Dans l'article que Gerardo Riquelme consacre à Paco de la Paz cette semaine, le journaliste de Marca commence par rappeler que la pandémie de Covid a été un choc psychologique pour trois Espagnols sur quatre. «Selon des études, elle a entraîné une détérioration de leur santé mentale», ajoute l'auteur, qui confronte ces chiffres à la trajectoire extraordinaire (au sens premier du terme) du Sévillan de 22 ans, dont la pandémie a agi comme une catharsis.
L'Ibère menait jusque-là une vie d'adolescent oisif. Il fumait un paquet par jour et ne manquait jamais une occasion de faire la fête. Puis tout s'est arrêté avec le Covid, et pour Paco, ce fut le déclic.
Le journal raconte que les premières sorties du débutant ont été pénibles. «J'avais une connaissance qui faisait le semi-Ironman d'Islantilla (réd: une localité andalouse) en octobre 2020, alors je me suis inscrit». Il termine 103e et bon dernier, avec un chrono calamiteux (6h d'effort, soit deux de plus que le vainqueur). «J'y étais allé sans préparation. J'avais emprunté un vélo et n'avais même pas de chaussures de course.»
D'autres que lui auraient tout arrêté, terminado. Mais le garçon a un physique fait pour les épreuves d'endurance: son rythme cardiaque au repos est de 34, lorsque le cœur d'un adulte en condition physique normale bat entre 50 et 80 fois par minute dans les mêmes conditions. Alors Paco persévère. Achète un vélo et commence à s'entraîner. Les effets sont rapidement visibles, il s'enhardit et décide de «prendre ça au sérieux».
Sa saison 2022 est exceptionnelle: il remporte le semi-Ironman d'Islantilla (douce revanche), puis le «70.3» de Tanger (1,9 km de natation, 90 de vélo et 21,1 de course à pied). Comme il étudie la nutrition et la diététique, il devient «son propre cobaye». «J'ai beaucoup appris sur mon corps, mes sensations, ce qui fonctionne pour moi et ce qui ne fonctionne pas», énumère-t-il dans Marca.
Il poursuit sa progression en 2023, mais bute sur ses limites en natation, ce qui n'est pas étonnant quand on sait qu'il y a quatre ans seulement, il était incapable d'enchaîner plus de quatre longueurs de suite en piscine. Il s'est beaucoup amélioré depuis, mais pour truster les premières places à l'internationale, il doit améliorer sa technique de nage. C'est le cas d'ailleurs de beaucoup de triathlètes. «Alors que la course à pied et le vélo nécessitent moins d'apprentissage, la natation demeure l'épreuve la plus technique pour les triathlètes et souvent le point faible d'un grand nombre d'entre eux», résume un site spécialisé dans l'entraînement.
Nager comme un dauphin est le prochain défi de ce triathlète de 22 ans, tout frais champion d'Espagne d'Ironman, la catégorie reine du triathlon (3,8 km de natation, 180 de vélo et 42,195 de course à pied). Il rêve désormais de participer aux Mondiaux à Hawaï, où il serait confronté à plus grand que lui: l'âge auquel les spécialistes d'Ironman atteignent généralement le maximum de leur capacité se situe en effet vers 32-33 ans, aussi bien chez les femmes que chez les hommes, selon la revue Extreme Physiology & Medicine.
Paco de la Paz a donc encore le temps de grandir, et d'aller vite. «Je pense que j'ai le potentiel pour passer sous la barre des 8h si la course se passe bien pour moi», estime celui qui n'a certainement pas fini de découvrir toute l'étendue de son potentiel.