Les slalomeurs suisses ont soufflé le froid et le chaud en ce début de saison. Loïc Meillard truste les podiums et Tanguy Nef revient très fort. A contrario, Daniel Yule peine un peu, Marc Rochat, après un exercice solide l'an dernier, est sorti trois fois sur les trois premiers slaloms, et Ramon Zenhäusern est en recherche de sensations, tout comme Luca Aerni.
Mais les protégés de Matteo Joris, le boss des slalomeurs helvétiques, forment l'une des équipes les plus performantes du slalom mondial. Les six Suisses sont tous capables de briller et de jouer le haut de tableau.
Mais derrière, le néant. Où en est cette relève du slalom suisse? Si le talentueux Sandro Simonet peine à retrouver sa forme après un ligament croisé, Noel von Grünigen semble trop tendre et les autres slalomeurs suisses n'ont jamais réussi à voir une deuxième manche.
Les résultats prouvent que la relève peine à se frotter à l'élite mondial du virage court. Les espoirs que sont Matthias Itten, Joel Lütolf, Reto Mächler, qui carburent en Coupe d'Europe, n'y arrivent pas.
Une problématique dont est conscient Matteo Joris. Sauf que mettre sur pied une nouvelle équipe prend nécessairement du temps.
Et d'enchaîner: «On doit peut-être regarder les plus jeunes, déjà: les skieurs nés en 2006, 2007, voire 2008», interroge Joris.
Car en slalom, la concurrence est forte. Pour taper fort, il n'y a pas de miracle: il faut beaucoup de kilomètres entre les portes. «Le slalom, c'est beaucoup de travail, de méthodes et de mise en place de systèmes. Même les petites nations peuvent très bien s'entraîner aujourd'hui. C'est pour ça que le niveau en slalom est très élevé».
C'est bien connu, le slalom est la discipline la plus disputée du circuit mondial.
Pour reprendre le flambeau, un espoir se démarque pour le futur du slalom helvétique: Lenz Hächler. Le Zougois, né en 2004, est un talent brut, un skieur qui rêve de classement général. «Nous devons bien le gérer; il est aussi multidiscipline et souffre de problèmes au tibia. Mais nous savons quoi faire», explique Matteo Joris.
Or, pour l'entraineur de Swiss-ski, il est difficile d'intégrer un nouvel athlète dans son équipe:
Si la concurrence est une force lors des entraînements, cette densité peut se retourner contre l'équipe suisse de slalom. Matteo Joris prend l'exemple de la «Wunderteam» autrichienne, qui possède elle aussi une très belle équipe, avec des Feller, Schwarz, Sturm ou encore Pertl. «Ils sont très semblables à notre structure, mais eux, ils ont construit une deuxième équipe qui commence à skier fort. Je pense que nous devons nous en inspirer. Nous savons ce que nous devons faire, nous connaissons les athlètes».
Matteo Joris rappelle que l'équipe actuelle a pour objectif les Mondiaux de Crans-Montana en 2027. Ensuite, sera-t-il question d'un nouveau chapitre, d'un nouveau projet? «C'est 4 à 5 ans, poursuit Joris, et il faut de la continuité dans le travail. Tu prends par exemple les 2008, tu travailles 4 ans et tu regardes si tu as des cracks entre les mains», ajoute le natif du Val d'Aoste.
Le coach Valdotain convient qu'il sera difficile de prendre la place des slalomeurs actuels, tant l'équipe est performante.
Très clair dans ses propos et clairvoyant, Matteo Joris reste persuadé que ses poulains vont encore produire de grandes choses. Il faut rester concentré sur cette génération: «Maintenant on a cette équipe et il est difficile de travailler sur la relève en même temps. Mon boulot est de pousser un maximum cette équipe pour performer le plus longtemps au plus haut niveau», estime-t-il.
Ensuite, c'est aussi à Swiss-ski de travailler pour le futur de cette équipe de slalom, pour constituer un projet solide et faire briller la bannière à croix blanche dans l'art du virage court.