Tadej Pogacar a joué et il a gagné. Le Slovène a obtenu dimanche son tout premier maillot arc-en-ciel et a conclu avec brio des Championnats du monde de cyclisme sur route en Suisse, marqués par le décès de Muriel Furrer et des conditions parfois dantesques, sauf en ce dernier jour de compétition. Il a attaqué à plus de 100 kilomètres de l'arrivée lorsque ses équipiers ont faibli et il s'est appuyé sur son compatriote Jan Tratnik présent à l'avant pour revenir sur un groupe de fuyards.
Une fois présent dans l'échappée, le coureur de la formation UAE Team-Emirates s'est rapidement détaché. Seul Pavel Sivakov, son fidèle lieutenant le reste de la saison, est parvenu à suivre le rythme, non sans l'aide de son leader habituel, prêt à ralentir pour l'attendre. Mais à 50 kilomètres du but, Tadej Pogacar a pris seul les commandes de la course et personne ne l'a revu, pas même ses principaux rivaux, surpris par son attaque lointaine et qui, malgré tout, ont cru le reprendre dans les derniers kilomètres, le Slovène étant marqué par les efforts.
Tadej Pogacar réalise donc la triple couronne, à savoir remporter le Giro, le Tour de France et les Mondiaux la même année, comme Eddy Merckx (1974) et Stephen Roche (1987) avant lui. Or le meilleur aux Mondiaux est sans doute à venir pour le triple vainqueur de la Grande Boucle, intraitable sur les routes helvétiques. Car cette semaine zurichoise a été l'occasion pour l'Union cycliste internationale (UCI) d'officialiser les tracés des Championnats du monde 2025 organisés pour la toute première fois en Afrique. Ce sera à Kigali au Rwanda et il y aura de la montagne, beaucoup de montagne.
Le parcours de la course en ligne 2025 semble encore plus redoutable que celui proposé à Zurich cette année. Il présentera près de 5500 mètres de dénivelé, soit plus qu'à Innsbruck en 2018. Seule l’édition de Sallanches en France voisine en 1980 a connu plus de relief. L'UCI assure qu'il s'agit du tracé «le plus difficile de l'histoire». Le Mont Kigali – 6 kilomètres à 7%, et son sommet à près de 1800 mètres d'altitude – sera un temps fort d'une journée toboggan en altitude.
Or le Slovène pourrait encore davantage marquer l'histoire. Car le contre-la-montre individuel – l'un des rares titres qui lui manque désormais – présentera lui aussi un parcours redoutable. Un fait particulièrement rare dans cette discipline. Celui de Zurich était déjà considéré comme difficile, avec un dénivelé d'environ 400 mètres pour un effort de 46 kilomètres. Plus court au Rwanda (40 kilomètres), le tracé sera surtout plus accidenté (680 mètres de dénivelé). Il y aura quatre côtes à gravir et l'épreuve se conclura au sommet. Un profil atypique et idéal pour le Slovène, excellent en contre-la-montre, mais incapable de rivaliser hors Grand Tour face aux spécialistes de l'effort solitaire.
Tadej Pogacar a ouvert en Suisse son compteur de victoires aux Championnats du monde. Ce n'est que le début de sa brillante histoire avec cette compétition.