Elles sont des modèles pour des millions d'enfants et d'adolescents, elles supportent une très forte et constante pression, elles sont aussi grassement payées pour faire ce qu'on leur demande: jouer, avec courage. Et pourtant, les stars du foot se défilent parfois. Comme ce mercredi soir, au Parc des Princes.
Manchester City y a pris une sérieuse option pour la qualification en finale de la Ligue des champions. Dans la demi-finale aller, les Citizens sont allés battre le Paris Saint-Germain (PSG) 2-1. Le deuxième but mancunien est l'œuvre de Riyad Mahrez sur coup franc, à la 71e. Mais l'international algérien doit sa réussite au manque de courage des Parisiens: Leandro Paredes et Presnel Kimpembe, qui, en tentant d'éviter la balle se sont écartés et l'ont laissée passer entre eux. Le portier Keylor Navas, masqué, n'a rien pu faire.
Le 9 mars dernier, Sergio Oliveira envoie Porto en quarts de finale de la Ligue des champions. En prolongations du match retour des huitièmes, le milieu portugais inscrit sur un coup franc lointain le 3-2 décisif face à la Juventus. Le mur de la Vieille Dame a très mauvaise allure. Cristiano Ronaldo saute et se retourne, effrayé par le ballon. Un manque de courage qui coûtera l'élimination de son équipe.
«Imaginez, il y a un ballon qui arrive sur vous à 100 km/h alors que vous êtes à seulement neuf mètres de lui, c'est normal d'avoir peur!», pardonne Luca Ferro, entraîneur des gardiens de Neuchâtel Xamax. L'Italien s'est fait un nom dans le football suisse lorsqu'il défendait la cage «rouge et noir» grâce à son charisme et son courage. Cheveux longs, barbe brune et attitude de guerrier, le gaillard n'était pas du genre à se défiler devant les châtaignes (et les adversaires). Il aurait plu à Fabio Capello, ex-coach de la Juventus et de l'Angleterre, qui a fustigé l'attitude de Cristiano Ronaldo:
Comme son collègue xamaxien, Raphaël Nuzzolo est tolérant avec les footballeurs qui se retournent dans le mur. «C'est une réaction naturelle du cerveau pour se protéger, c'est difficile psychologiquement de forcer ton corps à ne pas le faire», concède l'emblématique attaquant des «rouge et noir», par ailleurs habile tireur de coups francs. Ferro et Nuzzolo l'assurent: Ils n'ont jamais mis une bordée à un coéquipier qui s'était défilé.
Dans les équipes pros, tout est en principe défini avant les matchs: quels joueurs seront dans le mur, quelles positions ils y occuperont et comment ils devront s'y comporter. «Le gardien, l'entraîneur des gardiens et l'entraîneur principal discutent pour trouver les meilleures solutions sur la formation des murs, notamment en fonction des préférences du portier» explique Luca Ferro. Raphaël Nuzzolo précise: «En principe, quatre joueurs sont définis d'office. Ce sont les plus grands de l’équipe. Et on leur dit de rester collés, face au ballon».
Les consignes sont donc claires. En plus, les joueurs censés former le mur ont leur mot à dire et peuvent toujours refuser d'y aller. «Je comprends la peur, mais je préfère qu’un joueur me dise franchement avant le match qu’il a peur, plutôt qu’il se retourne une fois qu'il est dans le mur» avertit Luca Ferro. Du coup, aucune excuse: quand on est dans le mur, on doit assumer! Reste maintenant à voir si Ronaldo, Paredes et Kimpembe auront le courage de prendre leurs responsabilités et d'y retourner.