La Nidwaldienne Jasmin Mathis est passée par toutes les émotions à l'occasion des récents Mondiaux juniors de ski alpin. Il y a d'abord eu beaucoup de déception, lorsque Swiss-Ski a communiqué sa non-sélection. «J'étais vraiment dépitée, parce que c'était ma dernière chance de participer à un Championnat du monde juniors», explique la skieuse âgée de 20 ans.
Mais la déconvenue a très vite laissé place à de la joie. Sa coéquipière Janine Mächler lâchée par son corps, Mathis a été autorisée à rejoindre Tarvisio et a presque tout raflé lors des épreuves de vitesse. Deuxième en descente, elle a remporté deux jours plus tard le super-G.
Ces résultats s'expliquent-ils par une approche différente: moins de pression en raison de sa convocation de dernière minute, et l'envie surtout de profiter de l'instant présent, et du cadeau finalement reçu? «Non, je ne crois pas. J'étais simplement très heureuse de pouvoir participer», estime Jasmin Mathis.
Le fait que la skieuse de Buochs ait gagné sans être initialement conviée à l'événement n'est pas la seule curiosité ici. Eloignée des courses durant près de deux années, en raison de diverses blessures aux genoux, Mathis n'est revenue à la compétition qu'en janvier 2024. Or ce n'était qu'en géant, et il a fallu attendre décembre pour la voir à nouveau s'élancer en descente et super-G, les disciplines dans lesquelles elle vient de briller aux Championnats du monde juniors.
En revanche, le géant – l'épreuve dans laquelle Jasmin Mathis a le plus de repères depuis son retour – ne s'est pas très bien déroulé pour elle en Italie. La jeune femme, qui n'avait connu qu'une élimination en dix courses cet hiver, a flanché dès la première manche. Faut-il y voir un certain relâchement, suite à son titre glané quelques jours auparavant? «C'est difficile à dire, mais je crois que ce n'est pas lié à ça. J'ai tout fait pour skier vite et juste. Je me suis donnée à fond», assure Mathis.
Ce revers en géant ne vient toutefois pas gâcher sa semaine italienne. Jasmin Mathis savoure ses récentes performances tout en se remémorant ses multiples blessures: tibia, ligament croisé, ligament collatéral médial et ménisques. Son titre chez les juniors vient couronner sa remarquable abnégation. «J'ai toujours voulu continuer et revenir. Cela n'a pas toujours été simple, mais j'avais de bonnes personnes autour de moi et un énorme soutien», dit-elle.
A propos de soutien, a-t-elle reçu celui de Marco Odermatt, originaire du même village et quintuple champion du monde juniors? «Nous nous connaissons et nous nous parlons chaque fois que nous nous voyons», concède Jasmin Mathis, qui ajoute: «Il a vu mes parents et les a félicités pour mes bons résultats».
Prochain rendez-vous désormais pour la Nidwaldienne: les super-G de Coupe d'Europe à Kitzbühel ce week-end. «J'ai hâte d'y participer. Je n'y suis jamais allée», souligne Jasmin Mathis, qui abordera la Streif en qualité de championne du monde juniors de la discipline. Un statut qui ne lui permet toutefois pas de dissiper les craintes. «Cette pente sera très impressionnante», et ce, même si elle diffère de celle des hommes.