Paris l'avait engagé parce que c'était un brave gars, grand blagueur, pas le genre à bougonner dans sa parka ou à quitter un match avant la fin. Gros coeur, petit prix: au PSG, Eric-Maxim Choupo-Moting a accepté son statut de bouche-trou sans mégoter, en rendant de loyaux services et en commettant (aussi) de belles gaffes - le seul footballeur professionnel à avoir manqué le cadre à 5 centimètres des buts.
Le Bayern l'a engagé un peu pour les mêmes raisons, «au cas où», jusqu'à en oublier sa présence. «Nous jouerons sans avant-centre», avait annoncé l'entraîneur Julian Naggelsmann, cet été, après le départ de Robert Lewandowski au Barça. Comme si «Choupo» n'était pas là. Comme s'il faisait tapisserie.
Mais le collectif du Bayern tournait mal, il manquait une pièce au mécanisme et en cherchant bien, Naggelsmann s'est souvenu qu'il possédait un avant-centre. Perdu pour perdu, il a lancé Choupo-Moting en mode Jean-Claude Dusse: «Oublie que tu n'as aucune chance et fonce!»
Depuis, l'international camerounais a enquillé 10 buts en 9 matchs. Les deux derniers sont tombés en moins de deux minutes, ce samedi, sur la pelouse du Hertha Berlin (victoire du Bayern 2-3). «J’ai le sentiment qu'Eric se sent à l’aise dans l’équipe. C’est l’un de nos meilleurs joueurs en ce moment», a concédé Nagelsmann.
Selon Fabrizio Romano, le roi des bons tuyaux, la direction du Bayern s'est subitement souvenue elle aussi que «Choupo» arrivait en fin de contrat. Or Manchester United lui envoie des messages et en ferait son candidat privilégié pour succéder à Ronaldo. Le manager Erik Ten Hag a déjà «loué sa polyvalence et son expérience». Peut-il encore louer ses services?
Manchester, certes, l'engagerait en tant que doublure, mais qui sait ce qui peut arriver? La carrière de Choupo-Moting est une succession de râteaux et d'audaces, d'opportunités et de malentendus. Le Camerounais né à Hambourg aura attendu d'avoir 33 ans pour qu'on le regarde enfin - pour qu'on le reluque même, coquin de sport. (chd)