Des Romands vont braver le danger sur le Tour de France
Chaque année depuis 1993, les amateurs de vélo ont la possibilité de vivre le mythe de la Grande Boucle en roulant sur une des étapes de montagne inscrite au programme du Tour de France. Et ça ne plaisante jamais: pour la première édition de la prestigieuse cyclosportive, les participants avaient dû se farcir les cols du Tourmalet, du Soulor et de l'Aubisque sur 190 km.
Cette année-là, il y avait déjà des Suisses au départ et ce sera encore le cas en 2026, même si le tracé a de quoi refroidir les plus téméraires: «L'Etape du Tour de France» retenue parmi les organisateurs partira le dimanche 19 juillet 2026 du Bourg d'Oisans. Au menu: 170 km, 5400 m de dénivelé positif et quatre ascensions mythiques du Tour de France.
En posant son regard sur le parcours, Jean-Luc est obligé de reconnaître que «c'est impressionnant». Ce Morgien de 43 ans est pourtant à l'aise dans les montées: il a terminé 200e (sur 15 000 participants environ) en 2024 et accroché une place parmi les 300 meilleurs cette année. 2026 coïncidera avec sa troisième participation et même s'il s'attend à souffrir un peu, il se réjouit aussi: «C'est clairement la meilleure étape du Tour que je vais faire.»
«Comme Paléo»
Comme lui, Thomas avait mis un rappel dans son agenda pour s'inscrire à l'épreuve le lundi 3 novembre. «J'étais connecté sur le site cinq minutes avant pour être sûr de pouvoir obtenir un dossard, car les places partent en quelques minutes. C'est un peu comme Paléo», explique ce Nyonnais de 36 ans.
Au départ du Bourg d'Oisans, il croisera peut-être Duncan, un Morgien qui ne rate plus une «Etape du Tour» depuis près de dix ans. Il parle de cette cyclosportive comme d'un «évènement», le rendez-vous qu'il ne veut surtout pas rater chaque année. «C'est un privilège de pouvoir y participer», ajoute ce coureur qui a terminé plusieurs fois dans le top 50 de l'épreuve et que le profil de l'étape 2026 n'a pas l'air de refroidir:
Si la course est aussi populaire (16 000 personnes y participent chaque année), c'est parce qu'elle emprunte les mêmes routes que les professionnels dans un environnement très proche de celui du Tour de France, c'est à dire sur des routes fermées. «C'est rare de pouvoir rouler dans ces conditions en tant qu'amateur», souligne Thomas.
Cette liberté est grisante. «Couper les virages, c'est quelque chose que tu ne peux jamais faire dans la vraie vie, en tout cas il ne vaut mieux pas», sourit à moitié Jean-Luc, pas franchement rassuré lorsque son compteur dépasse les 90 km/h. «La descente, c'est quelque chose que j'appréhende. C'est le truc qui peut faire flipper.»
Les vélos vont toujours plus vite et les freins à disques permettent aux coureurs de freiner plus tard. Dans les descentes vertigineuses des cols de la Croix de Fer ou du Galibier, une collision avec un concurrent ou une sortie de route peuvent se produire très rapidement, surtout pour des sportifs qui ne sont pas habitués à pouvoir couper les trajectoires lorsqu'ils roulent sur des portions ouvertes aux voitures (c'est à dire tout le reste de l'année).
Jean-Luc raconte qu'à Nice, l'an dernier, «ils ont été chercher deux mecs dans les falaises». Thomas a lui-même été victime de l'imprudence d'un concurrent sur une «Etape du Tour». «Je suis sorti de la route après qu'un coureur a freiné n'importe comment devant moi», rapporte-t-il, précisant que le risque d'accident grandit dans la deuxième moitié du peloton (où les non-initiés sont plus nombreux) et vers la fin de l'étape, lorsque la fatigue a déjà bien entamé la lucidité des participants.
Un petit regret
Il y a aussi de grandes et belles descentes dans les Pyrénées, mais «L'Etape du Tour» n'y est plus organisée depuis 2014 et une course entre Pau et Hautacam. «Ce serait pas mal d'y retourner, mais c'est plus facile d'attirer des gens dans les Alpes, songe Duncan. Il y a plus de montées connues et d'un point de vue logisitique, les aéroports sont plus proches des stations.» «Traverser la France pour un jour de course, quand on est Suisse, ce serait forcément plus compliqué», ajoute Thomas.
Malgré la distance, Jean-Luc aimerait beaucoup courir un jour dans les Pyrénées, mais son plus grand regret, aujourd'hui, concerne la dernière portion de «l'Etape du Tour 2026». Les participants atteindront l'Alpe d'Huez en passant par le col de Sarenne et non pas par les mythiques lacets, ces 21 virages numérotés en ordre décroissant par des panneaux indicateurs.
«Ne pas emprunter ces fameux lacets, c'est vraiment frustrant», insiste Jean-Luc. L'impression n'est pas la même chez Thomas et Duncan, qui ont déjà eu l'occasion d'escalader le versant mythique dans le passé. On peut toutefois supposer qu'ils auraient préféré terminer par les 21 virages plutôt que par le col de Sarenne, une ascension plus longue, plus sauvage, mais aussi plus irrégulière. «Ce sera beau, mais aussi plus difficile», prévient Duncan. Voilà qui promet.
