Dimanche soir, Robert Lewandowski a dû regarder avec un peu d'envie du côté de Munich. Alors que le Polonais ne trouvait pas le chemin des filets lors de ses débuts avec le FC Barcelone contre le Rayo Vallecano (0-0), ses anciens coéquipiers du Bayern faisaient plier Wolfsburg (2-0) grâce à des réussites de Musiala et Müller.
Après avoir inscrit onze buts lors de leurs deux premiers matchs officiels en Supercoupe contre Leipzig (5-3) et lors de l'ouverture de la Bundesliga à Francfort (6-1), les Munichois ont poursuivi leur marche en avant. Et tout cela sans Lewandowski, qui était encore la saison dernière la garantie de buts personnifiée du club avec 50 réussites en matchs officiels.
La grande question est toujours de savoir comment le Bayern parviendra à remplacer son meilleur buteur. L'équipe de l'entraîneur en chef Julian Nagelsmann a donné les premières réponses à cette question lors des trois premiers matchs de la saison. Lewandowski aurait-il plus besoin du Bayern en ce moment que le contraire?
Le jeu du Rekordmeister, qui était auparavant extrêmement axé sur Lewandowski en tant que joueur cible, semble soudain nettement plus varié, plus rapide et surtout plus imprévisible. D'autres joueurs profitent de l'espace libre ainsi créé et comblent le vide laissé par Lewandowski. Pour l'instant, Nagelsmann a réussi à répartir la responsabilité de marquer des buts sur plusieurs épaules. Sur les trois premiers matchs officiels du Bayern cette saison, six buteurs différents se sont succédé.
L'attaque munichoise n'est désormais plus un one-man-show. La nouvelle recrue Sadio Mané et Serge Gnabry forment à la place un duo d'attaque. Derrière eux, la jeune star Jamal Musiala et Thomas Müller sont en pleine effervescence. Dans cette constellation, l'offensive bavaroise semble libérée des contraintes imposées à une équipe par un attaquant aussi dominant que Lewandowski. Le Bayern s'est manifestement émancipé de son ancien roi en un temps record.
Musiala peut s'épanouir et repousse toujours plus loin les limites de son énorme potentiel – avec quatre buts en matchs officiels, il est actuellement le meilleur buteur du Bayern. Gnabry, dont Nagelsmann peut désormais exaucer le vœu de le voir évoluer à un poste plus central, s'épanouit lui aussi. Müller reprend exactement là où il s'était arrêté avec Lewandowski et continue à fournir des passes décisives à la chaîne – et contre Wolfsburg, il a réussi à marquer son premier but de la saison.
Mané, lui, s'est parfaitement intégré. Il interprète différemment le rôle de buteur en créant lui-même des occasions. Il reste à voir si le Sénégalais, qui ne mesure qu'1m74, peut marquer autant de buts que son prédécesseur (1m85). Mais au moins sur le plan technique et du jeu, il représente même une amélioration par rapport à Lewandowski.
La nouvelle superstar marque des points auprès de l'entraîneur et de ses coéquipiers grâce à son attitude modeste. Après le match de Francfort, il a directement grimpé sur le grillage du bloc de supporters du Bayern avec un mégaphone. Alors que Lewandowski entretenait des relations plutôt froides et professionnelles avec les supporters, Mané est une superstar que l'on peut toucher – et il est déjà en passe de devenir le chouchou du public.
Nagelsmann est un autre gagnant du départ de Lewandowski, car son plus grand détracteur s'en est allé.
Le buteur s'était notamment plaint, après la première partie de la saison dernière, de ne pas avoir reçu suffisamment de centres par rapport à l'année précédente. En fait, il y en a eu tout juste trois (!) de moins, comme Nagelsmann l'a récemment calculé pour le FAZ. Lewandowski se serait également plaint de formes d'exercices prétendument trop complexes. Le fait qu'il se soit finalement rendu à l'entraînement sans enthousiasme et en retard n'était que le dernier acte de sa comédie de transfert estivale; une saga qui a pesé sur l'ambiance de tout le club pendant des mois.
Bien sûr, il arrivera certainement un jour où l'on se posera la question de l'absence d'un véritable avant-centre, comme Nagelsmann l'a déjà dit lui-même. Avec Leipzig et Francfort, le Bayern a eu jusqu'à présent des adversaires qui ont joué le jeu et Wolfsburg a également offert des espaces. La nouvelle offensive doit encore faire ses preuves face à des équipes plus basses.
Si un avant-centre puissant de la tête s'avérait nécessaire, Nagelsmann a déjà pensé à Eric Maxim Choupo-Moting, qu'il a récemment cité. Il dispose aussi d'un super talent offensif avec Mathys Tel. Kingsley Coman et Leroy Sané sont d'autres options que le coach a dans sa manche et qu'il peut abattre à tout moment.
Le Bayern a en tout cas fait tout juste en cédant Lewandowski (34 ans la semaine prochaine) pour un montant pouvant atteindre 50 millions d'euros. De toute façon, les dirigeants bavarois allaient bientôt devoir penser à l'après-Lewandowski. Pourquoi ne pas opérer ce changement dès maintenant? Avec des performances spectaculaires et libérées, l'équipe a déjà montré que le départ de Lewandowski était une chance plus qu'une catastrophe industrielle pour le Bayern.
Adaptation en français: Julien Caloz