C'est désormais officiel: la Suisse ne terminera pas dernière du «Tournoi des VI Nations B», et ce, alors qu'elle participait à l'événement pour la première fois de son histoire. Les hommes d'Olivier Nier ont pris ce week-end une encourageante septième place, après avoir battu l'Allemagne 20-17 chez elle à Heidelberg, dans le match de classement opposant les deux équipes les plus faibles de la compétition.
Ce n'est pas la première fois que les rugbymen suisses battent le voisin allemand. Ils avaient déjà réussi cette performance en 2020. Sauf qu'il s'agissait à l'époque d'une rencontre de «Trophy», le troisième échelon du rugby européen.
Ce nouveau succès à un niveau plus élevé revêt donc plus d'importance. Surtout qu'en plus de conduire à un «bilan positif», selon les termes du demi d'ouverture Jules Porcher, interrogé par watson, il permet à l'équipe de Suisse d'entrevoir le maintien, joué sur un cycle de deux saisons.
Seule une équipe sera reléguée à l'issue de la prochaine campagne. Compte tenu des résultats à mi-parcours, tout porte à croire que le XV de l'Edelweiss et celui de la Mannschaft batailleront l'an prochain l'un contre l'autre afin de ne pas descendre. Sauf qu'en cas de nouvelle confrontation entre les deux équipes, lors du match pour la 7e place en 2026, les Helvètes seraient dans l'obligation de gagner encore. Car une égalité en termes de position sur l'ensemble du cycle avantagerait les Allemands, qui disposent jusqu'à présent d'une bien meilleure différence de points générale.
L'équipe de Suisse devra donc sans doute faire un sans-faute face à son voisin, et a en ce sens été bien inspirée de l'emporter samedi à l'extérieur, dans une partie pourtant mal embarquée. Elle perdait en effet 14-3 à la mi-temps, avant de recoller à 14-10 au retour des vestiaires.
«On a mis plus d'envie en deuxième mi-temps en attaque comme en défense, et on a eu aussi le vent dans le dos», souffle Porcher, qui ajoute: «Je crois que ça nous a aidé», autant pour gagner du terrain avec son jeu au pied que pour pousser les «gros». Ces derniers ont composé un pack plus lourd et surtout dévastateur, notamment sur les essais dont le dernier, transformé par Simon Perrod, qui a permis à la Suisse d'égaliser à 17-17 à trois minutes du coup de sifflet final.
Mais c'est bien Jules Porcher d'un drop aux 30 mètres qui a donné la victoire à la Nati du rugby, alors que la sirène avait retenti depuis trois minutes déjà. Un geste sublime, qui rappelle un certain Jonny Wilkinson, même si le demi d'ouverture se refuse à la comparaison.
Si le numéro dix de l'équipe de Suisse est encore loin du niveau de l'ancien international anglais à la patte magique, il semble néanmoins adepte de son style. «J’ai vécu la même fin de match il y a trois semaines avec mon club (réd: l'AS Mâcon en quatrième division française), où j'ai mis le drop de la gagne. Mais le faire avec la Suisse, c'est un sentiment et une sensation encore plus énorme», précise Porcher.
Le héros du week-end, par ailleurs élu homme du match, tient toutefois à ne pas s'approprier cette victoire et botte directement vers le collectif pour expliquer cette fin de rencontre ennivrante. «Je crois que les dix dernières minutes reflètent l’état d’esprit du groupe. On y a toujours cru, on s’est envoyé jusqu’à la fin et ça a payé», dit-il, tout en soulignant le travail qu'il reste à accomplir, pour imiter un jour une autre équipe francophone en plein développement: la Belgique, cinquième de la compétition, et qui jouera à l'automne prochain un tournoi de repêchages pour tenter d'accéder à la Coupe du monde.