Un sélectionneur national est bien plus qu'un entraîneur. Il est à la fois le visage et le meilleur vendeur de notre hockey et de l'équipe de Suisse, avec un rayonnement qui va bien au-delà du monde du sport. Le charisme et les aptitudes en communication sont tout aussi importants que le sens aigu de l'observation lorsque les matchs sentent la poudre, comme ce fut le cas lors de la défaite de la Nati contre l'Allemagne (1-3), jeudi en quart de finale du Mondial.
Ceux qui prétendent que Patrick Fischer est un très bon communicant mais pas un bon coach ne cherchent pas la polémique. Le coach qui perd cinq fois de suite un quart de finale lors d'un grand tournoi (Mondial 2019, 2021, 2022, 2023 et Jeux olympiques 2022) a un problème. La vérité est toujours à chercher dans les résultats. Et pour Patrick Fischer, cette vérité est amère.
Que faut-il donc faire? La solution parfaite serait de prendre congé du directeur sportif Lars Weibel, efficace mais dépassé, en le remerciant pour ses services, et de promouvoir Patrick Fischer au poste de directeur sportif de la Fédération.
L'ancien gardien de but Lars Weibel n'a jamais occupé de poste de direction dans un club au cours de sa carrière. Il lui manque la sérénité, l'expérience et la personnalité nécessaires pour diriger d'une main de fer le département sportif et être une aide et un soutien pour Patrick Fischer. En septembre, un nouveau président de la Fédération sera élu. Ce sera alors le moment idéal pour aérer les bureaux de l'instance faîtière du hockey suisse.
Patrick Fischer n'a pas eu de chance à la bande depuis la 2e place du Mondial 2018. L'encens de la gloire argentée a été balayé par les vents glacés du présent. Mais le sélectionneur a acquis entre-temps une immense expérience du hockey international et il dispose d'un réseau aussi ramifié que les racines d'un chêne cinq fois centenaire. Il sait comment se déroulent les grands tournois. Il sait comment fonctionnent les joueurs de la nouvelle génération. Rappelons qu'il a su composer correctement ses équipes lors de chaque Championnat du monde et qu'il parvient toujours à convaincre les stars de la NHL d'y participer, ce qui ne va pas de soi.
En 2026, le Mondial se déroulera à Zurich et Fribourg. Ce serait un miracle si Patrick Fischer parvenait à conserver son autorité de coach d'ici là, sachant qu'il ne parvient déjà presque pas à se défaire de la récente défaite contre l'Allemagne, la plus amère de son mandat qui dure maintenant depuis sept ans. Mais son autorité dans un sport dont il est chez nous la voix et le visage, elle, reste intacte bien au-delà du monde du hockey sur glace.
Reste à savoir qui pourra remplacer Patrick Fischer à la tête de l'équipe nationale. Un problème qui peut facilement être résolu. Car dès que le poste de sélectionneur national sera à pourvoir, les candidatures afflueront de partout. Patrick Fischer sachant exactement ce qu'il faut pour le poste d'entraîneur national, il sera capable de choisir le bon successeur.
Bien sûr, on pourrait aussi ne rien changer, et se dire que dès septembre ce sera une nouvelle saison qui commencera, avec de nouvelles chances. Mais si nous voulons atteindre un jour le grand objectif formulé par Patrick Fischer, à savoir le titre de champion du monde, nous ne pourrons pas le faire sans conséquences personnelles. Ce serait une folie de jeter le bébé (ou l'entraîneur national) avec l'eau du bain et de se séparer du sélectionneur national. C'est pourquoi il faut continuer avec Patrick Fischer, mais au poste de directeur de la Fédération.
Dans la discussion qui entoure Fischer, il y a une variante que nous ne devrions pas complètement oublier et exclure. Parfois, nous pouvons tirer des leçons de l'histoire. Il y a 14 ans, Patrick Fischer a mis fin de manière totalement inattendue à sa carrière de joueur, malgré un contrat qui courait encore pour un an. Après une saison grandiose avec 36 points en 50 matches de qualification et 8 points en dix matchs de play-offs.
Il aurait certainement pu jouer encore trois ou quatre ans au plus haut niveau, mais n'a pas hésité à jeter un montant à sept chiffres par la fenêtre. «L'argent n'a jamais représenté pour moi une motivation pour jouer au hockey sur glace. Je préfère avoir un peu moins d'argent et être satisfait», a-t-il dit à l'époque, ajoutant plus tard:
Ce serait une perte cruelle pour notre hockey si Patrick Fischer, une personnalité au caractère affirmé, devait arriver à la conclusion qu'il est temps de tourner le dos à l'équipe nationale et à notre hockey, malgré un contrat qui court encore pour une année supplémentaire, soit jusqu'en 2024.
Adaptation en français: Julien Caloz