Un nul de plus affligeant contre l’équipe B du Kosovo, un tour d’honneur bien triste, une banderole assassine enlevée au dernier moment et un sélectionneur droit dans ses bottes. La 6e qualification de rang de l’équipe de Suisse pour une grande compétition fut bien acquise au terme d’une soirée rhénane extraordinaire, samedi contre le Kosovo (1-1). Et pour le coup, elle est vraiment sortie de l'ordinaire.
«Le ver est dans le fruit.» Ces propos tenus par Remo Freuler à l’issue du match traduisent bien le malaise qui entoure l’équipe de Suisse. Certes, elle demeure invaincue dans ce tour préliminaire de l’Euro 2024 avec l’espoir de remporter son groupe en cas de victoire mardi à Bucarest contre la Roumanie.
Mais la vérité du terrain est implacable. La Suisse n’est pas parvenue à gagner la moitié de ses rencontres – 4 victoires et 5 nuls – face à des adversaires bien modestes. Seule la Roumanie, présente à l’Euro 2016 en France, avait disputé une phase finale depuis 2010.
Murat Yakin ne désarme pourtant pas. Critiqué comme jamais un sélectionneur de l’équipe de Suisse ne l’avait été ces vingt dernières années et crucifié sur les réseaux sociaux avec une extrême virulence, le Bâlois s’accroche à la barre avec un contrat qui a été, samedi soir, automatiquement prolongé jusqu’à l’été prochain. Seulement, l’extrême neutralité – pour rester mesuré – de ses cadres conduit à penser que son avenir est scellé.
Contre Israël mercredi et contre le Kosovo samedi, Manuel Akanji et Granit Xhaka ont erré comme des âmes en peine. Et Yann Sommer, le troisième leader, n’arrête pratiquement plus aucun tir – 9 buts encaissés lors de ses 5 dernières rencontres – alors qu’il aligne les clean sheets avec l’Inter.
Son directeur des équipes nationales doit sortir de sa zone de confort et assumer pleinement ses responsabilités. A moins d’un sursaut que l’on croit toutefois bien improbable mardi à Bucarest, le sort de Murat Yakin est scellé. Il ne peut plus poursuivre sa mission devant la défiance de ses leaders. Malgré tous les discours de façade, le divorce est consommé entre le sélectionneur, Granit Xhaka et Manuel Akanji.
Dans un monde idéal, Pierluigi Tami prendrait sa voiture pour rouler jusqu’à St-Barthélemy où il rencontrerait le candidat idoine à la succession de Murat Yakin. On veut bien sûr parler de Lucien Favre, que Granit Xhaka, Manuel Akanji et Yann Sommer apprécient énormément en raison de leur passé commun en Bundesliga.
Sans club depuis son départ de Nice en janvier dernier, le Vaudois ne serait-il pas partant pour une mission de six mois ou plus si affinités? Lui qui n’a pas eu le bonheur de jouer dans une équipe de Suisse en mesure de se qualifier pour une Coupe du monde ou un Euro mériterait mille fois de couronner sa carrière d'entraîneur avec une grande phase finale à la tête de l’équipe de Suisse.
On doute toutefois que Pierluigi Tami et son président Dominique Blanc puissent, par leurs discours et leurs actes, convaincre Lucien Favre de monter à bord. Mais les deux hommes doivent comprendre, ou sans doute ont-ils déjà compris, que maintenir Murat Yakin à la barre enverra leur navire amiral dans le fond l’été prochain. Jouer l’Euro avec un sélectionneur lâché par ses deux meilleurs joueurs serait tout simplement aberrant. (ats)