Vuignier, le coach des slalomeurs suisses, relate l'importance du regard, un facteur qu'il peaufine avec son poulain Loïc Meillard: «On travaille pour que tout aille dans la même direction, comme ça, tu es plus compact et plus fort sur les transferts d'appui».
Le coach valaisan prend pour exemple le géant de Schladming. «Loïc, en deux portes, il prend 30 centièmes. Sur une traverse comme celle du géant de Schladming, c’est énorme.»
Cette traverse en question, la voici en images, en comparant Loïc Meillard et Marco Odermatt:
Quelle est la différence sur ces deux clichés?
Loïc Meillard remonte la pente et son regard ne suit pas ses spatules, à la différence de Marco Odermatt, compact et le regard rivé dans la ligne de pente.
Et d'ajouter: «Quand tu sors d’une porte, tu regardes la porte suivante, pour entraîner tout ton corps vers l’autre porte».
Le technicien valaisan illustre son propos à l'aide d'un nouvel exemple, toujours à l'occasion du géant nocturne de Schladming.
Sur cette dernière capture d'écran, Odermatt est sorti de la trajectoire idéale, mais il reste compact et continue à chercher la ligne de pente, le corps tourné vers la porte rouge. Il relâche la pression pour mettre le plus vite possible son ski à plat et créer de la vitesse. Ce qui paraît simple ne l'est pas. Elle est là, la force d'Odi.
L'artiste nidwaldien façonne ses chefs-d'œuvre grâce à cette obsession de toujours engager son corps dans la ligne de pente, à la différence de Meillard qui remonte trop souvent, avec trop de direction. «Le regard doit être le prolongement, il nous guide où on veut aller, indique Julien Vuignier, qui souligne qu'Odermatt a un peu réinventé ça, en allant chercher des lignes très directes pour aller le plus vite possible à la porte suivante».
A contrario, l'équation est simple pour le styliste du Val d'Hérens, comme le rappelle son coach:
Désormais, pour Meillard, le regard doit accompagner ses faits et gestes sur les lattes, mais il est surtout tourné vers une quête dorée (bien lancée) lors des Mondiaux de Saalbach, où on l'attend virevoltant en slalom (le 16 février) et grand lors du géant (14 février).