Sport
Tennis

Iga Swiatek, numéro 1 mondiale du tennis passée par Montreux

Iga Swiatek a remporté deux fois le tournoi de Montreux, en 2018 et en 2020.
Iga Swiatek a remporté deux fois le tournoi de Montreux, en 2018 et en 2020.image: keystone

Iga Swiatek, nouvelle reine du tennis, a construit sa légende à Montreux

La Polonaise de 20 ans est devenue numéro 1 mondiale ce lundi. En septembre 2018, elle remportait le Montreux Ladies Open, un tournoi qui l'a révélée au grand public. Ceux qui l'ont côtoyée sur les bords du Léman racontent la championne.
04.04.2022, 06:5104.04.2022, 13:32
Plus de «Sport»

Ce dimanche 9 septembre 2018, en fin d'après-midi, le soleil illumine les courts en terre battue du Montreux Tennis Club, à quelques mètres seulement du lac Léman. Iga Swiatek, 298e mondiale, vient d'y remporter le Montreux Ladies Open, en balayant en finale la Belge Kimberley Zimmermann 6-2 6-2. Grâce à ce sacre, la Polonaise fera un bond de 118 places au classement WTA le lendemain.

Avant de partir prendre son avion, l'adolescente de 17 ans accepte l'invitation des membres de la radio universitaire lausannoise Fréquence Banane, qui a couvert le tournoi. L'émission, en direct, a lieu sur le terrain. Autour de ce plateau improvisé, l'apprenti journaliste Gabriel Nista lance à ses collègues: «Imaginez si, dans quelques années, Iga devient numéro 1 mondiale! On pourra dire qu'on l'a eue à notre micro.»

Ce lundi, le jeune Vaudois peut s'en vanter. Iga Swiatek (prononcé «Chwiontek»), 20 ans, est la nouvelle numéro 1 mondiale. Moins de quatre ans après son sacre montreusien. Elle succède à l'Australienne Ashleigh Barty, qui a surpris tout le monde en annonçant sa retraite la semaine dernière, à seulement 25 printemps.

Le couronnement de la Polonaise, qui devient la première joueuse de son pays à monter sur le trône, est des plus logiques. Samedi, elle a remporté le prestigieux tournoi de Miami, en battant en finale Naomi Osaka. Une semaine plus tôt, elle s'adjugeait déjà Indian Wells. La nouvelle reine reste sur onze succès consécutifs et réalise un excellent début de saison, avec également deux demi-finales à l'Open d'Australie et à Adelaïde.

Sur les traces de Sissi 👸

Cette première place au classement WTA représente l'accomplissement d'une progression fulgurante: Iga Swiatek occupait le 174e rang fin 2018, le 49e une année plus tard. En octobre 2020, elle remportait – à la surprise générale – Roland-Garros, en étant 54e mondiale. C'est pour l'instant son seul titre du Grand Chelem, mais c'est celui qui l'a propulsée dans la cour des très grandes et lui a offert un statut de star.

Avec un brin de chauvinisme, on peut affirmer que la nouvelle impératrice du tennis est née en septembre 2018 à Territet, quartier de Montreux, à quelques dizaines de mètres de la statue de Sissi, qui appréciait particulièrement séjourner sur la Riviera. «Quand j'ai vu son premier match, je me suis dit: "Ouah!"», rembobine Benjamin Dracos, directeur du Elle Spirit Open (anciennement Montreux Ladies Open).

«Elle avait vraiment quelque chose en plus, déjà à ce moment. On n'imaginait pas forcément qu'elle deviendrait numéro 1 mondiale, mais peut-être dans le top 20 ou le top 10»
Benjamin Dracos, directeur du tournoi de Montreux
Iga Swiatek, avec le trophée de lauréate du tournoi de Montreux 2018.
Iga Swiatek, avec le trophée de lauréate du tournoi de Montreux 2018. image: instagram

Le jeu de la Polonaise a tout de suite impressionné l'ancien pro (ex-ATP 561). «Elle avait un gros coup droit, la balle giclait de sa raquette», analyse-t-il. «Elle était aussi très explosive, avec un bon déplacement.» «Elle possédait déjà un jeu très complet», ajoute Jonathan Scyboz, responsable du staff et sparring partner pendant le tournoi.

«Sur chaque frappe, elle faisait des choix concrets, avec un vrai plan tactique. Et elle montait souvent à la volée. D'habitude, on voit cette variété plutôt dans le tennis masculin»
Jonathan Scyboz, sparring partner d'Iga Swiatek à Montreux

Benjamin Dracos a aussi été interpellé par l'attitude de la jeune pépite, déjà très mature. «Elle marchait véritablement sur ses adversaires. Elle était très sérieuse, focus sur son travail, mais en même temps très décontractée avec son équipe, composée de son entraîneur et de son préparateur physique». «Elle avait la chance d'être bien entourée, on sentait les bonnes vibes au sein de sa team», appuie Jonathan Scyboz. «Il n'y avait pas de pression, tout était axé sur le jeu. Iga s'amusait même à l'échauffement.»

Mais dès les premiers échanges, la Polonaise montrait qu'elle n'était pas venue sur les bords du Léman pour rigoler. Sur chaque point important remporté, elle criait et serrait le poing, avec un regard rageur en direction de son clan.

Décontractée hors du terrain, Iga Swiatek a une attitude de guerrière une fois sur le court.
Décontractée hors du terrain, Iga Swiatek a une attitude de guerrière une fois sur le court. image: keystone

Une compatriote inspirée 💡

Parmi les membres de celui-ci, il y avait Madgalena Lasocka-Vlahos. Une habitante de Jouxtens-Mèzery (VD), dans la région lausannoise. Sans qui Iga Swiatek ne serait sans doute jamais venue à Montreux. Cette Polonaise d'origine a logé, dans sa maison familiale, la nouvelle numéro 1 mondiale et son staff durant tout le tournoi.

C'est aussi sous son impulsion que la tenniswoman s'est inscrite au Montreux Ladies Open en 2018. «Quand nous allions en vacances en Pologne, mes enfants s'entraînaient avec le coach d'Iga, Piotr Sierzputowski (réd: sa collaboration avec Swiatek a pris fin en décembre 2021), dans le club du Legia Varsovie auquel elle appartient», explique la Vaudoise.

«Je savais qu'elle était une joueuse très prometteuse, et j'ai conseillé à Piotr qu'elle vienne disputer le Montreux Ladies Open. J'ai aussi demandé à Benjamin Dracos, avec qui je prends des cours de tennis, s'il était possible d'offrir une wild card à Iga.»
Madgalena Lasocka-Vlahos

Mais à ce moment, quelques mois avant le tournoi, son directeur ne connaît pas encore la Polonaise et n'est pas emballé par l'idée. «On reçoit chaque année une pluie de demandes de ce genre, et on avait prévu des wild cards que pour des joueuses suisses», rigole, avec le recul, Benjamin Dracos.

Iga Swiatek de retour à Montreux, en juillet 2020.
Iga Swiatek de retour à Montreux, en juillet 2020.image: instagram

Mais Magdalena Lasocka-Vlahos ne lâche pas le morceau et rencontre en personne Iga Swiatek à Varsovie, quelques semaines avant le tournoi. Elle organise le séjour de la tenniswoman et de son équipe dans sa villa lausannoise.

Car, entre-temps, les espoirs de jouer à Montreux sans invitation ont grandi. «On ne pouvait toujours pas lui en offrir une, mais on voyait qu'elle commençait à gagner des tournois, dont Wimbledon juniors, et qu'elle avait effectivement un gros potentiel. Alors, finalement, on priait pour qu'elle ait le classement suffisant pour jouer directement dans notre tableau», se marre Benjamin Dracos.

Les prières sont exaucées: Iga enchaîne les bons résultats, dont un sacre la semaine précédant le Montreux Ladies Open, à Budapest, son plus grand titre jusqu'alors. Elle arrive avec le plein de confiance sur la Riviera, où elle n'est même pas tête de série. La suite, on la connaît.

De Montreux à Roland-Garros via Broc 🍫

Deux ans plus tard, en juillet 2020, en pleine pandémie de Covid, la Polonaise, désormais 49e mondiale, revient sur les bords du Léman. Elle honore l'invitation du tournoi montreusien, transformé exceptionnellement en événement de gala sur trois jours à cause de l'arrêt du Circuit. Cette fois, Benjamin Dracos et ses collègues n'ont pas hésité une seule seconde quand Magdalena Lasocka-Vlahos leur a proposé de faire venir sa compatriote. Et ça tombe bien, celle-ci est déterminée à retrouver le lieu de ses exploits.

«Ses deux premiers avions avaient été annulés, alors elle était même prête à venir en voiture»
Benjamin Dracos

Finalement, le troisième avion sera le bon. Iga Swiatek loge à nouveau chez Magdalena Lasocka-Vlahos avec son équipe, complétée par un préparateur mental (qu'elle n'avait pas en 2018). Si les habitudes sont les mêmes hors du terrain, celles sur la terre battue de Territet ne changent pas non plus. La jeune Polonaise remporte un deuxième titre, en s'imposant encore 6-2 6-2 en finale, cette fois face à la Zurichoise Viktorija Golubic.

Iga Swiatek (tout à droite) avec la finaliste Viktorija Golubic et les deux directeurs du Elle Spirit Open, Benjamin Dracos (à gauche) et Yannick Fattebert.
Iga Swiatek (tout à droite) avec la finaliste Viktorija Golubic et les deux directeurs du Elle Spirit Open, Benjamin Dracos (à gauche) et Yannick Fattebert. image: keystone

Depuis, Iga Swiatek est revenue une fois à Montreux, en décembre dernier, profitant d'une visite en Suisse chez son sponsor, Rolex. Elle est passée à Jouxtens-Mèzery rendre visite à Magdalena Lasocka-Vlahos, qui a toujours gardé le contact avec la championne. Elle lui écrit, par WhatsApp, après ses grandes victoires.

La Lausannoise et sa famille ont même été invités dans la loge de la Polonaise lors de la finale de Roland-Garros 2020. «Iga m'avait demandé de lui amener le chocolat qu'elle préfère, qu'elle avait découvert quand on était allés visiter l'usine Cailler à Broc: le chocolat noir aux noisettes et amandes. Après sa victoire, elle m'a demandé si elle avait mérité la plaque. J'ai acquiescé», rigole la résidente de Jouxtens-Mèzery.

Iga Swiatek avec son trophée de lauréate de Roland-Garros 2020.
Iga Swiatek avec son trophée de lauréate de Roland-Garros 2020. image: keystone

Elle a appris que sa compatriote allait devenir numéro 1 mondiale lors d'un voyage en Australie. «Mais ce n'est pas moi qui suis allée demander à Barty d'arrêter!», se marre-t-elle. Après quoi la Vaudoise lui a écrit pour la féliciter. Elle n'a pas non plus manqué de rappeler à Benjamin Dracos qu'elle lui avait dit, déjà en 2018, qu'Iga Swiatek deviendrait un jour la meilleure joueuse du monde.

Plus d'articles sur le sport

25 sosies repérés dans le public des matchs de hockey
1 / 27
25 sosies repérés dans le public des matchs de hockey
source: reddit
partager sur Facebookpartager sur X
Eric Zemmour est mis à la porte par Nourredine Zidane
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
L'équipe suisse Tudor s'est donné un très grand objectif en 2025
Renforcée cet hiver par les arrivées de Julian Alaphilippe, Marc Hirschi et Red Bull, l'équipe Tudor Pro Cycling entame l'année avec des objectifs élevés, notamment celui de participer au prochain Tour de France. Voici ce qu'il faut savoir sur sa saison 2025.

Le soleil brille. Il fait 18 degrés à Moraira, au Sud de Valence en Espagne, où la formation Tudor se prépare en vue de la saison à venir. Sourire aux lèvres, Fabian Cancellara, ancienne star du vélo, désormais propriétaire de l'équipe, se présente à nous avec la satisfaction du devoir accompli: «Nous avons fait quelque chose de bien ces deux dernières années, pour voir autant de journalistes ici, dans cet hôtel, s'intéresser à nous».

L’article