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Les footballeurs et les hockeyeurs suisses skient en cachette

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Les footballeurs et les hockeyeurs suisses skient en cachette

Contrairement au gardien du Bayern Munich, blessé sur les pistes, les joueurs de Super League et de National League n'ont contractuellement pas le droit de skier. Mais certains s'arrangent.
05.01.2023, 19:1306.01.2023, 06:26
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Chaque hiver en Suisse, près de 33 000 skieurs sont victimes d’un accident sur les pistes (chiffres Suva de décembre 2022). Pour éviter qu'une telle mésaventure n'arrive à un de leurs joueurs, et que le rendement de leur équipe en soit impacté, les clubs de football et de hockey sur glace interdisent purement et simplement la pratique à leurs hommes. «Dans les contrats par défaut de la Swiss Football League, il est stipulé que les joueurs ont interdiction de faire des sports dangereux durant leur temps libre», nous renseigne le porte-parole des Young Boys. La même clause existe aussi en hockey sur glace, comme nous le confirment les clubs de Davos et de Viège. Sauf que...

«Sauf que pendant les fêtes de fin d'année, je peux t'assurer que plein de hockeyeurs vont quand même skier, cafte un insider de la discipline en Suisse. Ils louent des appartements avec quelques coéquipiers et vont sur les pistes. Ils doivent juste faire attention à ne pas se faire attraper, mais comme on dit: pas vu, pas pris.»

Qui reconnaîtrait un joueur du HC Davos avec une épaisse cagoule et de larges lunettes? Quand on demande à Jan Alston si des hockeyeurs du club grison skient en douce, le directeur sportif du HCD expédie la question en fond de patinoire. «Je n'entre pas dans ces discussions et vous renvoie à l'interdiction formulée dans le contrat», répond-il avec malice et sans en dire davantage, non plus, sur le type de sanctions prévues pour ceux qui se feraient pincer dans le Jakobshornbahn entre deux matchs.

Der Davoser General Manager (Sportchef) Jan Alston (CAN/SUI) an der PK vor dem Spielbeginn, im Eishockey-Qualifikationsspiel der National League zwischen dem HC Davos und den ZSC Lions, am Samstag, 27 ...
Jan Alston dans la «cathédrale» davosienne.Image: KEYSTONE

Pour éviter d'apprendre de mauvaises nouvelles par la bande, le HC Viège permet à ses hockeyeurs de skier mais seulement lorsque la saison est terminée et uniquement sur requête. «Un gars nous l'avait demandé une fois. On lui avait dit: "Ok, mais évite de le faire en Valais et ne prend pas de risque", raconte Sébastien Pico, directeur général des Haut-Valaisans. C'est typiquement le genre de choses qui ne gêne personne tant que tout se passe bien, et qui devient problématique si un accident survient.»

On n'aurait d'ailleurs rien su de la passion de Manuel Neuer pour le ski alpin si le portier allemand du Bayern ne s'était pas cassé la jambe cet hiver. «Ça montre bien que même s'il a été un grand gardien, il est désormais plus concentré sur son après-carrière que sur le terrain», tacle Christian Constantin. Le boss du FC Sion n'aimerait pas qu'un tel accident arrive à l'un de ses joueurs, mais il n'est pas très bien placé non plus pour leur faire la morale.

«J'aime la montagne, donc je vais emmerder personne s'il va faire du ski, pour autant qu'il ne se casse pas la gueule. S'il va sur les pistes, autant qu'il soit bon!»
Christian Constantin, président du FC Sion.
Christian Constantin, president du FC Sion, passe la ligne d'arrivee de la course Arolla-Verbier lors de La Patrouille des Glacier ce jeudi 22 avril 2009 a Verbier. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bott ...
«CC» avait fait la course Arolla-Verbier lors de La Patrouille des Glacier en 2009.Image: KEYSTONE

Constantin rappelle que contractuellement, ses footballeurs ne peuvent pas pratiquer de sports dangereux. «Mais il y a la liberté des gens, aussi.» C'est toute la question: jusqu'à quel point un employeur peut-il empiéter sur la sphère privée et personnelle de l'employé? Après tout, un sportif peut arguer du fait que son patron n'a pas à interférer sur la façon qu'il a de mener sa vie quand il n'est pas au travail.

«Tout est une question de juste milieu, relève l'avocat valaisan Alexandre Zen-Ruffinen, conseil du FC Sion depuis 2006. Les interdictions ou les restrictions imposées par l'employeur se justifient à condition qu'elles soient objectives et proportionnées. On ne pourrait pas interdire à un joueur de foot de faire du billard, par exemple. Ce serait disproportionné étant donné l'absence de risque de blessure. C'est différent pour le ski, le parapente ou le wingsuit, autant d'activités à risques que le club a parfaitement le droit d'interdire à ses joueurs.»

L'avocat est conscient qu'il s'agit là d'une restriction de la liberté personnelle de l'employé. Mais il rappelle aussi cette vérité:

«Un club est en droit d'attendre que ses joueurs, qu'il paie souvent relativement cher, entretiennent leur corps de façon optimale et s'abstiennent donc d'activités qui peuvent impacter leurs prestations»

Certains vont très loin dans les privations: un grand club européen avait par le passé interdit à ses stars de consommer des boissons gazeuses à l'exception des quelques heures qui suivaient chaque match. Le staff médical estimait que ce type de produit ne participait pas à la bonne santé des footballeurs. Comme il s'agissait d'une institution dans laquelle les joueurs étaient chèrement rémunérés, personne n'y avait rien trouvé à redire.

Dans d'autres cas, ce sont les vedettes qui peuvent faire sauter les clauses. Bien qu'aucune écurie de Formule 1 n'encouragera jamais ses pilotes à risquer une blessure à la cheville ou au genou sur des terrains de football amateurs, le grand Michael Schumacher avait pu jouer dans le canton de Vaud après en avoir reçu l'autorisation par Ferrari.

De même, il est possible que Manuel Neuer, figure du Bayern depuis 11 ans, avait obtenu de son employeur la permission de pouvoir skier. Le club bavarois n'a d'ailleurs pas sanctionné son joueur. Il ne s'attendait sans doute pas à ce qu'un gardien aussi doué au pied trouve le moyen de se blesser à skis.

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