«T'es secoué dans tous les sens»: ils racontent le mur de Sölden
Pour ceux qui suivent la saison de ski alpin, le dernier week-end du mois d'octobre est gribouillé dans leur agenda. Et pour cause, le slalom géant de Sölden (féminin samedi et masculin dimanche) sonne le retour des meilleurs funambules du Cirque blanc.
Mais les premiers coups de carre donnés sur le glacier du Rettenbach ne sont pas les plus simples. Il faut dompter les caprices d'un parcours difficile: une première portion plate, puis cette rupture de pente brutale qui offre un long mur avant qu'un dernier plat ne termine le pensum - légèrement modifié par les organisateurs, cette année.
Pierre Bugnard, ancien membre de l'équipe nationale, qui a rangé ses skis en 2020 après cinq départs en Coupe du monde, était dans le portillon en Autriche, le 23 octobre 2016. Il explique:
Un changement de rythme dicté par cette forte déclivité - 68% au plus fort de la pente, selon les informations du site officiel - qui corse un peu plus le ballet entre chaque porte, où chaque entrée de virage est un défi physique et tactique.
«Tout le monde pense que c'est difficile, mais il n'y a rien de spécial», tranche à son tour Julien Vuignier, coach de l'équipe de Suisse. L'entraîneur de Loïc Meillard précise:
Une entrée de mur sur «trois portes»
Pour Luca Aerni, qui s'apprête à en découdre dimanche matin, l'entrée du mur est «moins intense» en comparaison d'autres pistes:
Le Valaisan préfère «skier une entrée de mur "saignante", où il faut s'engager avec la tête sur une seule porte avant de lâcher les skis».
Sölden demande une autre approche, une mécanique moins agressive qui se peut révéler ingrate, comme l'analyse Luca Aerni:
Skier rond et éviter d'être trop gourmand (trop direct) sur les lignes; faire preuve de sentiment et accepter les maladresses quand la pente est à son maximum. Surtout, «skier correctement les trois portes qui précèdent la portion plate. La course se décide là», assure le technicien, paré pour briller le dimanche 26 octobre.
L'importance du dossard et un revêtement qui secoue
Si le corps, la tête et les skis répondent favorablement, un autre aspect du tracé autrichien compte: le revêtement. C'est un glacier, la neige n'est pas béton, comme on dit dans le jargon. «Là-haut, ce n'est pas de la glace, pas en mode patinoire comme on peut le voir en slalom», renseigne Pierre Bugnard.
Pour Luca Aerni, c'est également un facteur à ne pas minimiser. Si le skieur des Barzettes s'élancera avec un bon dossard (aux alentours du 20), le parcours aura certainement bougé.
Pierre Bugnard se rappelle avoir bataillé lors de son unique manche sur le glacier autrichien: «Quand tu pars avec un gros numéro, ça tape tellement qu'il devient difficile de pouvoir inscrire le ski dans le rail qui s'est formé après les premiers coureurs».
Le Fribourgeois se remémore alors une petite anecdote, qui comprend un certain Marco Odermatt. «Il participait à sa deuxième course de Coupe du monde (réd: après un départ lors des finales de Saint-Moritz en mars 2016). Il avait un dossard aux alentours des 50 (réd: le 53) et il a réussi à se qualifier pour la deuxième manche (réd: en réalisant le 17e chrono). Moi, j'étais largué. C'était le seul à réussir cet exploit en partant au-delà du 40».
La météo de la deuxième manche
Un dossard qui a également son importance lors du second run. Rappelez-vous de la remontée spectaculaire l'an dernier d'un certain Lucas Pinheiro Braathen - de la 19e à la 4e place. L'une des raisons se niche dans un soleil qui joue à cache-cache: «Lors de la deuxième manche, le mur devient compliqué. Les dix derniers, si la météo est ensoleillée, sont dans l'ombre totale», renseigne Julien Vuignier.
Même dilemme lorsque la météo refuse de coopérer: «Il n'y a pas de contraste non plus et il devient difficile de skier à 100% la pente», conclut le coach valaisan.
Si Sölden n'est pas aussi beau qu'Adelboden et moins spectaculaire qu'Alta Badia, elle reste une piste exigeante, technique, qui prend place dans la catégorie des classiques de la Coupe du monde de ski alpin.
